Après ce qui est désormais devenu le «scandale de l'Aéroport» et les péripéties qui ont suivi cet épisode abracadabrant de l'histoire du... Club Africain, on semble se rendre compte de plus en plus dans les sphères populaires et non pas au niveau d'une certaine élite obnubilée par ce que «rapporte» le football, les langues commencent aussi à se délier : cette histoire de «professionnalisme» à la tunisienne et en présence de la faiblesse des instances dirigeantes de ce sport, cette discipline est appelée à vivre des jours de plus en plus sombres. C'est que le Club Africain, qui avait cru un certain moment qu'il allait vivre des années de rêve avec la fin de ses problèmes financiers, n'est pas le seul à entrer en chambre d'assistance respiratoire. Les deux clubs de Gabès sont dans un marasme terrible et les deux présidents menacent de jeter l'éponge en raison de l'absence totale de moyens et faute de subventions de la part des autorités ou des entreprises de la région. Ben Guerdane est au bout du rouleau avec un président qui sent que le navire prend eau et qui n'est plus en mesure d'avancer davantage d'argent au risque de se ruiner. Zarzis est dans le même cas et nous ne serions pas surpris par un jet de l'éponge qui clôturera la saison sur une crise majeure.L'Etoile est tributaire d'un président qui a, à plusieurs reprises, lancé des appels pour motiver les anciens donateurs du club et qui en fin de compte le laissent se débattre pour assurer le standing d'une équipe à titres et qui exige de plus en plus de moyens. Les clubs de la Ligue deux sont dans le même cas et nul ne sait de quoi sera fait le lendemain. Ne parlons pas des conditions des sections de jeunes, des arbitres et de bien d'autres éléments qui viennent directement ou indirectement chahuter la bonne marche de ce sport. Et nous sommes à près d'un mois et demi de la fin des compétitions. La FTF est-elle sensibilisée à ces problèmes majeurs qui risquent de couler, ou freiner, l'évolution pénible, incertaine, dramatique, d'un sport qui ne vit plus qu'au jour le jour ? Réunira-t-elle ses adhérents pour examiner le problème et prendre courageusement les décisions qui s'imposent ?C'est que la situation économique et financière que vit le pays impose une restriction des dépenses. Les clubs ne sauraient compter sur les subventions substantielles qui venaient soit des autorités de la région elles-mêmes tout près de leurs sous, soit des entreprises qui souffrent et qui ont bien d'autres préoccupations. La raison imposerait leur retour à l'amateurisme pour pratiquer le sport pour le sport ou de trouver les moyens de subvenir à leurs propres besoins et ne recourir que très partiellement à ces subventions qu'on leur promet mais qui sont difficiles à servir de par les conditions économiques qui sévissent. Et ce n'est pas facile de diriger un club professionnel dans ces conditions. La FTF devrait se pencher sur ces problèmes devenus lancinants et qui menacent bien des clubs de dislocation. Le football français à une certaine époque a vécu ce genre de situation. On s'en est sorti grâce au pragmatisme des équipes concernées : des associations sportives d'une même ville avaient consenti la fusion pour former un seul club pouvant bénéficier des subventions, d'une meilleure infrastructure et d'un encadrement approprié, pour être plus fort et garantir une meilleure représentation. D'autres pays ont opté pour un professionnalisme intégral aux seules équipes qualifiées en compétitions continentales. Les autres pouvaient engager l'effectif professionnel qui convenait à leurs moyens et ressources. D'autres encore sont restées tout simplement amateurs et continuent de disputer les différentes compétitions nationales de leurs pays. Comme il ne s'agit pas de modifier les règles du jeu régissant le football, il y a toujours le moyen d'adapter et de s'adapter pour éviter les dérives, ces dettes faramineuses et ces fardeaux que le sport national ne saurait tolérer. Gérer un sport n'est pas seulement la mise en place d'un calendrier et la désignation des arbitres. Il faut agir et s'empresser de prendre les décisions salvatrices à l'effet d'éviter les catastrophes qui attendent au bout de ce chemin qui ne mène nulle part. Nous pourrions toujours revenir sur certaines décisions le jour où l'économie tunisienne reviendra à un PIB plus conséquent, avec des entreprises économiques qui tournent à plein régime, une exportation florissante et des moyens pour entretenir les installations et assurer un bon encadrement. Dans l'état actuel des choses, nos clubs sont menacés. Leur prise en charge par des donateurs qui font tout à leur tête et ignorent ce que représentent les réalités sportives est une voie sans issue. Il faut agir. La FTF tout aussi bien que la tutelle sont responsables du devenir de cette discipline, parfaitement engagée sur une fausse piste, et leur rôle est bien de mettre un terme à cette navigation à vue qui ne mène nulle part.