Il faudrait être parfaitement convaincu qu'il n'y a aucun genre d'acharnement de notre part. Si nous revenons à la charge de temps à autre à propos de ce «professionnalisme» marron qui a cours chez nous, c'est parce que nous considérons qu'au vu de la situation économique de notre pays, des problèmes que vit notre société, que de par la structure de nos clubs et de par leur implantation géographique, de par l'esprit qui anime aussi bien les dirigeants que les supporters, il y a quelque chose qui ne va pas. Il y a plus qu'un marasme passager. Les difficultés s'amoncellent et les quelques attelles que l'on pose de temps à autre ne servent absolument à rien. Il faudrait prendre son courage à deux mains et poser la question franchement, crûment, avec tout ce qu'elle pourrait engendrer comme désillusion, cruauté et douleur :notre sport est-il sur la voie passante ? Ne sommes-nous pas en train de précipiter la débâcle au niveau de bien des disciplines sportives ( qui rapportent plus que le football sur le plan international) en détournant nos regards de ces laissés-pour-compte et en continuant à investir dans une mauvaise affaire. Certes, en voyant que nous obtenons quand même des résultats (l'Espérance joue une finale continentale, l'Equipe Nationale est qualifiée, les moins de 17 ans le sont également etc...) on pourrait rétorquer qu'il est injuste de dénigrer un sport qui s'en tire quand même. Parfaitement juste, mais il ne s'agit pas de dénigrement, car ce football, nous l'aimons pour tout ce qu'il nous a donné, pour ce qu'il représente dans les cœurs, par respect à ceux qui ont accepté de le servir, en dépit de tous les problèmes qui l'enfoncent de jour en jour. Nous souhaitons le voir mieux géré et surtout le raisonner pour qu'il cesse de vivre au-dessus de ses moyens et aux dépens des autres disciplines sportives dont l'importance affirmée, n'échappe à personne. Il est seulement légitime de se demander à quel prix nous sommes en train de consentir tous ces sacrifices et de dénaturer l'objet de ce qui n'est qu'une mission de portée nationale. - La compétition nationale est renvoyée parce que les terrains ne sont pas prêts. Allez chercher les responsables ou les irresponsables de cette honte, alors que la Tunisie était réputée pour son sens de l'organisation ! - Plus d'une quarantaine de rencontres des jeunes de la Ligue 2 «professionnelle» sont renvoyées pour absence d'infrastructures en mesure de les accueillir. En foi de quoi a-t-on préparé les calendriers? - Qu'il est question d'arrêter toutes les compétitions des jeunes. A croire que les jeunes ne servent à rien, puis qu'il sera toujours possible d'acheter de la ferraille étrangère ! - De nombreuses équipes de jeunes, à cause du découpage des poules a-t-on affirmé, n'ont plus les moyens financiers de se déplacer. Bien sûr, les seniors ont tout bouffé et il ne reste même plus des miettes sur la table. - Des informations peu rassurantes qui nous parviennent concernent le sport féminin. - Des clubs de la Ligue 1 ne tournent plus que grâce aux rallonges que leur sert le département des sports, rappelant l'adage «prêtez-moi de l'argent pour que je puisse jouer avec vous». - Que nous enregistrons tous les jours et avec stupeur, de nouvelles jérémiades en provenance de joueurs qui n'ont jamais pris connaissance de leurs devoirs. - Que nous continuons à recruter des joueurs étrangers qui n'apportent rien et que nous payons grassement en dépit des problèmes économiques que vit notre pays. Si nous considérons que ces situations (et bien d'autres) sont incompatibles avec le vrai professionnalisme, paisible, strictement appliqué et conforme aux droits et devoir de tout un chacun, n'est-il pas temps de revoir sa copie et de revenir à plus de réalisme ? Notre sport a lui aussi besoin d'une révolution pour que les esprits évoluent à la mesure de l'évolution que connaît ce secteur vital qui a depuis longtemps dépassé le stade des loisirs pour devenir quelque chose de sérieux qui ne souffre ni faiblesse ni ignorance.