Pour une fois, du moins, départements ministériels concernés et industriels du textile et habillement sinistrés se sont, ces jours-ci, trouvés au four et au moulin, dans la perspective où le partenariat public-privé doit se traduire dans les faits. A cheval entre Monastir et El Fejja (La Manouba), deux sites clés du marché, ils cherchent ensemble la voie et la manière de redonner vie à un secteur déjà à l'agonie. Son approvisionnement de proximité en intrants et accessoires, talon d'Achille d'une grande majorité d'entreprises exportatrices en Tunisie, fait encore débat. D'ailleurs, les discussions de concertation et d'échange se poursuivent de plain-pied, du 18 au 27 de ce mois, alternativement au Technopôle textile de Monastir et au Parc industriel (Neopark) d'El Fejja. L'ultime but étant de défricher le terrain et de mettre tout en œuvre pour ouvrir, bientôt, deux showrooms, où plus de 1.800 entreprises, avec quelque 175 mille emplois à leur actif, auront à tirer profit. Cela dit, fournisseurs nationaux et internationaux vont leur proposer ce dont elles ont besoin en matières premières et autres accessoires nécessaires à l'habillement. Le projet tuniso-suisse d'appui à la compétitivité de la chaîne de valeur du secteur textile et habillement « Com-Texha » lancé en 2014 est le fruit d'un partenariat multipartite (ministère de tutelle, Centre du commerce international, Cepex, Cettex, Apii, la Fipa, Fenatex et Conect), visant à booster l'exportation et conquérir de nouveaux marchés, tout en diversifiant l'offre des produits locaux. Dans ce cadre, relève M. Boujemâ Harbaoui, expert dans le domaine, quarante entreprises pilotes ont été sélectionnées selon des critères objectifs définis par l'ensemble des intervenants dans le secteur pour bénéficier de l'assistance technique requise et satisfaire, à terme, leurs besoins déjà identifiés. Un tel diagnostic a débouché sur une idée essentielle : « Mettre en place deux showrooms de sourcing en intrants et accessoires aussi bien à Monastir qu'à El Fejja ». Le projet avance, mais.. Jeudi dernier, « l'hôtel d'entreprises » à El Fejja a abrité une journée consacrée à l'étude de l'idée, perçue comme initiative salutaire encore en gestation. Mais qu'elle fasse, préalablement, l'objet d'un large consensus auprès des professionnels du secteur. Par conséquent, l'Etat devrait, lui aussi, suivre. Et là, une certaine réactivité passive a été, quand même, remarquée, sans pour autant dissuader les bonnes volontés. Bien que la présence ait aussi été timide pour diverses raisons, l'idée semble faire son chemin. Ce projet d'implantation de showrooms met en avant les besoins des quatre filières du secteur TH en Tunisie : « Denim et sport wear », « tissus techniques », «lingerie corsetterie» », ainsi que « maille et prêt-à-porter ». A vrai dire, une opportunité pour passer de simples activités sous-traitantes à la conception des produits finis à valeur ajoutée. « Au niveau tissage et filature, on est plus compétitifs par rapport aux pays asiatiques », déclare-t-il. Reste qu'on doit jouer sur la matière première pour continuer à survivre. «Faute de quoi, plusieurs unités de confection risquent de disparaître », prévient-il encore. Parce qu'il y a, d'après lui, une nouvelle tendance au prêt-à-porter, c'est ce que veulent les donneurs d'ordre d'aujourd'hui. Voilà à quoi s'attelle cette journée : « On essaie de mettre à disposition des sources d'approvisionnement de proximité en matières premières et accessoires, une sorte de bibliothèque textile dans laquelle les industriels pourront trouver l'information, échantillons et tout». Une vitrine de contact entre industriels et fournisseurs. Une fois créée, il n'y aura plus de raison de se déplacer à l'étranger, tout leur sera fourni sur place. Face à ce constat sans appel, les départements de l'Etat se sont dits prêts à agir dans le bon sens, afin de pallier les difficultés auxquelles est confronté le secteur, depuis bien des années. De leur part, les industriels présents à l'atelier se sont, eux aussi, montrés plus engagés à aller loin. Projections à l'appui, l'étude de faisabilité, faite à la lumière des exigences du marché, a donné feu vert. Le projet est qualifié de réalisable et encore viable. Ses coûts estimatifs, aux dires de M. Ramzi Zammali, directeur de coopération et de marketing au Mfcpole, s'élèvent à quelque 350 mille dinars, y compris les frais d'aménagement, d'équipements de communication et information, avec environ sept bases de données disponibles au profit de 400 fournisseurs nationaux et internationaux. La location par stand est de 180 dinars le mois.