Par Jalel Mestiri Il serait bon de rappeler à Maâloul qu'une équipe joue comme elle s'entraîne. On peut aussi ajouter : dites-nous comment elle vit, on vous dira comment elle joue... Il n'est pas bon de vivre dans le passé, mais le deuxième passage de Kasperczak à la tête de la sélection nationale a été d'un échec sans précédent. Sa présence n'a pas fait avancer les choses. Crise frustrante de résultats, mais aussi et surtout de jeu et d'identité. Le football est capable, des fois, d'inspirer les idées les plus surprenantes. L'on n'imaginait pas, l'on ne s'attendait pas au retour de Kasperczak après tant d'années. Dans le monde «merveilleux» d'un entraîneur qui a beaucoup perdu de son rayonnement et de son éclat, plus personne ne s'y retrouve. Car plus personne n'est convaincu des raisons de ses choix. Son impact est devenu négligeable et son rôle sonnait faux. Pas dans le ton, pas dans le match. Pas bien dans sa peau aussi. Et trop tourné vers lui-même. Il se fond dans le décor morose d'un groupe égaré, sans boussole et ne sachant plus où aller... Dans cette panade générale, il a tenté de surnager, mais il donnait de plus en plus l'impression de s'accrocher davantage avec l'énergie du désespoir qu'avec la clairvoyance et l'autorité que lui recommande sa fonction. Un bon entraîneur doit être irréprochable à tous les niveaux pour pouvoir s'imposer et avoir l'ascendant nécessaire sur les joueurs Qu'il y soit préparé ou pas, le nouveau sélectionneur, Nabil Maâloul, devrait savoir pour sa part que l'équipe qu'il s'apprête à prendre en charge inquiète toujours avec cette incroyable faculté à se prêter à tous les genres de défaillances. Collectives et individuelles. Des dérapages institutionnels qui, au fil du temps et après tant d'accumulations, dépassent en long et en large toutes les bornes. C'est dire à quel point sa nouvelle mission s'annonce difficile. Même s'il bénéficie aujourd'hui d'un contexte assez favorable, notamment par rapport à celui auquel faisait face Kasperczak, l'urgence réside actuellement dans la régularité et la persévérance. A force d'accumuler du ressentiment, à force d'accumuler des éléments négatifs, la sélection manque d'inspiration dans la construction du jeu. Les joueurs ont ajouté à ce triste tableau un déficit de détermination évident. Le tout sous les yeux du sélectionneur, mais aussi des responsables qui ne semblaient point maîtriser la situation... Il serait bon de rappeler à Maâloul qu'une équipe joue comme elle s'entraîne. On peut aussi ajouter : dites-nous comment elle vit, on vous dira comment elle joue. Et le moins que l'on puisse dire, c'est triste à mourir dans sa version actuelle. Et pas seulement sur le terrain. Où est le plaisir ? Il y a des entraîneurs dont le travail est fondé aussi bien sur l'établissement des relations humaines avec les joueurs et le staff que sur l'aspect technique du jeu. C'est une question de complémentarité et jamais d'exclusion. Maâloul est de ceux-là. Il a la réputation d'être proche de ses troupes, trop proche, selon certains. Au fait, il en impose par sa seule présence et son charisme. On garde encore en mémoire son passage en sélection en 2004 et ses messages comme pour dédramatiser l'instant. Des mots qui touchent au cœur lorsque c'est une légende qui les dit. Il y a des équipes qui n'ont pas seulement besoin d'entraîneur au profil de stratège, mais aussi ceux qui sont capables d'insuffler à leurs hommes une énergie débordante. Sur la durée, un sélectionneur qui galvanise peut des fois être mieux qu'un sélectionneur qui analyse... Reste que Maâloul ne doit pas oublier qu'il sera appelé à faire jouer un football que les gens aiment regarder et que les joueurs aiment pratiquer...