Par Samira DAMI Chaque 26 avril, l'Ompi (Organisation mondiale de la propriété intellectuelle), dont la Tunisie est pays membre depuis 1975, célèbre la Journée mondiale de la propriété intellectuelle. Cette célébration découle des enjeux de la création et de l'innovation qui créent de la valeur et des richesses, en contribuant par là au développement économique, social et culturel, au progrès scientifique et technologique et à l'amélioration de la qualité de la vie. En célébrant les forces créatrices et innovantes, cette journée leur rend hommage tout en sensibilisant les citoyens et toutes les parties concernées à l'importance de la créativité et de l'inventivité qui doivent être stimulées par le respect de la propriété intellecutelle et des droits d'auteur. La propriété intellectuelle, selon l'Ompi, désigne «les créations de l'esprit, à savoir les inventions, les œuvres littéraires et artistiques ainsi que les symboles, noms, images, dessins et modèles utilisés dans le commerce». Alors que le droit d'auteur «Protège les droits des créateurs, artistes, interprètes, producteurs, etc». Or, pratiquement, la plupart des créateurs tunisiens s'accordent à dire, non sans amertume, que leurs droits d'auteur, qui sont, certes, protégés par la législation et la Constitution de 2014, ne sont pratiquement pas respectés. Car, selon eux, très peu, parmi eux, perçoivent leurs dus des différentes entreprises qui exploitent leurs créations et productions tels les radios, les télés, les éditeurs de livres et de DVD, les commerçants de DVD, les hôtels, les restaurants, les festivals et autres manifestations culturelles. Ces créateurs déplorent ce laxisme ambiant ainsi que le fléau du piratage qui menace la création et l'innovation. Lesquelles, pourtant, favorisent l'investissement, l'emploi et le développement économique, social, culturel et technologique. Journée nationale de la propriété intellectuelle C'est pourquoi afin de sensibiliser, davantage, les citoyens et toutes les parties concernées par la création et sa diffusion, le 26 avril de chaque année a été institué par la primature et le ministère des Affaires culturelles, journée nationale de la propriété intellectuelle. Ainsi, cette journée a été doublement fêtée, sous nos cieux, aussi bien au plan national qu'international. A cette occasion, le 26 avril dernier, une cérémonie a été organisée par l'organisme tunisien des droits d'auteur et des droits voisins, en présence du ministre des Affaires culturelles, Mohamed Zinelabidine. Lors de cette célébration au siège de l'organisation, s'est tenu un colloque sur les droits d'auteur, outre la signature de conventions de partenariat et de coopération, notamment avec le centre des musiques arabes méditerranéennes, Ennajma Ezzahra et les Archives nationales. Enfin, trois créateurs ont été honorés en guise de reconnaissance à leur riche parcours et à leur contribution à la création et au progrès artistique et culturel. Il s'agit de Ahmed Zaouia, poète, Mohamed Ridha Belghith, auteur-compositeur, et Jamaleddine Khlif, producteur d'émissions radios et scénariste de plusieurs feuilletons et séries dont «Ennes H'kaya», «Ghalia», «Ebhath Maâna», «Ayem fi Hayati» et autres. Ailleurs, dans le gouvernorat de Ben Arous, à Boumhel, précisément, une manifestation de sensibilisation, au slogan évocateur «Protège-moi, c'est avec l'art que nous vivons tous», s'est tenue vendredi dernier. La manifestation a impliqué notamment les enfants ainsi que les jeunes à travers une exposition picturale, des sketches, des chants, un spot de sensibilisation aux droits d'auteur ainsi qu'un hommage à des créateurs et la remise de prix récompensant les participants. Mais ces programmes, bienvenus certes, sont-ils suffisants pour sensibiliser la majorité des citoyens, notamment les entreprises et établissements en relation avec le domaine des droits d'auteur ? Assurément non. Il est, pourtant, nécessaire de multiplier ces campagnes de sensibilisation, notamment dans les médias audiovisuels, afin d'ancrer graduellement dans les esprits «la culture du respect de la propriété intellectuelle». L'on sait que déjà, en 2014, un spot de sensibilisation a été lancé sur les réseaux sociaux par le ministère de la Culture, dirigé alors par Mourad Sakli qui a entamé, par là, une stratégie de protection de la propriété intellectuelle contre les nombreuses et nuisibles atteintes. Une stratégie qui se poursuit, visiblement, mais de manière timorée. Car, outre les réseaux sociaux, les médias audiovisuels sont à même de jouer également un rôle capital, tant leur impact est grand dans la sensibilisation de toutes les parties. Mais outre une sensibilisation tous azimuts aux droits d'auteur, il est impératif d'initier un système de contrôle et de sanction efficace, afin d'atteindre les objectifs fixés pour la protection réelle de la création, l'inventivité et l'innovation sous nos cieux.