Ses qualités athlétiques et techniques lui ont permis d'accaparer l'attention de plusieurs clubs en Tunisie ou ailleurs. Ameur Derbel parle de sa vie de footballeur avec des moments de déception et des moments de joie... «Au début des années 90, je faisais équipe avec Lotfi Sallemi, feu Lassaâd Ouertani et d'autres talents dans les catégories des jeunes. Le travail des techniciens aghlabides notamment avec des entraîneurs d'expérience dans la formation des jeunes comme Lotfi Bouabid ou Othman Chehaïbi m'a donné beaucoup de confiance pour réussir mon apparition avec les seniors plus tard. Nous étions lancés avec les seniors depuis notre début. Ma première titularisation officielle fut en 1998. Malgré la concurrence avec des chevronnés de l'équipe comme Okbi, Ben Romdhane, j'ai assuré pleinement mon rôle. Durant ces trois années, j'ai fourni une bonne prestation et j'étais convoqué en équipe nationale olympique.» «Le professionnalisme : que d'enseignements !» «J'étais convoité par plusieurs équipes en Tunisie. J'ai préféré rejoindre l'EST pour des raisons logiques. L'équipe joue dans différentes échéances et les opportunités de briller à l'échelle internationale étaient possibles. J'ai côtoyé des joueurs d'expérience comme Chokri El Ouaer, Radhi Jaïdi, Khaled Badra, Skander Souayeh, Ali Zitouni et d'autres. Malgré la concurrence avec les Azaiez, Guizani, Badra et Jaïdi, j'ai pris part à plusieurs rencontres en championnat ou en Ligue des champions. J'ai eu la chance de remporter avec l'équipe de Bab Souika trois championnats, une coupe de Tunisie, une Supercoupe et j'ai participé à la demi-finale de la Ligue des champions deux fois sans réussir cependant la qualification en finale.» «Les promesses ont ruiné ma carrière» Comme les jeunes talents de son époque, Derbel espérait améliorer sa situation financière, mais son expérience a été arrêtée malgré la motivation, la forme et l'efficacité dont il faisait preuve. Une déception qui persiste jusqu'à aujourd'hui : «J'étais ambitieux et le nombre réduit de titularisations avec l'EST ne me satisfaisait pas. J'ai choisi de changer de club. Ma direction était l'EOGK, croyant aux promesses surtout d'ordre financier. Mais ce fut une déception. Certains dirigeants proches du régime politique de l'époque n'ont pas tenu leurs engagements financiers envers les joueurs. J'ai préféré partir et j'étais engagé avec une équipe libyenne avant de reprendre avec la JSK pendant la saison 2005/2006 comme signe de reconnaissance à mon club d'origine». «Des ambitions, encore et toujours...» «Ma carrière européenne en Ukraine puis en Norvège a été stoppée pour des raisons familiales. J'ai choisi la retraite à l'âge de 30 ans et de m'orienter vers le coaching. J'ai dirigé des clubs divisionnaires comme l'AS Hammamet, Ettadhamen Sport, l'US Siliana, Makthar et Slimène. J'ai occupé le rôle d'entraîneur adjoint avec Mourad Okbi en 2014/2015 au SG. Ces expériences m'ont permis de travailler avec des clubs dans le Golfe. J'espère avoir ma chance un jour pour entraîner une grande équipe, réaliser mes ambitions et concrétiser mes idées notamment au niveau de la formation des jeunes talents», avoue Ameur Derbel. Championnat tunisien : le chaos ! En évoquant le championnat tunisien, Derbel ne cache pas sa désapprobation relative à la qualité du jeu et la médiocrité de la situation : «Je déplore l'état désolant des terrains et les conditions médiocres de travail. A ceci s'ajoute l'excès de violence. C'est une dégradation totale des valeurs du sport. On ne voit pas réellement de progrès, les stades sont devenus des arènes de barbarie et de vandalisme. Chaque époque a son propre contexte et avec le soi-disant professionnalisme, il faut s'attendre à tout. Je ne vois pas de conformité avec les valeurs nobles du sport. Nous avons besoin de beaucoup d'audace et de courage pour changer la situation.»