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Younès Selmi (ancien président de la Direction nationale d'arbitrage) : «Les masques vont tomber !» Dossier : Arbitre tunisien ou étranger pour la finale du championnat EST-ESS ?
Younès Selmi ne mâche pas ses mots. Son analyse est sans concession. «Nous avons atteint un degré de médiocrité jamais égalé. L'arbitrage est malmené, marginalisé. Pourquoi alors recourir à un arbitre étranger qui cacherait notre misère ?», se demande-t-il. «Il y a eu des pratiques qui ont fini par introduire nos arbitres dans des querelles dont ils se passeraient bien. Le résultat est là: tout le monde, tous les clubs appellent à leur désigner tel arbitre ou tel autre. A contrario, ils récusent tel referee ou tel autre. C'est la confusion, la foire d'empoigne, et l'on n'y comprend plus rien. On finit donc par sacrifier tel arbitre récusé pour jeter dans la gueule du loup un jeune referee sans grosse expérience. Aujourd'hui, au play-out, malgré leur expérience et leur compétence, les arbitres internationaux sont les moins sollicités, et c'est étrange. Le président de la fédération et l'ensemble du Bureau exécutif tiennent bon: ils soutiennent la désignation d'un arbitre tunisien à chaque grosse affiche. De mon temps, lorsque j'étais à la présidence de la Direction nationale d'arbitrage (ex-Commission fédérale d'arbitrage), j'ai sollicité une fois mon homologue marocain afin de procéder à un échange d'arbitres. Une pratique qui était de rigueur dans les années 1970-80 dans le cadre de la coopération entre les fédérations maghrébines. Eh bien, savez-vous ce qu'il m'a répondu ? «Moi, j'ai fermé depuis belle lurette la porte devant les arbitres étrangers. Si vous voulez recourir à un arbitre marocain, j'en mettrai un à votre disposition. Mais ne m'obligez pas pour autant à enfreindre à la règle du non-recours aux arbitres étrangers quels qu'ils soient», m'a-t-il répondu. En fait, que peut bien représenter cette rencontre aux yeux de la société civile ? Surtout que tout a été falsifié, tout a été volé. Le classement actuel est le reflet d'une succession d'erreurs recherchées, intentionnelles, et non comme on le prétend de bonne foi. Pourtant, nous disposons d'arbitres d'un grand niveau et capables d'arbitrer n'importe quel match, aussi difficile soit-il. La commission d'appel a dormi du sommeil du juste avant de livrer son verdict dans l'affaire du match CSS-EST: résultat acquis sur le terrain. Ce que je sais, c'est que la décision a été changée au tout dernier moment. Pourquoi entretenir un faux suspense s'il en est ainsi ? Voilà pourquoi je considère que le championnat est dévalué. Nous avons atteint un degré de médiocrité jamais égalé. L'arbitrage est à ce point malmené, marginalisé et déconsidéré que cela fait deux ans que les sifflets ne sont pas payés. Pourquoi alors recourir à un referee étranger qui va cacher la misère de notre football ? Les gens parlent de sommet de la saison. Personnellement, je parlerai d'une rencontre médiocre pour une organisation médiocre et des joueurs médiocres. Pourquoi chauffez-vous l'ambiance alors que tout est trafiqué ? « Un arbitre de 19 ans, un motif de fierté ? » « L'ESS, qui était hors des rangs, a fini par y rentrer, revenant dans les grâces fédérales. L'EST reste sur ses gardes car elle sait qu'à tout moment, on peut lui jouer un vilain tour. Le CA, on l'a «cassé» parce qu'on veut régler des comptes à son président. C'est du cinéma. C'est comme si le classico Real-Barcelone va se jouer. Jeudi prochain, vous allez voir les coups bas, les débordements, le mauvais exemple, la haine entre les deux galeries... Les masques vont tomber. Voilà où nous en sommes: des arbitres qu'on a suffisamment asservis à des fins précises avant de les jeter comme une écorce. Alors, laissons l'arbitre tunisien aller jusqu'au bout de cette logique. Le plus drôle, c'est qu'on s'enorgueillit de la désignation d'un arbitre d'à peine 19 ans pour un match du championnat majeur. On veut en tirer une fierté. Dans quel pays au monde désigne-t-on un arbitre de 19 ans (Mohamed Ksiaâ, Ndlr) pour un match du championnat ? Après, on s'étonne que la Confédération africaine ne recoure plus à nos sifflets dans les tours les plus importants des coupes africaines. Bref, il faut dépassionner le débat. Notre football est fait de simulation. Tombez dans la surface, et on vous sifflera un penalty ! C'est malheureux».