Par Kamel Ghattas Ce qui se passe actuellement entre la Fédération tunisienne de handball et le département de tutelle nous rappelle une scène vécue dans une librairie il y a quelques années : très tôt le matin, un gamin qui fait irruption et qui demande au libraire de lui «donner un livre pour deux cents millimes ». Le libraire sourit, demande à l'enfant dans quelle classe il était, et s'empare d'un conte qu'il tend à son « client». - Voilà, je te donne ce bouquin que tu me promets de lire - C'est promis, dit le gamin en tendant ses deux pièces au libraire qui lui dit de les garder. - Tu es mon premier client et je t'offre ce conte. L'enfant sourit, se confond en remerciements et s'en va tout heureux. Le livre coûtait plus de trois dinars et par les temps qui courent ce genre de cadeau se fait rare. - Il n'a visiblement pas plus que ses deux cents millimes et il ne fallait pas le priver du plaisir de lire. Mais ce qui me désole, c'est que la culture est le dernier souci de bien des familles. Je connais son père. Il fait des travaux par-ci par-là, mais cela ne l'empêche pas de fumer deux paquets de cigarettes par jour. Il n'offre que deux cents millimes à son fils pour quelque chose d'aussi important. Il viendra un temps où on viendra acheter un livre, au détail, par ensemble de pages par souci d'économie. Depuis sa dernière débâcle, l'équipe nationale de handball est à la recherche d'un entraîneur. Peu importe qui en fin de compte la prendra en charge, puisque les noms qui sont avancés présentent des profils très intéressants. Mais le choix final attend l'assentiment du ministère pour être concrétisé. L'engagement d'un technicien de haut niveau exige l'accord de celui qui, en fin de compte, aura à payer. Et c'est donc le ministère qui doit donner le feu vert. Dans le cas contraire, on se rabattra sur un technicien «meilleur marché». Et c'est pour cette raison que nous nous sommes souvenus de l'histoire du gamin, qui voulait une histoire à portée de sa Bourse et non pas quelque chose dont il pourra tirer profit. Les jours et les semaines s'écoulent sans qu'il y ait de réponse de la part de la tutelle, alors que le handball est le seul sport collectif capable de jouer dans la cour des grandes nations. Sans pour autant mettre en doute la valeur des techniciens tunisiens, ceux particulièrement qui ont la tête bien sur les épaules et qui font le bonheur de bien des équipes de renom à l'étranger, l'équipe nationale tunisienne a absolument besoin d'un entraîneur d'un niveau plus que supérieur. Il est temps pour cette sélection de revenir au premier plan et de reprendre la place qu'elle avait conquise de haute lutte en 2005. On parle justement de l'entraîneur espagnol qui avait remporté la coupe du monde en Tunisie et qui a rompu avec la sélection de Pologne dont il était responsable. Il coûtera sans doute plus cher qu'un autre de faire appel à lui, mais le jeu en vaut la chandelle, car la sélection tunisienne a besoin d'un technicien capable de la tirer résolument vers le haut grâce à sa grande expérience du très haut niveau. Le temps passe vite et les grandes échéances se rapprochent à grande vitesse. La décision devrait intervenir sans plus tarder et le ministère (qui est certes confronté à des impératifs budgétaires) est appelé (par ces temps difficiles) à délier les cordons de la bourse, car l'arrivée d'un technicien de très haut niveau sera d'un profit certain pour tout le handball tunisien, qui a plus que jamais besoin de cette motivation pour se relancer et reprendre la place qui est la sienne...