L'Ugtt appelle à créer une commission d'investigation parlementaire sur le secteur des hydrocarbures, en remplacement de la commission formée par le gouvernement Le séminaire de l'Union générale tunisienne du travail (Ugtt), sur "le rôle des syndicats dans le maintien des ressources naturelles et du secteur des hydrocarbures", organisé du 18 au 20 mai à Hammamet, a constitué une occasion pour l'Union de clarifier sa position sur la question de l'exploitation des hydrocarbures. Bien que ce séminaire ait consisté seulement à présenter l'état des lieux du secteur, il a montré la volonté de l'Ugtt d'être impliquée davantage dans les questions économiques stratégiques pour le pays et aussi la situation des entreprises publiques, surtout après les protestations sociales à Tataouine. Une position que traduisent les déclarations de Anouar Ben Gaddour, secrétaire général adjoint chargé des institutions. "Nous avons eu recours aux vrais experts pour clore le débat sur cette question. Il s'agit de notre responsabilité. Nous voulons préserver le budget de l'Etat et les finances publiques impactés par la baisse de la production dans le secteur des hydrocarbures, se répercutant ainsi sur les salaires des travailleurs. Notre objectif est également de préserver les emplois et aussi de garantir la transparence des contrats", lance-t-il. Investigation M. Ben Gaddour a, ainsi, affirmé que la transparence doit être consacrée davantage par une volonté de réforme de la part du gouvernement. Il a indiqué que l'Ugtt appelle à former une commission d'investigation parlementaire sur le secteur des hydrocarbures, en remplacement de la commission formée par le gouvernement. Une commission qui serait composée, selon lui, par des membres de l'Assemblée des représentants du peuple et de vrais experts pour qu'il y ait un compte à rendre et pour couper court avec les dénonciations et le manque de confiance. La question des compteurs au niveau des puits pétroliers et gaziers a suscité un débat au sein des syndicalistes. Le responsable de l'Ugtt précise que la commission ne sera efficace qu'en effectuant des visites de terrain, accompagnée des médias, pour expliquer à l'opinion publique les vrais chiffres et opérer en toute transparence. Concernant le gaz de schiste, M. Ben Gaddour souligne que cette question, qui a provoqué un débat, doit être tranchée. Il indique que cette ressource est présente à Kairouan, Sousse et au sud dans le champ de Ghedames, signalant qu'il faut éviter à tout prix l'exploration dans les deux premières régions parce qu'elles sont des zones agricoles. Pour le champ de Ghedames, il est partagé entre la Tunisie, l'Algérie et la Libye. Les Algériens ont déjà commencé l'exploration des puits. Donc l'impact environnemetal sera réalisé, selon le responsable, puisqu'il s'agit de la même nappe partagée entre les deux pays. "Nous voulons une explication de la part du gouvernement. Il faut trancher cette question surtout, que l'Algérie a déjà commencé et que l'impact environnemental se fait déjà sentir. Il faut y penser en termes de potentiel d'investissement et de création d'emplois", indique-t-il. Préserver le secteur public D'un autre côté, M. Ben Gaddour affirme que la préservation des entreprises publiques est l'une des priorités de l'Ugtt, en tant que symbole de la souveraineté de l'Etat. "Pourquoi personne ne parle d'Al Fouladh qui va fermer et on veut la céder à un partenaire stratégique ou de la Stip qui a fermé? On parle aussi de la privatisation de Tunisair. L'Ugtt ne peut pas rester les bras croisés sur ces questions. Il faut penser à la Stir avec un plan d'élargissement de sa capacité de production pour qu'elle soit plus rentable. Il n'y a pas une volonté réelle pour réformer les entreprises publiques. Cette réforme ne peut se faire qu'à travers des plans de restructuration qui doivent être appliqués en toute urgence et ne pas attendre l'écroulement de ces entreprises", précise-t-il. Concernant les banques publiques, M. Ben Gaddour indique que l'Ugtt est contre la privatisation et elle est pour des banques qui sont à 100% publiques, expliquant que ce sont ces banques qui financent l'économie tunisienne et participent aux projets. Il évoque le cas de Tunisian Foreign Bank (TFB) qui court le risque d'être privatisé, mentionnant un intérêt des Qataris et des Emiratis. Il ajoute qu'il s'agit de la seule banque d'investissement qui a un agrément pour opérer à l'étranger.