Un constat amer s'est dégagé de la réunion de la commission administrative de l'Ugtt, tenue, hier, à Tunis : certains participants aux commissions préparatoires du dialogue économique n'apportent aucune proposition concrète. Seuls l'Ugtt, l'Utica et le gouvernement s'activent à trouver des solutions. Quant aux partis politiques, leur participation est trop pâle, ils ne viennent que pour prendre des documents et s'informer de l'état économique du pays *Houcine Abbassi, secrétaire général de l'Ugtt, a, de prime abord, rappelé que le dialogue économique est désormais nécessaire, pour faire sortir le pays de la crise économique qu'il traverse. Rappelant que la centrale syndicale prend part au dialogue et apporte sa contribution pour l'intérêt du pays, le SG a souligné que les experts de la centrale prennent part à l'ensemble des commissions du dialogue économique. Des experts qui ont présenté, hier, le rapport de leur participation, désormais, à huis clos. Cela étant, le SG a indiqué que les rapports seront suivis de débats intéressants, où les membres de la commission administrative se prononceront sur les principales orientations du dialogue économique, sur le rôle de l'Ugtt dans ce dialogue depuis son lancement, sur ses interventions pour réduire les commissions et les thématiques abordées, en vue d'une meilleure efficacité. Les membres se prononceront, également, sur l'utilité du dialogue, alors que le pays organisera des élections vers la fin de l'année en cours. Force est de reconnaître que les experts et représentants de l'Ugtt participent activement aux réunions des commissions préparatoires du congrès économique. D'ailleurs, le SG de l'Ugtt a, encore une fois, réitéré son attachement à trouver une issue à la crise économique, tout en exprimant l'attachement de la centrale aux conditions qu'elle a proposées pour participer à ce congrès, notamment l'inscription à l'ordre du jour des questions relatives aux dossiers fiscaux et à l'évasion fiscale dans une commission spécialisée ainsi que le refus de l'augmentation des prix des produits alimentaires et du carburant et la privatisation des institutions publiques. Des divergences de points de vue A ce titre, Anouer Ben Gaddour, S.G. adjoint, responsable des recherches et de l'archivage au sein de l'Ugtt et coordinateur des experts de la centrale participant aux commissions préparatoires du dialogue économique, a précisé que s'il est vrai que certaines difficultés ont été dépassées, d'autres problématiques et points de discorde avec le gouvernement persistent encore. Aussi, le SG adjoint chargé des recherches et de l'archivage a expliqué que les commissions préparatoires relatives à l'emploi, à l'investissement, au commerce parallèle et à la contrebande, se sont bien déroulées. Par contre, pour ce qui est des divergences, notamment en matière de subvention des carburants, de la loi de finances, de la fiscalité l'Ugtt appelle à une équité, surtout fiscale, à travers sa proposition de faire passer certains secteurs d'activités, du régime forfaitaire au régime réel. Il n'est pas admissible aujourd'hui, affirme Anouer Ben Gaddour, que seuls les salariés s'acquittent des impôts. La Tunisie a besoin, aujourd'hui, plus que jamais, que tous les citoyens assujettis à l'impôt s'en acquittent. Tous devraient mettre la main à la pâte, pour que le pays puisse dépasser la crise économique qu'il connaît, et renflouer les caisses de l'Etat. Le responsable des recherches et de l'archivage a, dans le même contexte, déclaré que sur les 7.500 avocats exerçant la profession, seuls 4.000 s'acquittent de leurs impôts. Les autres ne font pas de déclarations, sachant qu'ils sont soumis au régime forfaitaire. Il en est de même pour les médecins. Certes, le gouvernement a du mal à mettre en place la réforme fiscale, désormais complexe. Cela dit, l'Ugtt a proposé des solutions simples et immédiates, pour résoudre le problème et impliquer tous les Tunisiens. Ils ‘agit, explique Anouer Ben Gaddour, de soumettre les médecins de libre pratique à l'imposition appliquée aux médecins de la Santé publique, et les avocats à celle des magistrats. Des propositions qui n'ont pas encore trouvé de répondant pour le moment. Concernant les subventions, et notamment la compensation des carburants, l'Ugtt a proposé de revoir tout le système en partant de la corrélation entre la Sndp, la Steg, l'Etap... Car il s'est avéré que la compensation est dédiée plus aux sociétés qu'aux prix des carburant. En matière de produits de base subventionnés, la proposition de la centrale patronale a également porté sur une réforme du système en partant par le haut. En d'autres termes, engager un audit au sein de l'Office du commerce pour mieux comprendre le système et le réformer et introduire, sous forme de timbre fiscal, une taxe de deux dinars aux non-résidents qui profitent des produits subventionnés En matière d'investissement, l'idée est de convaincre et d'inciter environ 150 grands groupes tunisiens à investir à raison de deux projets par gouvernorat. Car, rappelle Anouer Ben Gaddour, pour les cinq prochaines années, il n'y aura pas d'emploi, à l'exception du secteur agricole, d'où la charge du gouvernement de moderniser et développer le secteur, afin d'absorber le maximum de demandeurs d'emploi. Autres propositions présentées par l'Ugtt : l'impératif que l'Assemblée nationale constituante se décide sur l'octroi de permis d'exploration et d'exploitation de l'énergie (pétrole et gaz). Il n'est pas admis, a souligné Anouer Ben Gaddour qu'en dépit de la crise économique, et d'une production pétrolière en baisse, l'ANC bloque les investisseurs. Il a, par ailleurs, recommandé de démarrer l'exploration du gaz de schiste, rappelant que nos voisins algériens ont d'ores et déjà commencé leur exploration dans le sud. On évitera, a-t-il précisé, les régions de Sfax, Sousse et Gabès mais on pourra bien explorer dans le sud tunisien, là où il n'y a pas d'habitants ».