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François Cambuzat (Musicien) : Démons et ordinateurs
Entretien Du lundi
Publié dans La Presse de Tunisie le 29 - 05 - 2017

Faire fusionner la musique du Djerid (précisément la Banga de Sidi Marzoug à Tozeur) avec les guitares électriques est le projet fou de François Cambuzet. Un projet soutenu par l'IFT qui débouche sur un album et qui propulse le groupe «Ifriqiya électrique» composé de Tarek Sultan, Yahia Chouchène, Youssef Ghezala, Gianna Greco et François Cambuzat vers les plus grands festivals de musique au monde. Une musique très originale où les démons de la transe du Djerid communiquent avec les ordinateurs et les guitares électriques pour nous faire voyager dans ce rituel d'exorcisme et de possession.
Le concept Ifriqiya électrique ?
Ce concept est né du désir de voir de plus près comment les gens de la Banga, un groupe musical, faisaient du bien aux autres. Ce qui nous intéressait au début, c'était plutôt la raison sociale de cette formation musicale et comment cette troupe faisait du bien à la communauté en lui prodiguant même des soins via leur musique pour exorciser les forces du mal par exemple. Mais la Banga n'a pas seulement ce rôle thérapeutique qui nous intéressait, elle a, aussi, un rôle social d'une grande importance dans le Djerid et c'est un fait très rare dans le monde de la musique. Après cela, on s'est intéressé à tout ce qui est technique : les rythmes, les mélodies, les textes, etc. D'abord, on a rencontré le groupe ensuite, Gianna Greco et moi sommes allés vivre avec eux pendant des mois pour mieux comprendre cette musique aussi bien sur le plan spirituel que technique. On a ensuite effectué des enregistrements sur le terrain et avec Youssef, Tarek et Yahia, les membres du groupe, nous avons effectué des multitracking comme dans un studio pour pouvoir faire parler l'ordinateur avec la Banga. Puis, c'était un travail très long pour mettre les points d'ancrage pour que tous les rythmes et toutes les mélodies soient respectés et d'ajouter des arrangements avec l'ordinateur, la guitare électrique et la basse électrique.
L'objectif dans tout cela ?
Tout simplement, montrer que la Banga est une musique extrêmement moderne, c'est aussi une musique faite avec le cœur et c'est quelque chose qu'on a oublié en Europe. Avec la Banga, il y a également une implication sociale et c'est ce qui nous intéresse. La manière dont la Banga travaille socialement avec la communauté du Djerid est extraordinaire, on fait appel à ce groupe quand une personne est malade par exemple... La Banga, c'est donc une musique thérapeutique et sociale basée sur la «tabla» le chant et la «chekcheka» où il y a une appartenance très forte à une communauté. C'est aussi une musique très proche des anciennes musiques africaines comme le Stambali même s'il n'y a pas l'utilisation du Gombri. L'objectif est aussi de faire traverser les frontières à toute cette musique. Heureusement que la musique ne s'arrête à aucune frontière.
A quand remonte l'idée de ce projet ?
Cela remonte à longtemps. Un jour, on était en Mongolie et il y avait un musicien mongol qui nous parlait du chamanisme en Chine. On a donc fait ce voyage en Chine pour voir comment les autres entrent en transe en quelque sorte. On a fait la même chose au Djerid. Mais avec l'ifriqya électrique, cela a pris une autre ampleur, c'est devenu un succès.
Cette expérience a débouché sur un album qui porte le nom de «Rûwâhîne...»
A la base, il n'était pas prévu que le groupe ait autant de succès en fait. Ce qui s'est passé, c'est qu'on a commencé à mettre des extraits de notre musique sur le Net et tout de suite, il y a eu des propositions des plus grands festivals européens de musique comme le Ffm cinèche au Portugal, le Womad à Londres, le Festival Roskilde au Danemark l'un des plus vieux festivals de Rock européen et qui s'est ouvert aux musiques du monde dernièrement... pour ne citer que ceux-là. Et puis, l'une des plus grandes maisons de disques des musiques du monde nous appelle et nous dit qu'ils veulent sortir l'album. Avec Gianna on s'est juré de ne plus faire de disque parce que c'est très contraignant mais celui-ci on l'a fait justement pour soutenir la Banga. L'album porte le titre de «Ruhein» et il comporte 18 chansons. Ce sont des chansons enregistrées dans l'ordre chronologique du rituel de la Banga qui est le suivant : l'appel à la population, l'appel aux esprits et la possession puis la transe . L'idée était d'être le plus proche possible du rituel de cette musique avant d'y ajouter les guitares électriques.
Dans le film documentaire que vous avez réalisé et qui parle de ce groupe, on voit que vous êtes allés loin dans l'esprit de cette musique du sud tunisien...
Je n'appelle pas cela documentaire mais une «Longue poésie»; nous ne sommes pas des ethnologues même si on est parti du travail d'Abdelhamid Larguech ou d'Amel Fergui pour comprendre cet univers. Nous ne voulons pas y aller, en touristes, on déteste ça ! Il fallait vivre avec ces gens et pas aller prendre quelques images de ces gens-là en transe et rentrer ensuite... C'est très odieux de faire cela ! C'est irrespectueux ! Nous avons fait des recherches pendant un an et demi avant d'aller vivre à Tozeur. Nous avons étudié le livre de Jankowsky, le chercheur américain, qui a passé plus de quinze ans sur le Stambali de Tunis, qui est une musique cousine.
Votre avis sur la musique fusion ?
D'habitude, je déteste cela ! Ce que je déteste dans la «world music» (pas dans la musique ethno), c'est que très souvent c'est une carte postale pour les touristes... Les chameaux, le couscous, etc. mais en fait ce n'est pas ça la vie ! Et c'est pour cela qu'on a filmé l'extrême rudesse de la vie de ces gens dans le sud. Ce film qui défile derrière nous pendant le concert ! J'ai horreur de la carte postale que produit la «world music», ce n'est pas respectueux vis-à-vis de certains peuples. Ce qui est important dans ce projet, ce n'est pas la guitare électrique et la basse, c'est la Banga! Je les remercie d'être le vecteur de quelque chose de très profond. Ce sont eux les héros. Nous, nous avons eu la chance de naître avec un passeport européen qui nous permet de faire ce genre de projet...
Peut-être un passage aux JMC en Tunisie, ça vous dit?
Je connais, mais personnellement j'évite tout ça ! Nous n'avons pas cherché le succès à travers ce genre de foire...


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