En compagnie de quelques individus et d'un huissier-notaire, une personne se déplace dans les cafés et les restaurants ouverts pendant la journée pour leur demander de fermer ou pour faire le constat de l'ouverture « illégale » des lieux Que les cafés et les restaurants ouvrent ou ferment au mois du jeûne, cela ne change rien, ni pour les jeûneurs ni pour les non-jeûneurs. A condition de respecter la discrétion. C'est ce que ne semble pas avoir compris un président d'un soi-disant parti politique qui ne se manifeste que pour créer des troubles à l'ordre public. Depuis hier, celui-ci a entamé une campagne de harcèlement contre ces établissements qui rappelle aux Tunisiens les affres et les mauvais souvenirs des deux premières années de la révolution, lorsque des fanatiques en furie, étrangers à la société tunisienne, ont tenté de diviser les citoyens entre musulmans et mécréants. En compagnie de quelques personnes et d'un huissier-notaire, ce dangereux personnage se déplace donc dans les cafés et les restaurants ouverts pendant la journée pour leur demander de fermer ou pour constater l'ouverture « illégale » des lieux. A croire qu'il a été mandaté par l'Etat pour représenter sa police « charaïque». Mais il se trouve que ce petit pays dispose d'une constitution qui garantit le respect des libertés individuelles et surtout la liberté de conscience, et toute loi, décret ou circulaire s'opposant à ce droit ne peut en aucun cas être invoqué. Sur la Toile, les internautes sont indignés par ce qu'ils voient : une vidéo filmant l'intervention de la police « charaïque » y est postée. Ils s'indignent de voir ce genre d'individus agir de la sorte et harceler d'autres personnes au vu et au su de tout le monde sans être inquiétés. En fait, ces fanatiques agissent en vertu d'une circulaire datant des années 1980, dont on ne connaît pas vraiment les détails. Dans un article paru en 2013 sur Naawat, Sami Ben Abderrahmen, juge au Tribunal administratif, indique qu'il n'existe aucune loi en Tunisie qui interdit l'ouverture des cafés et restaurants pendant la journée durant Ramadan. A l'époque du gouvernement de la Troïka, on a pourtant connu en Tunisie des descentes de police pour faire « respecter » une loi qui n'existe pas. C'est donc l'Etat qui continue à maintenir le flou et l'incompréhension . Il est important, pour un Etat fort, d'assumer clairement son orientation. Pour couper court à ces pratiques policières et à cette traque injustifiée et absurde des non-jeûneurs, le gouvernement doit se prononcer de manière limpide. D'un autre côté, une campagne appelant à ne pas interdire l'ouverture des cafés et des restaurants pendant le mois saint est sur le point d'être lancée. Une personnalité politique, Yassine Brahim, de Afek Tounès, a annoncé son ralliement à cette campagne. L'image du pays en sortira grandie, un pays où les jeûneurs sont libres mais aussi où les non-jeûneurs ne sont pas obligés de se cacher comme s'ils étaient des criminels.