Par Rafik EL Herguem La fonction consommation reste un agrégat clef dans l'économie. On parle plus de la consommation finale, c'est-à-dire celle des ménages et non de la consommation intermédiaire réservée aux entreprises. La consommation finale est, aujourd'hui, pour les économistes du monde entier, une fonction régulatrice de tous les autres agrégats. Sauf que le dilemme théorique de la consommation finale n'est pas quelque chose de facile à soulever et à comprendre. Une consommation finale bien développée rend un service à l'investissement et aux différents secteurs du commerce. Quand les gens demandent fort sur un marché, les producteurs et ceux qui offrent sur ce marché y trouvent leurs comptes. Les revenus augmentent en termes de chiffre d'affaires, la rentabilité s'améliore, les postes de travail se créent et la croissance est là (le chemin le plus évident et le moins risqué comptant sur les ressources propres). C'est aussi simple que cela. Avant de parler inflation et dérèglement du marché, parlons plutôt des bienfaits de la consommation finale quand elle s'articule autour d'un pouvoir d'achat solide et sur le développement de l'industrie et, par conséquent, le commerce local. Inflation terrible Le dilemme réside dans un point bien précis et que nous vivons concrètement en Tunisie : une attitude exagérée en consommation fait du mal à l'équilibre macroéconomique. Quand les ménages s'emportent fort sur l'achat de certains biens , quand ils accentuent la demande sur un bien, quand ils s'écroulent devant les campagnes pub (la communication reste un considérable stimulant de la décision d'achat), on assiste à une inflation terrible, à une flambée des prix et, par conséquent, à l'effondrement du pouvoir d'achat. Entre-temps, les producteurs (agriculteurs ou industriels) suent pour réaliser de petites marges et se retrouvent obligés parfois de vendre pour pas cher, rien que pour couvrir le prix de revient. Et ce sont les intermédiaires, et les réseaux et lobbies qui gèrent le commerce de gros, et les marchés qui en profitent pleinement. Ils vendent à des prix exorbitants, profitant de cette consommation effrénée et cet emportement irrationnel des consommateurs. Il y a une zone d'équilibre à trouver : notre économie et nos industriels ont besoin d'une consommation finale solide. Mais en réalité, c'est irrationnel, cette attitude détériore le pouvoir d'achat, et à terme, on va vers une récession inévitable (les gens n'auront plus les moyens de rester sur un même niveau de consommation). Nous sommes un pays où la consommation est disproportionnée par rapport aux moyens et aux revenus. Le déficit commercial envers certains pays à propos de biens de grande banalité en dit beaucoup. Plus de rationalité, de sagesse à la consommation et les équilibres seront mieux rétablis.