• Avec des achats réfléchis, en petite quantité, le citoyen préserve son pouvoir d'achat, assainit son budget et consolide l'équilibre sur le marché. C'est ainsi qu'on peut chasser les craintes de tendance inflationniste. L'évolution de la consommation des ménages tunisiens est-elle en mesure de stimuler la reprise de l'économie nationale ou bien d'encourager des comportements indésirables de certains opérateurs économiques ? En effet, quelques jours avant Ramadan et durant les premiers jours du mois saint, de longues files d'attente de chariots chargés à plein ont été observé devant les caisses des grandes surfaces. Egalement, dans les marchés municipaux des produits frais et des produits agricoles, les prix et la qualité des marchandises ont évolué en sens opposé. Parallèlement, à la télé, le matraquage publicitaire continue. Bien que limitée dans le temps, on assiste à une évolution aussi spectaculaire qu'anarchique de la demande. Toutefois, il convient de rappeler que seule la hausse soutenue de la demande intérieure, de plusieurs mois, se présente comme un puissant moteur de la croissance, face à l'attentisme des investisseurs et la morosité du marché international. Ainsi, pour sortir de la crise, le consommateur, le producteur et l'Etat, chacun pour sa part, se trouvent dans l'obligation de développer des comportements et des pratiques favorables, susceptibles de débloquer la situation sans pour autant doper les tendances inflationnistes. Durant ce mois saint, la consommation bat son plein. Ce pic de la demande coïncide, ces dernières années, avec d'autres pics, notamment de la saison estivale, de la rentrée des Tunisiens à l'étranger, de la haute saison touristique, qui montre d'encourageants résultats, et de la rentrée scolaire. Ces facteurs de la demande sont rapidement perçus par les producteurs et les commerçants. D'ailleurs, sur la base de cet essor de la consommation des ménages, les entreprises établissent leurs plans de production et déterminent le niveau d'emploi. Evidemment, une évolution de la consommation se traduit par une augmentation du carnet des commandes. Pour satisfaire ces nouveaux engagements, l'entreprise cherchera les moyens nécessaires à ces niveaux de production. Ainsi, à productivité constante, l'entreprise sollicitera le marché du travail pour assurer ses besoins en compétences. Bien que temporaire, le contrat de la nouvelle recrue sera reconduit avec le maintien du rythme de la demande. Donc, soutenir la demande est de nature à préserver les emplois, voire en créer d'autres. Du coup, ces nouveaux travailleurs disposent de revenus dont la majeure partie est destinée à la consommation. D'où une demande supplémentaire à satisfaire en faisant appel encore une fois au marché du travail. Mais ce cercle vertueux de la croissance tirée par consommation-production-recrutement est obtenu au prix d'une inflation qui risque d'évoluer à une vitesse supérieure à celle de la croissance. Ainsi, elle pourrait estomper tous les avantages du cercle. A cet égard, les institutions du pouvoir public sont appelées à réguler l'activité économique tout en protégeant le pouvoir d'achat des citoyens et en préservant des marges suffisantes pour les entreprises. Faut-il soutenir la consommation ? Un individu ne peut consommer plus que ce qu'il gagne. A moins de s'endetter. Ainsi les apports de la consommation à la croissance économique sont limités par les revenus disponibles, la propension marginale à consommer et le pouvoir d'achat des ménages. Toutefois, le recours aux crédits est de nature à doper la consommation. En effet, la révision à la baisse du TMM, depuis la révolution, incite les consommateurs à renoncer à l'épargne, peu rentable, et à dépenser davantage dans des courses qui maximalisent leur bien-être. Avec un budget plus étendu, par l'octroi des crédits, les ménages sont de nature à tirer l'économie et particulièrement les producteurs qui sont appelés à répondre à la demande additionnelle. Mais pour réaliser cet objectif de relance, il faut que cette demande porte sur des produits tunisiens. Autrement, les achats de biens importés profiteront aux industriels étrangers. Ainsi, nos crédits et nos dépenses domestiques serviront à la relance des économies étrangères. Autre risque, face à ce marché plus solvable et plus liquide, le marché parallèle bat son plein. C'est une situation propice aux contrevenants qui offrent, également, des produits importés par des canaux illicites. Ce fléau de contrebande est conjugué par des pratiques frauduleuses visant à flamber les prix. De même, pendant Ramadan, peu confiant dans les mécanismes de régulation, soucieux de combler ses besoins et à court de prévision des tendances des marchés, le consommateur modifie son comportement d'achat et ses préférences. Ce qui est de nature à installer une frénésie qui aggrave le déséquilibre des marchés. Dans les grandes surfaces, les clients optent pour des achats massifs en vue de constituer des provisions significatives, parfois injustifiées. L'histoire a montré que face à cette demande additionnelle, exceptionnelle et irrationnelle, les stocks de régulation, calculés sur des bases scientifiques, ont montré leurs limites. Ce qui ouvre la voie aux spéculateurs ainsi qu'à de nombreuses pratiques immorales. Motivés par des gains à court terme, ils commencent par faire circuler les rumeurs, puis créer artificiellement la pénurie, ensuite alimenter le marché par des quantités bien étudiées pour maintenir les prix et des marges trop élevées. En somme, un plan de relance de la consommation, trop ambitieux, synonyme d'envolée des prix, pourrait aussi effrayer le consommateur. Ainsi, au lieu de dépenser son argent rationnellement, il pourrait choisir de focaliser, par précaution, sur quelques produits, redoutant de futures hausses des prix et d'éventuelles pénuries.