Au-delà des critiques et des accusations de manquements à l'encontre des autorités, il importe de mettre les points sur les i et de mettre en relief les aides accordées par l'Etat à la famille Soltani ainsi que les mesures prises en faveur des habitants de la région. Ce qui, toutefois, n'exclut pas le fait qu'en dépit des aides de l'Etat, les régions limitrophes à la chaîne montagneuse ont besoin davantage de projets de développement pour sortir de leur isolement et chasser autant la misère que les terroristes qui y ont trouvé refuge. Il est des vérités qu'il n'est jamais de trop à rappeler à ceux qui ont pris l'habitude de sauter sur les événements malheureux pour les instrumentaliser politiquement et en faire un cheval de bataille contre le gouvernement. Et parmi ces vérités, la mort d'un homme, quelles que soient les conditions dans lesquelles elle s'est produite, ne peut être exploitée comme la résultante d'une erreur commise par une quelconque partie. Il est aussi malsain, immoral et inadmissible de se saisir du malheur d'une famille, surtout si elle est de condition modeste, pour marquer des points dans son combat continu contre le gouvernement en place et porter l'habit du justicier infaillible. Certes, Khalifa Soltani, le berger qui vient d'être égorgé par un groupe terroriste à Sidi Bouzid, a donné sa vie pour la Tunisie comme l'a fait son frère Mabrouk il y a quelques mois en subissant le même sort, peut-être par les mêmes terroristes. L'instant est gravé, la douleur est immense et personne n'a le droit de polémiquer et d'insulter la mémoire de ces deux jeunes martyrs qui ont consenti le sacrifice suprême et de s'autoproclamer comme le défenseur des «humbles» et surtout de prétendre que le crime terroriste pouvait être évité «tout simplement parce que le douar de Slatnia ne bénéficiait pas de la protection sécuritaire promise par le gouvernement pour faire face aux descentes régulières des terroristes retranchés dans les montagnes environnantes, lesquels terroristes ont pris l'habitude de dépouiller les habitants de la région de leurs vivres». Plus encore, «la campagne de soutien aux Soltani et aux autres qui attendent le même sort» prétend que les promesses faites aux Soltani quand Mabrouk Soltani a été assassiné sont restées lettre morte. Idem pour l'ensemble de la région qui n'a rien vu venir des mesures qu'on lui a promises. Et quand la communication gouvernementale peine toujours à faire valoir ce qui a été réalisé effectivement au profit des familles des victimes d'actes terroristes parmi les forces armées et de sécurité et aussi parmi les citoyens qui ont la malchance d'habiter dans les régions où les terroristes commettent leurs actes abominables, il est normal que les réseaux sociaux pullulent d'informations mensongères, que certains médias publient des déclarations invraisemblables comme celles du frère d'un policier assassiné par les terroristes. Il affirme, en effet, que la veuve du policier a reçu la somme de 70.000 dinars en guise de dédommagement matériel et qu'elle perçoit mensuellement le salaire entier de son défunt mari, «malheureusement, nous les frères du martyr, nous n'avons rien perçu et les autorités régionales refusent de nous écouter». A comprendre que les frères du martyr ont droit à la compensation financière et que le gouvernement les prive injustement de leur droit. Aides de l'Etat Pour faire taire les critiques, les autorités ont choisi de révéler à l'opinion publique les aides accordées à la famille Soltani ainsi que les mesures prises en faveur des habitants de la région. Dans un document dont une copie est parvenue à La Presse, on apprend que la famille Soltani a bénéficié des aides suivantes : un logement dont le coût est de 50.000 dinars, une aide présidentielle de 10.000 dinars, une subvention de cinq mille dinars consentie à un membre de la famille pour lancer un projet de confection de tapis traditionnel, une aide de 5.000 dinars de la part du ministère de l'Intérieur, une aide de deux mille dinars de la part du gouvernorat et un financement de 6.000 dinars de la part du ministère de la Femme et de la Famille en vue d'un projet d'élevage d'ovins. D'autre part, la famille Soltani possède un troupeau comprenant plus de 50 moutons et brebis et deux voitures. Le même document précise que la région a bénéficié d'un projet d'aménagement d'une piste agricole de l'ordre de 2,2 millions de dinars. La région est concernée également par un projet en cours de finalisation pour son adduction en eau potable. Dans le même contexte, 92 carnets de soins à titre gratuit ont été accordés aux habitants de la région et le reste des citoyens du Douar Slatnia ont eu droit à une carte de soins à tarif réduit. Cela n'exclut pas le fait que les régions limitrophes à la chaîne montagneuse ont besoin de projets de développement pour sortir de leur isolement et chasser autant la misère que les terroristes qui y ont trouvé refuge.
