L'honneur de l'ouverture du Festival de la Médina à Sfax, prévu du 1er au 21 juin 2017, a échu au musicien polyvalent et maître incontesté de la musique tunisienne authentique, Zied Gharsa, dont la prestation réussie donne le ton d'une programmation placée sous le signe de l'éclectisme. Devant un public féru de musique traditionnelle tunisienne, Zied Gharsa s'est produit lors de la soirée inaugurale du Festival de la Médina à Sfax, dans une salle de spectacles archicomble au complexe culturel Mohamed Jamoussi. Comme pratiquement à chacune de ses sorties, le ténor de la chanson classique a déployé ses immenses qualités vocales et instrumentales pour conquérir le public, gagné par l'ambiance festive née de la recette concoctée par le chanteur avec sensibilité, maestria, virtuosité et une grande maîtrise de l'art, voire du secret de l'assortiment des registres et des styles, toujours marqués du label de l'authenticité, mais enrichis et habilement dosés pour répondre au goût du jour sans se départir de leur tonalité arabo-andalouse, nourrie des spécificités tunisiennes. Malouf, Mouachahats et autres chansons magnifiques du répertoire de certains grands maîtres de la musique tunisienne ont meublé la soirée d'ouverture du Festival de la Médina à Sfax auquel Zied Gharsa a eu la délicatesse de « dédier », s'il est permis de le dire, deux chansons inédites, de sa propre création. De quoi enchanter le public d'amateurs de patrimoine et d'originalité, sensible aussi à la qualité de la prestation de la troupe de cinquante instrumentistes du terroir qui a accompagné l'artiste vedette lors de ce spectacle d'ouverture, ces instrumentistes du cru et pur produit du conservatoire et de l'Institut supérieur de musique de Sfax. La soirée inaugurait un programme sciemment marqué du label de l'éclectisme, brassant large pour s'ouvrir à plusieurs genres et répondre aux différents goûts des amateurs de culture, tout en ayant le souci de la vivacité et de la légèreté. Cependant, Nouri Châari, nouveau directeur du festival, met en avant un trait caractéristique de la 21e session du festival, à savoir le cachet strictement tunisien de la programmation dans le dessein d'accorder l'exclusivité aux artistes tunisiens : « Notre choix a pour but d'accorder leur chance et de donner la marque d'estime aux artistes nationaux qui, d'ailleurs, n'ont rien à envier à leurs homologues du Moyen-Orient. D'ailleurs, je tiens à rendre hommage à leur esprit coopératif et à leur louable compréhension en matière de cachets mais également parce qu'ils ont consenti, de bonne grâce, à se faire accompagner par des instrumentistes locaux. C'est ainsi que l'opportunité s'est offerte à cinquante parmi ces derniers de se faire valoir en participant au spectacle de Hadhret Sfax, une œuvre présentée et dirigée par Morched Boulila, à l'avenue Magida Boulila, vendredi après-midi, pour aller à la rencontre du public. Ainsi, avec les cinquante autres instrumentistes ayant accompagné Zied Gharsa, cent jeunes auront eu la chance de se produire en public et de faire peut-être leur baptême du feu» Dans ce même ordre d'idées, Nouri Chaâri évoque l'occasion offerte aux artistes tunisiens, y compris ceux de la région de se faire apprécier. Côté musique, la 21e session qui se poursuivra jusqu'au 21 du mois, sera marquée par la participation de Faouzi Ben Gamra, Chahrazed Hlel, le violoniste Hlel Ben Amor avec la troupe El Farabi ainsi que Nabiha Karaouli, à la clôture. « Sur le plan régional, le choix s'est porté sur Jamel Chebbi, Hassene Amara, Meriem Medhyoub. Cette dernière, enseignante à l'Institut supérieur de musique, sera une agréable révélation de cette 21e édition. Sa prestation sera répartie en deux volets, un premier consacré à ses propres créations et le second puisé dans le répertoire des grands musiciens. Sans oublier le spectacle Ettakhmira (transe), un spectacle pour jeunes, inspiré du patrimoine culturel régional. A citer, également, la pièce de théâtre Aker warakah (la dernière carte) de Hatem Hachicha, poursuit le directeur du Festival de la Médina à Sfax. Les amateurs du quatrième art auront également rendez-vous avec la représentation théâtrale Khbar El Beyet de Raja Farhat, auteur, réalisateur et interprète de l'époustouflante pièce Bourguiba, dernière prison qui a remporté un franc succès auprès du public tunisien. Le reste de la programmation, répartie sur les espaces du centre culturel Mohamed Jamoussi, de la Maison de l'avocat et de Dar Beya, se décline particulièrement en veillées ramadanesques en l'honneur d'hommes de culture et écrivains de la région, à savoir Zouhair Ben Hmed, Ridha Kallel, Khalil Gouiâa, Mohamed Masmoudi et Mohamed Habib Sellami. Quant à Lazhar Bouazizi, il animera les soirées Fdaoui. A signaler, enfin, une nouveauté : la tenue d'un Salon de l'artisanat du 15 au 18 juin, à l'espace Nahr El Founoun, route de Téniour.