Soupçonnée d'être sous-tendue par des visées purement politiciennes, la motion a été critiquée dans son essence même. Des élus ont appelé à soustraire les dossiers graves, comme celui du terrorisme, de la surenchère politique Dans un calme apparent s'est tenue la plénière à son rendez vous habituel du mardi. Premier point à l'ordre du jour annoncé par Mohamed Ennaceur : examen de la motion présentée par le bloc Al Horra. Le président de l'ARP annonce dans la foulée deux démissions et une exclusion du groupe Nida Tounès dont le nombre de voix est ramené désormais à 59. L'écart s'est encore creusé avec le premier bloc, Ennahdha, qui compte toujours 69 sièges. C'est le président du bloc de Machrou Tounès, Abderraouf Chérif, qui s'est chargé de présenter l'argumentaire de la motion. Soumis au bureau de l'Assemblée depuis cinq mois, le texte est une des manifestations concrètes de la campagne qui s'est opposée alors au retour des jihadistes des foyers de tension, et à laquelle le mouvement Machrou Tounes avait pris part et qu'il avait appuyée. La motion présentée par le troisième bloc de l'hémicycle, qui compte 21 parlementaires, appelle à traduire les terroristes tunisiens sévissant dans les zones de tension devant la Cour pénale internationale. Cette juridiction pénale universelle et permanente basée à La Haye, aux Pays-Bas, punit les crimes contre l'humanité, les génocides, les crimes de guerre et les crimes d'agression, lorsque les criminels ne peuvent être jugés dans leur pays. Initiative saluée, mais Le débat parlementaire a été marqué par la célébration de la mémoire du jeune berger assassiné, Khlifa Soltani, mais aussi par les différents appels lancés à l'endroit de l'Etat de prendre ses responsabilités face aux communautés locales exposées par leur habitation aux maquis terroristes. La mère du défunt, Zaâra, qui a déjà enterré un enfant et ensuite un second, a été honorée pour son courage et ses grands sacrifices. Si dans l'ensemble l'initiative du bloc El Horra a été saluée, les critiques n'ont toutefois pas manqué. Soupçonnée d'être sous-tendue par des visées purement politiciennes, la motion a été critiquée dans son essence même. Des élus ont appelé à soustraire les dossiers graves comme celui du terrorisme de la surenchère politique. D'autres n'y ont vu aucune utilité, puisque la priorité est de rapatrier les jihadistes et de les juger devant les tribunaux nationaux. De plus, l'élu d'Ennahdha Ramzi Ben Fraj a fait valoir que la Cour pénale internationale n'a pas la compétence d'examiner les affaires du terrorisme. Extirper le mal à la source Amar Amourssia du Front populaire a appelé à aller au fond des choses pour condamner non pas uniquement les terroristes mais ceux qui les ont financés et ont facilité leur envoi en Syrie où ils ont commis des crimes atroces et continuent de le faire. Le député de l'opposition a appelé à démanteler les réseaux mais également les associations dites caritatives qui agissent encore dans le pays en toute impunité. Dans cette affaire, a-t-il lancé, il n'y a pas de neutralité possible, il faut renouer avec le régime syrien victime du terrorisme et rompre avec la Turquie qui a formé les terroristes, les a entraînés et facilité leur acheminement vers les zones de conflits. D'autres questions de fond ont été soulevées par Slah Bargaoui, notamment, du bloc auteur de la motion, pour condamner les terroristes par le droit positif et non pas par le texte coranique. Cela étant dit et malgré les nombreuses critiques, la motion a été adoptée par 117 députés, contre 7 qui se sont abstenus. Au-delà du fond, il s'agit certes d'un acte de communication politique réussi. Le bloc El Horra a fait parler de lui pendant une bonne partie de la plénière, il a fait réagir l'ensemble des autres groupes parlementaires. Sa motion a été adoptée par une majorité confortable. Nous ajouterions que c'est pour la bonne cause.