Par M'hamed JAIBI Le combat contre la corruption, la contrebande, le trafic d'armes et le terrorisme représente un volet complémentaire d'une vaste entreprise menée par l'Etat en vue de rétablir ses attributs légitimes qui sont la condition de l'affirmation de la souveraineté et de l'intégrité nationales. Certaines franges au sein de l'opinion publique ont exprimé une certaine incompréhension de voir les accusations visant Chafik Jarraya et les personnes impliquées dans la même affaire évoluer de la corruption ou malversation à l'atteinte à la sûreté de l'Etat aux mains de la justice militaire. Les réseaux se recoupent et se rejoignent Le fait est que les circuits parallèles se recoupent et se rejoignent, générant un état de non-droit qui fait prospèrer l'argent sale et son pouvoir occulte jusqu'à la négation de l'Etat. Le cas Chafik Jarraya en est une illustration singulière. Il s'agit d'un simple commerçant qui a su tirer profit des privilèges dévolus à l'oligarchie familiale de l'ancien régime pour bâtir un empire colossal. Or, après la révolution, au lieu de se voir demander des comptes par la justice ou par quelque processus de justice transitionnelle, il s'est vu sollicité, de par ses moyens faramineux, dans de mystérieuses opérations «au secours» de journaux et hommes de médias, ainsi que de courants et personnalités politiques, qui en ont fait un véritable arbitre de la scène politique nationale, jusqu'à le voir évoluer sur les plateaux de télévision, distribuant satisfecit et invectives. Avec Nabil Karoui à la conquête de Nida Le point culminant étant son rapprochement, de notoriété publique, avec Nabil Karoui et leur projet d'intégrer la direction de Nida Tounès. Tentative battue en brèche au sommet, mais qui pourrait bien avoir laissé des séquelles au niveau du groupe parlementaire où le bruit court que de l'argent a coulé. Ce qui explique cette course folle de députés sollicitant, comme preuve «d'innocence», la levée de leur immunité parlementaire. Une première mondiale ! Mais l'échec de l'offensive sur la direction nidaïste n'a nullement mis fin à cette quête de puissance politique, puisque nous le verrons, en juin 2015, conduire une délégation de députés, d'hommes d'affaires et de journalistes en Libye, ainsi qu'intervenir en faveur de la libération de Tunisiens qui y étaient privés de liberté. Imed Tranelsi a éclairé l'opinion Les récentes déclarations télévisées de Imed Trabelsi ont eu l'avantage de sensibiliser l'opinion sur les pouvoirs tentaculaires des mafias de la contrebande et de la corruption. Il s'agit d'un vaste réseautage sans limites ni interdits, qui étend sans cesse sa puissance occulte au service de l'argent, des moyens de l'amasser, du pouvoir de l'argent et de la négation de l'Etat et des institutions.. D'où l'évidente proximité que peuvent avoir les barons de la contrebande et du circuit parallèle avec d'autres réseaux occultes mettant en danger la sécurité nationale. Une proximité génératrice de tentations pouvant conduire aux dérapages les plus monstrueux. Mais c'est là l'affaire des autorités sécuritaires et de la justice.