Par Jalel Mestiri Le football marque une rupture franche : l'avenir est au jeu direct et la tendance va à l'efficacité. Serait-ce la fin d'une époque ou une simple parenthèse ? Le constat suscite interrogation et débat : pour beaucoup de techniciens, d'observateurs et d'experts, la possession de la balle n'est plus gage de sûreté. A l'exception de quelques-unes, les équipes maîtrisant le ballon à outrance n'arrivent pas à s'imposer. La possession de balle improductive et aseptique, avec des redoublements de passes aux abords de la surface, des joueurs affectés et campés dans la zone adverse et des récupérations hautes, semble s'essouffler au profit des équipes qui se projettent le plus rapidement possible vers l'avant. Aujourd'hui, le résultat compte plus que tout et peu importe la manière. Les équipes envisagent une nouvelle façon de gagner. Le jeu de possession semble connaître son chant du cygne. L'idée est de plus en plus répandue: le football de possession serait mort. Ou pire: vivant, mais inutile. Le football marque une rupture franche : l'avenir est au jeu direct et la tendance va à l'efficacité. Notamment grâce à un jeu très restrictif qui met en échec le jeu de possession. Les équipes les plus techniques et ambitieuses dans le jeu n'arrivent plus jusqu'au bout. Serait-ce la fin d'une époque ou une simple parenthèse ? L'échec d'une équipe comme le Barça en Liga et en Ligue des champions marque la fin d'un dogme qui perdurait comme une vérité absolue: possession égale victoire. Les différents résultats de cette fin de saison laissent penser qu'il ne suffit plus de maîtriser les débats et garder le pied fermement posé sur le ballon pour s'imposer. Il est de plus en plus possible de gagner autrement. Même en laissant l'initiative du jeu à l'adversaire. Avoir la possession, c'est important, c'est valorisant, mais si on n'a pas la percussion, les joueurs offensifs en mesure de profiter de cette possession, cela ne mène à rien. Les équipes qui ont réussi cette saison sont celles qui peuvent faire la différence dans la zone de vérité, qui possèdent aussi des joueurs capables de jouer dans n'importe quelle configuration. Un gardien qui fait les bons arrêts, des milieux qui récupèrent, des défenseurs qui mettent le pied pour empêcher l'adversaire d'aller plus loin ... La solidarité pour gagner ? C'est également nécessaire. Les convictions fortes ? Encore davantage. Le tout pour porter un projet de jeu. Assurément, le football est constitué de cycles qui se succèdent. On a eu le catenaccio, avec, en plus du gardien de but, cinq défenseurs, deux milieux de défensifs, deux milieux offensifs sur les ailes et un attaquant. Ensuite le grand Brésil... Des équipes avec un plan de jeu ambitieux comme le Barça. Et maintenant une génération de joueurs qui peuvent porter de grandes idées, notamment à l'instar du Real Madrid. Zidane est le Che Guevara du football moderne. Il est à la tête du soulèvement contre le football de possession : il incarne la révolte contre le tiki-taka. Devant la dictature d'une construction patiente et lente, l'alternative d'un football efficace et payant se réveille. Elle commence à venir du Real, avec son trident offensif basé sur la vitesse et la profondeur, mais aussi sur un jeu construit autour d'un harcèlement tout-terrain ponctué par des offensives meurtrières... Affirmer cependant que le football de possession est mort reviendrait à dire que des équipes comme le Barça ne gagneraient plus jamais de titres et se retrouveraient toujours en échec face à des équipes comme le Real, ou la Juventus. Sans être la solution, la possession de la balle reste effectivement indissociable des meilleures équipes et des meilleurs résultats. Le football de possession ne mourra jamais. Erigé en principe absolu, il continuera à avoir sa raison d'être et à dominer les options tactiques...