Les choses prennent désormais une allure de véritable scandale politico-mafieux sur fond de réseaux terroristes transnationaux. Et l'affaire semble s'acheminer vers un déballage de linge sale en cascade. Face au mutisme pour le moins troublant des autorités financières tunisiennes, qui semblent à leur tour possédées par le syndrome de la patate chaude La guerre anticorruption engagée sous nos cieux depuis quelques jours est révélatrice à plus d'un titre. Sur fond d'évolutions internationales effrénées, notamment dans les pays du Golfe, elle met au grand jour l'existence de réseaux politico-mafieux où la corruption, les malversations, la contrebande, le grenouillage et le terrorisme font bon ménage. Que dis-je, ils s'acoquinent dans un cocktail explosif et sanguinaire. Rendons-nous à l'évidence : notre pays est devenu une véritable passoire. Les réseaux du crime organisé transnational y ont pignon sur rue. La pieuvre a des tentacules immenses. Ses ramifications touchent tous les secteurs, ou presque. L'affaiblissement de l'Etat a été corollaire de la montée en puissance du crime organisé intimement lié à la contrebande et au terrorisme. Et puis, il y a ce triste spectacle des positionnements extravertis, à la solde d'Etats et de puissances étrangères, voire de milices armées opérant en Libye voisine. Des hommes politiques, des associatifs et de simples illustres inconnus y jouent les premiers violons dans ce concert plutôt sinistre. Guerre de clans des pétromonarchies par Tunisiens interposés Il aura fallu que cette guerre soit engagée tambours battant par le gouvernement Youssef Chahed pour que les protagonistes agissent désormais à ciel ouvert. Les défenseurs des réseaux politico-mafieux liés à la nébuleuse terroriste se sont ligués. De la manière la plus éhontée qui soit. All'aperto. On ne prend même plus la peine de se cacher. On défend la «cause» des véreux-politico-mafieux en utilisant une batterie de subterfuges et manœuvres frauduleuses, voire des astuces légales en bonne et due forme. Le tout savamment orchestré et peaufiné. Le registre de la manipulation a ses quartiers, son ban et son arrière-ban. Ses officiers de l'ombre, ses relais, ses estafettes et ses ordres du jour. Stratégie et tactiques s'y recoupent dans un dessein scabreux et non avoué. Et puis la crise entre les Etats arabes du Golfe révèle, elle aussi, la guerre de clans des pétromonarchies par Tunisiens interposés. Bien évidemment, ils sont minoritaires, mais fort agissants. Les uns sont ouvertement pro-qataris, d'autres affichent volontiers leurs servitudes pro-saoudiennes ou émiraties. Et le conflit ne ressemble guère à une guerre en dentelles. C'est la curée, la mêlée, de préférence dans les réseaux sociaux et la blogosphère. Tel est le cas de l'ex-président de la République et son ex-chef du gouvernement, MM. Moncef Marzouki et Hamadi Jebali. Ils ont pris ouvertement et d'une manière concomitante la défense acharnée du Qatar, assimilé au fer de lance et porte-drapeau des révolutions arabes. Sans le recul nécessaire, les nuances et loin d'être à équidistance des protagonistes du conflit. Du coup, cela corrobore tant de choses révélées brutalement ou en filigrane par des faits antérieurs. Et cela fournit une grille de lecture pour l'actualité brûlante. Ajoutons-y les dernières révélations du porte-parole de l'armée libyenne, le colonel Ahmed Al-Mesmari. Dans une conférence de presse, tenue avant-hier à Benghazi, il a dénoncé l'implication directe du Qatar dans des réseaux de terrorisme en Libye et son utilisation du sol tunisien pour fomenter des troubles dans toute la région maghrébine. Le site d'information et journal électronique Kapitalis précise dans un article publié hier sous la plume de notre consœur Zora Abid qu'«une source de la direction de la Banque de l'Habitat (BH) a confirmé à Kapitalis le transfert d'une importante somme en devises via son agence de Tataouine. La source, qui a refusé de confirmer le montant de 8 milliards de dollars et de donner des précisions sur la date de ce transfert et s'il a été réalisé en une seule fois ou à plusieurs tranches, a ajouté que la Banque centrale de Tunisie (BCT) a été immédiatement informée de l'opération...C'est l'argent mis par l'émirat du Qatar à la disposition des anciens prisonniers devenus plus tard des hauts responsables dans le gouvernement, a-t-il dit [le colonel Ahmed Al-Mesmari], par allusion aux responsables du gouvernement islamiste de Tripoli. Et d'accuser : Jarboui payait également des chefs de tribu libyens et quelques militaires tunisiens» (sic!) ». C'est dire si les choses prennent désormais une allure de véritable scandale politico-mafieux sur fond de réseaux terroristes transnationaux. Et l'affaire semble s'acheminer vers un déballage de linge sale en cascade. Face au mutisme pour le moins troublant des autorités financières tunisiennes, qui semblent à leur tour possédées par le syndrome de la patate chaude.