Le fonds bilatéral d'aide à la coproduction franco-tunisienne a été officiellement présenté mardi matin lors d'une conférence de presse de Christophe Tardieu, directeur général délégué du CNC, et de son homologue Fethi Kharrat. Pour la France, il s'agit du premier fonds commun avec un pays francophone. Pour la première année, la contribution du CNC s'élève à 400.000 euros et celle du Cnci à 160.000 euros (au cours actuel), soit un fonds de 560.000 euros en 2017. Il devrait permettre d'aider 4 à 6 longs métrages. Les projets doivent avoir un producteur tunisien et un producteur français. «Ce fonds est un outil pour ceux qui en ont besoin des deux côtés de la Méditerranée, dit Olivier Poivre d'Arvor, ambassadeur de France en Tunisie. Ce n'est pas non plus un fonds qui accompagne les premiers pas du cinéma tunisien. Le cinéma tunisien depuis des décennies est un grand cinéma et je ne reviendrais pas sur ses exploits, dont le dernier est au festival de Cannes. Les succès tunisiens ne sont pas à démontrer. Nous voulons que ce fonds soit au service des créateurs. Je remercie le ministère des affaires culturelles et le Cnci en disant que ce fonds doit beaucoup à M. Fethi Kharrat. On a signé un contrat pour trois ans pour ce fonds (2017 -2018 -2019) et chaque année le budget sera vu à la hausse forcément. Cela devrait soutenir de quatre à six longs métrages par an. Ce type de fonds est une première pour nous Français, mais c'est aussi relatif à une relation forte avec un pays avec lequel on a construit des talents dans la création cinématographique». En évoquant les JCC, l'ambassadeur de France a ajouté : «Je trouve très bien que les JCC reviennent vers leurs fondamentaux qui sont l'Amérique latine et l'Asie. J'étais un peu déçu de voir que les prochaines JCC oublient la France ! C'est dommage que les JCC 2017 ne connectent pas les liens entre ces continents cinématographiques qui sont l'Europe, l'Afrique et le Maghreb. Je sais que la Tunisie doit développer ses relations Sud-Sud mais je reste déçu de voir que les JCC se feront sans les artistes franco-tunisiens. C'est bien de faire des focus sur l'Argentine ou la Corée du Sud, mais un focus qui rendrait quand même compte de la réalité des productions et des échanges serait intéressant». Le directeur général délégué du CNC, Christophe Tardieu, a déclaré : «La France et la Tunisie partagent non seulement une histoire dans la cinématographie mais aussi une langue. Une langue qui n'est pas uniquement un outil de communication mais également un instrument de culture, de valeurs et de fondamentaux et à travers cette communauté du verbe et de l'esprit, qui est la langue française, on se rend bien compte qu'il y a des choses entre nous qui doivent être partagées. A partir de là, on s'est dit pourquoi ne pas se réunir et soutenir des projets franco-tunisiens ou tuniso-français dans l'intérêt de notre culture commune et du cinéma. La cinématographie de nos deux pays méritait bien ce fonds et cela nous a appris à travailler ensemble et à mieux comprendre les besoins de l'autre. C'est notre premier fonds dans un pays francophone et nous souhaitons étendre cette expérience à tout le Maghreb avec le Maroc après la Tunisie et peut-être un jour avec nos amis algériens. D'ici à la fin de l'année, nous devrions créer également un fonds de soutien pour l'Afrique subsaharienne de langue française. Ce fonds développé avec la Tunisie n'est pas un fonds qui vient remplacer d'autres qui existent. C'est un fonds où Tunisiens et Français s'associeront pour sélectionner les meilleurs projets. Nous sommes très heureux d'avoir lancé ce fonds qui nous paraît très utile pour le cinéma et de mettre en valeur cette cinématographie extrêmement créative de part et d'autre de la méditerranée». Fethi Kharrat, directeur général du Cnci, ajoutera : «Lors du dernier festival de Cannes, nous avons présenté les axes de cette convention et aujourd'hui avec les professionnels, on va présenter cette convention de manière plus ample. La coopération française dans le domaine du cinéma date depuis longtemps... Je dirais depuis la production par la Satpec du film de Jacques Baratier. J'espère que ce fonds va constituer une source de financement supplémentaire pour le cinéma tunisien qui peine de plus en plus à trouver des fonds aujourd'hui après l'ouverture du Fonds Sud pour les cinémas du monde, entre autres. Les projets proposés à ce fonds seront examinés par une commission composée de six membres, trois Français et trois Tunisiens, tous des professionnels du secteur. L'appel à projet sera publié probablement au mois de juillet, les prochaines JCC abriteront les réunions de cette commission et j'espère que d'ici la fin de l'année, on annoncera les résultats».