Huit ans après le succès de Plantation, qui l'avait révélé sur la scène reggae française, le groupe Kana sort son quatrième album baptisé Internacional, véritable tour de Babel musicale. Un indice, incidemment glissé sur la pochette du CD, laisse deviner la démarche qui a prévalu tout au long de la conception de l'album : accolé au nom du groupe, le mot "famlily" a été rajouté. Comme pour signifier que le cercle s'est élargi à l'occasion de ce nouveau projet. Si Zip est toujours le chanteur maison qui alterne textes en français et en espagnol, les membres de Kana ont voulu partager leur expérience avec quelques artistes d'horizons très divers rencontrés sur le chemin, voire se transformer en backing band le temps d'un morceau. C'est le cas sur Take Me Over, chanté par un certain Boris à la voix haut perché, mais aussi Hopefully ou I'n'I Go Bun Dem sur lesquels les musiciens accompagnent le Marseillais nomade Le Donz. La Canadienne Reya Sunshine et la Brésilienne Flavia, toutes deux néo-parisiennes, complètent par une touche plus féminine cette liste hétéroclite et inattendue, loin des considérations habituelles en matière de featuring où les invités ont souvent pour fonction de servir de faire valoir. Le studio que co-détient Nicolas, pianiste de Kana, a joué ici un rôle central puisque la plupart des acteurs de ce disque gravitent autour de ce lieu de travail. Pendant un mois, le groupe s'y est presque enfermé, afin d'enregistrer les quatorze titres – complétés par six dubs – selon la méthode qu'ils avaient adoptée à leurs débuts : en live, à l'exception des voix rajoutées ultérieurement. Le procédé est réputé pour dégager davantage de chaleur en jouant la carte de la spontanéité, mais cette valeur ajoutée peine à masquer les faiblesses d'un album reggae qui semble par moments céder à la facilité, peu inspiré et sans grande intensité. Un disque de transition ?