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« Nous n'avons pas de stratégie de protection de l'environnement »
Entretien avec... Houcine Rehili, spécialiste de l'environnement
Publié dans La Presse de Tunisie le 28 - 06 - 2017

La décision relative à la mise en place d'une police environnementale, en vue de pallier le problème de la dégradation de l'environnement n'est pas bien accueillie. Elle ne cesse de susciter la polémique quant à son utilité et à son efficacité. Parmi les contestataires de cette décision, Houcine Rehili, spécialiste du développement durable et territorial, qui estime que les responsables n'ont aucune vision actuelle ni future de la question environnementale et qu'ils sont aux antipodes des méthodes de gestion des déchets actuellement en vigueur dans les pays avancés
La création de la police environnementale est-elle, selon vous, un renforcement de la protection de l'environnement?
Tout d'abord, il faut souligner que la mise en place d'une police environnementale, à laquelle on accorde des moyens matériels et une logistique très importants, à côté d'une police municipale est une étrangeté. Ensuite, on aimerait bien savoir quelles sont les tâches imparties à chacune d'entre elles, d'autant plus qu'on a annoncé que ce nouveau corps veillera à sanctionner le jet de déchets sur la voie publique, ce qui relève des fonctions de la police municipale dont la mission est d'assurer la propreté et l'amélioration du cadre de vie. C'est d'ailleurs pourquoi nous soutenons les réserves formulées par cette dernière à cause de ce chevauchement. Et lorsque les rôles s'imbriquent c'est l'environnement qu'on prétend préserver qui paye les frais. D'autre part, le recrutement du personnel est suspect, puisque certains parmi le personnel recruté appartenaient aux ligues de protection de la révolution, les milices de la Troïka. De plus, on ne sait ni où, ni comment ils ont été formés, ni dans quel domaine ils vont œuvrer.
Comment aurait-on dû alors procéder?
Le mieux aurait été de renforcer les municipalités avec des moyens matériels, comme ceux octroyés à cette nouvelle police, et de laisser la police municipale, vieille de 60 ans, et les services techniques y afférents remplir leur rôle avec ces nouveaux acquis. Car cette création inopportune risque de provoquer des heurts entre les deux corps à cause de l'enchevêtrement de leurs prérogatives, ce qui est de nature à terroriser les citoyens comme l'ont souligné, à juste titre, les syndicats des forces de l'ordre.
Ne voyez-vous pas que la police municipale est débordée et qu'elle a besoin d'être assistée par un autre corps pour pouvoir faire face aux ordures qui envahissent nos paysages urbains et ruraux?
Il faut savoir que partout dans le monde la police environnementale fait face à la pollution et plus particulièrement la pollution industrielle ainsi que celle des nappes d'eau, des mers et des marécages. Selon les standards internationaux, cette police n'est pas habilitée à contrôler le dépôt des déchets, ni à verbaliser les auteurs de ces dépôts sauvages. D'ailleurs, ce rôle incombe aux experts assermentés ayant la qualité d'officiers de police judiciaire, appartenant à l'Anpe (Agence nationale de protection de l'environnement) et qui contrôlent la pollution quelle qu'en soit la nature, industrielle, commerciale ou urbaine. Il s'ensuit que la création de ce corps ne peut qu'être une dilapidation des deniers publics.
Quelles solutions préconisez-vous pour éviter ces pertes inutiles?
Avant d'appliquer la loi, avons-nous installé les poubelles et les conteneurs partout ? Absolument pas ! Et on se demande pourquoi les déchets jonchent la voie publique. Il faut savoir que chaque citoyen produit 700 g de déchets, que dans un quartier abritant cent familles ce sont 400 kg/jour, et que le conteneur en reçoit à peine 50 kg, il faut donc placer dans ce quartier 6, voire 7 conteneurs. Ce qui n'est jamais le cas. Cela sans parler des autres déchets tels que les déchets de démolition et ceux de jardins. Autrement dit, le citoyen se trouve contraint de vider sa poubelle n'importe où. Par ailleurs, la collecte des déchets se fait au mieux une fois par jour, or, selon les normes internationales, elle devrait se faire trois fois par jour. Notre véritable problème est l'absence d'une stratégie nationale et la solution n'est pas dans la sanction des personnes qui jettent des mégots ou des paquets de cigarettes dans la rue, alors que même l'artère principale de la capitale ne possède pas la moindre poubelle. Avant de passer à la sanction, l'Etat devrait au préalable fournir tous les moyens nécessaires et adéquats pour sensibiliser les citoyens au respect de l'environnement qui est une question de culture et non pas de lois et de moyens dissuasifs. Le problème réside, donc, dans la méthodologie et l'approche qui font défaut. Le domaine de l'environnement était, déjà avant le 14 janvier, gangréné par la corruption qui s'est renforcée depuis.
Vous pensez que notre environnement subit une dégradation continue ?
Au moins depuis 2011, il existe en Tunisie une détérioration de la situation générale de l'environnement, au niveau de la pollution industrielle, la pollution de l'air, du drainage des eaux industrielles, des eaux usées urbaines. Pour mesurer la catastrophe, il suffit de jeter un œil sur les oueds Medjerda et Méliane et les margines jetées dans les fleuves et les marécages par les industriels. Cela montre à l'évidence qu'il n'existe plus aucune volonté de lutte contre la pollution industrielle. Ces graves défaillances s'expliquent par le fait que les structures de contrôle sont dépourvues d'équipements et de tous les moyens nécessaires pour le travail de terrain.
Comment expliquez-vous l'évolution de la pollution industrielle en dépit des lois prohibitives existantes ?
Ces lois ne sont pas appliquées, et les structures administratives chargées de lutter contre cette pollution sont privées de moyens, tels que les voitures dont la plupart sont en très mauvais état. Pour remplir comme il se doit leurs tâches, les contrôleurs ont besoin d'un nouveau parc auto, de formation... Toutes ces déficiences montrent à l'évidence la faiblesse du contrôle, de l'observance des règles relatives à la protection de l'environnement. Sachons qu'il existe dans l'ensemble du pays seulement vingt-cinq contrôleurs pour surveiller environ 7000/8000 unités industrielles.
Et qu'en est-il des décharges publiques?
La question des décharges est posée depuis 1994. Pendant qu'ailleurs dans le monde, les déchets sont source d'énergie, nous, nous sommes en train de perdre des terrains et de l'argent pour créer des décharges comme si nous étions encore en 1970, comparés à l'Europe. En ce sens qu'il est ridicule qu'au 21e siècle nous continuons à creuser des trous pour y enterrer nos déchets, quand on sait qu'un pays comme la Suède a importé, du Danemark, 80.000 tonnes de déchets pour produire de l'énergie. En juin 2017, on parle toujours de décharges contrôlées qui sont en réalité anarchiques et qui participent à la dilapidation de l'argent public, notamment à travers des entreprises privées et des sociétés de sous-traitance.
Quels sont, selon vous, les moyens techniques susceptibles d'assurer la bonne gestion des déchets ?
Les déchets reposent sur une logique très simple qu'on appelle 3RVE, qui signifie commencer par réduire, réutiliser et recycler, valoriser, ensuite, et éliminer, enfin, les déchets des décharges, ce qui est de nature à en réduire, considérablement, la quantité. Nos responsables se sont situés aux antipodes de cette logique en allant, directement, vers l'ouverture de chantiers et la création de dépotoirs dont le coût dépasse, parfois, les 20 mille dinars auxquels il faut ajouter le coût de la collecte et du transport, ce qui fait que celui d'une tonne s'élève à 30 dinars, ce qui représente l'un des coûts les plus élevés au monde qui se dirige vers 0 décharge.
A partir de ce bilan, vous concluez à l'absence, carrément, d'une stratégie de protection de l'environnement.
Il n'existe ni programmes, ni plans relatifs à la protection de l'environnement dans la politique menée par les gouvernements successifs. Avant, il y avait au moins un secrétariat d'Etat à l'Environnement autonome, mais aujourd'hui on a procédé à son intégration dans un autre ministère, et le souci majeur des autorités est, dorénavant, les affaires municipales et locales. Par conséquent, l'environnement est devenu une question secondaire et folklorique dont on se rappelle à l'occasion du 5 juin, la Journée mondiale de l'environnement, ou bien lorsque la pollution occupe les débats. L'opération environnementale est réduite à la collecte des déchets, alors que la notion d'environnement s'intéresse au développement durable, à la réhabilitation du secteur industriel et la protection de nos ressources naturelles, telles que les forêts et les eaux, d'autant plus de 400 points de nos mers sont pollués, et que le nombre de plages propres à la baignade se réduit d'année en année. Le retrait de Trump du COP21 a provoqué un séisme mondial, étant donné que le domaine de l'environnement est lié aux changements climatiques, à l'arsenal industriel, à la technologie et à la 4e révolution industrielle, tandis que nous parlons encore de poubelles et de décharges et nous créons de nouveaux corps de police. C'est la preuve que nos responsables n'ont aucune vision ni actuelle, ni future de la question environnementale dans son ensemble.


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