Si le taux de réussite est resté stable au cours des trois dernières années pour les élèves de neuvième année (tournant autour de 50%), il n'en a pas été de même pour les élèves de sixième. La chute est assez brutale. Entre 2016 et 2017, il y a une perte de plus de 10 points. On n'arrive pas à comprendre, véritablement, les raisons de telles défaillances. Devant un taux de réussite de 78% dans le privé, on a du mal à encaisser. Le public, pour sa part, ne fait que dégringoler. Ce dont on est sûr, c'est que le climat ambiant dans nos établissements n'est guère rassurant. Des perturbations à longueur d'année, des grèves ou des menaces de grèves, des boycotts, des absences chroniques d'enseignants, des programmes inachevés, des changements, les uns plus inattendus que les autres font tanguer le navire et l'empêchent de tenir, sereinement, le cap. Indices inquiétants Car comment expliquer que toutes les performances soient à mettre du côté du privé. Même le lauréat en est issu avec 19,45/20 (école privée à Sousse). Et dire que, jusqu'à présent, ces records étaient détenus par les établissements étatiques ! Un autre indice peut inquiéter. C'est celui des moyennes. Le taux des élèves détenteurs d'une moyenne de 10/20 est en baisse continue depuis 2013. Il était de 55,63%. Il est passé à 54,45 en 2014, pour revenir à 55,63 en 2015, à 51,57 en 2016 et, à seulement 42,35% en 2017. Pis encore. On note un autre phénomène assez surprenant qui devrait remettre en question l'enseignement de la langue arabe et les méthodes utilisées, actuellement. Il en est de même de l'enseignement du français et de l'anglais. On constate, justement, que la majorité des élèves sont «handicapés» par les notes obtenues dans ces matières. D'autres, par contre, le sont dans les matières scientifiques, comme les maths ou l'éveil scientifique. En français, 60,32% ont obtenu une moyenne inférieure à 10/20. Ils sont 81,94% en maths et 31,59% en anglais. Cette baisse du niveau est en train de gagner les établissements pilotes. Puisque l'on va descendre au seuil limite exigé pour l'admission dans un collège pilote. L'autorisation exceptionnelle de permettre à tous ceux qui ont une moyenne de 15/20 et plus d'accéder à un établissement pilote (collège ou lycée) va tirer le niveau vers le bas. De plus, c'est une injustice à l'égard des lauréats de l'année dernière détenteurs de moyennes supérieures à 15/20 et qui n'ont pas été affectés. Il est vrai que c'est une mesure populaire qui peut réjouir bien des candidats et des familles. Mais le jeu en vaut-il la chandelle ? Neuvième : sans trop forcer Comme on l'a dit, le concours de la neuvième reste fidèle à lui-même. Les candidats ne se bousculent pas pour le passer. Sur 123.229 élèves inscrits en 2016-2017, seuls 30.000 ont choisi de tenter leur chance. En réalité, ils étaient 25.984 à le passer. La moitié d'entre eux a pu obtenir la moyenne et près de 3.275 sont admissibles dans les lycées pilotes. Ces résultats ne sont pas mauvais, en réalité. Ce qui montre qu'on peut les améliorer grâce à des mesures plus claires comme la réinstauration du caractère obligatoire du concours de neuvième. Il n'en demeure pas moins que quelques réglages restent nécessaires pour améliorer le rendement de cette étape d'évaluation. Les indicateurs enregistrés au cours de l'examen de cette année méritent bien une analyse approfondie. Le premier constat à mettre en évidence, c'est que les performances ou les records restent l'apanage du secteur public. Le détenteur de la meilleure moyenne au concours (19,12/20) est issu d'un collège étatique, en l'occurrence celui de Kheireddine-Pacha à Sidi Bouzid. D'un autre côté, le taux de réussite est resté au-dessus des 50%. Il faut, également, signaler que les moyennes des candidats admis dans les lycées pilotes ont varié autour de 18,81 (Sfax I) et 15 dans 11 gouvernorats. Notons, aussi, que ceux qui ont obtenu une moyenne de 10/20 sont au nombre de 13.320. Soit 51,26% contre 58,67% en 2013. Là, aussi, on enregistre de mauvaises performances dans des matières comme l'arabe, les maths, l'éveil scientifique ou le français. Les élèves qui ont obtenu des moyennes en dessous de 10/20 sont les plus nombreux dans l'épreuve d'arabe : 14.982. Ils représentent 57,77% du total. En éveil scientifique, ils sont 14.896 et représentent 57,60% de l'ensemble. Les maths viennent en troisième position avec 14.742 et 57,25%. Le français, quant à lui, occupe la quatrième position avec 13.784 élèves et un taux de 53,33%. Par contre, chez les lauréats, le nombre de détenteurs d'une moyenne supérieure à 15/20 n'est que de 3% en... arabe, alors que les taux varient de 33,61% pour l'anglais, de 16,68% pour l'éveil scientifique, de 15,82% pour les maths et 15,25% pour le français. Des données à méditer.