Le football tunisien occupe aujourd'hui une place de choix sur l'échiquier continental, et cela doit lui donner du courage à l'heure de négocier la double confrontation décisive face à la RD Congo. Il donne parfois l'impression d'être exsangue, pitoyable et moyenâgeux, surtout lorsque les dirigeants de clubs se chamaillent et se fendent de déclarations ou de gestes répugnants, car on s'y livre à des combats impitoyables et à couteaux tirés. Mais, en fin de compte, le foot national tient la route. Malgré des stades vétustes et anachroniques, malgré les crises financières récurrentes qui frappent ses clubs, malgré des éliminations peu glorieuses de ses sélections des jeunes, malgré des rapports surchauffés entre quelques clubs et l'organe fédéral, malgré des faiblesses arbitrales évidentes. Pourtant, notre championnat est toujours là. La Ligue 1 a occupé une flatteuse 23e place mondiale au classement des championnats nationaux 2016. Cela fait de lui le premier championnat arabe et africain. Quelques esprits chagrins contestent ce classement pourtant établi par les instituts les plus crédibles en la matière. Ils avancent la qualité très moyenne du spectacle proposé. Toutefois, cela ne constitue guère le premier critère retenu par les spécialistes. Le public a peut-être de bonnes raisons de s'ennuyer ferme en suivant une bonne partie des rencontres du championnat. Toutefois, quand il s'agit de retrousser les manches et rivaliser avec les nations arabes ou africaines, nos clubs sont toujours devant. Du moins les plus représentatifs qui forment la fameuse bande des quatre. La phase des poules des coupes africaines a vu tout récemment les quatre représentants assurer brillamment leur qualification en terminant à la première place. Qui dit mieux? Ne pas dormir sur ses lauriers Cet exploit vient dans la foulée de l'importante victoire obtenue le 11 juin dernier pour le compte des éliminatoires de la coupe d'Afrique des nations. On peut par conséquent dire que la Tunisie se trouve cet été sur le toit de l'Afrique. Certes, en football, tout va très vite, et il faut savoir se remettre en question et ne pas dormir sur ses lauriers. Mais il faut savoir également apprécier ses moments d'euphorie. Au niveau de la sélection, on a beau dire que les Aigles de Carthage n'ont jamais pu compter sur un Mohamed Salah (Egypte), un Ryadh Mehrez (Algérie), un Yaya Touré ou Didier Drogba (Côte d'Ivoire) ou un Samuel Eto'o (Cameroun).... Pourtant, cela n'a pas été un handicap insurmontable d'autant plus que la Tunisie a de tout temps privilégié les vertus collectives et l'esprit de corps aux dépens du génie des solistes. Cette qualité peut faire la différence les 1er et 5 septembre contre la RDC. Le premier souci reste la condition physique des joueurs qui sortiront alors des vacances, mais auront néanmoins trois matches dans les jambes. En effet, trois journées du championnat ont été programmées avant de croiser le fer contre les Léopards: les 15 et 16 août (1ère journée), les 19 et 20 (2e journée) et le 25 août (3e journée). La saison des transferts, avec le risque de voir certains internationaux mettre du temps à s'installer dans leurs nouveaux clubs, n'est toutefois pas sans donner des soucis au sélectionneur national, Nabil Maâloul, qui assure: «Ce n'est pas la proximité des deux matches qui m'inquiète, mais plutôt la condition physique des joueurs. Nous serons encore en début de saison. Il va falloir gérer les transferts et les autres aléas», rappelait-il dernièrement au site de la Fifa. «Nous avons fixé un programme précis et observerons les joueurs dans leurs clubs afin qu'ils soient préparés au mieux pour cette étape cruciale. Nous ne laisserons rien au hasard». Le souci du manque de compétitivité Les Aigles, leur sélectionneur en tête, craignent la puissance physique et le jeu très engagé des Congolais. Mais on peut certifier que, si les Aigles sont dans leur meilleure condition athlétique, ils ne seront pas des enfants de chœur. On sait que ce ne sont pas des manchots, et qu'ils savent répondre au défi physique. Jamais dépaysés lorsqu'il s'agit de répondre au combat, on peut leur faire confiance quand bien même ils ne peuvent pas prétendre être à cent pour cent. Notamment pour un Naim Sliti ou un Aymen Abdennour, par exemple, qui n'auront pas beaucoup joué avec leurs clubs, et cela risque de les handicaper. Le thème du manque de compétitivité des joueurs expatriés reviendra alors au premier plan, et le staff technique va s'employer à gérer ce volet avec la plus grande vigilance. Il peut certes s'appuyer sur un tandem médian Ben Amor-Sassi et sur un avant-centre Khenissi en pleine forme au regard de leurs performances dans les compétitions africaines interclubs. Mais il y a beaucoup de postes où le choix ne sera guère évident. La Libye en arbitre Il n'en reste pas moins que si la Tunisie ne prend pas les quatre points espérés dans les deux manches contre la RDC, il y aura toujours moyen de se relancer autrement à la faveur des autres confrontations. Le fait que la Libye recevra la Guinée et la RDC en Tunisie au cours des 4e et 5e journées risque de changer beaucoup de choses. La Guinée a déjà pris les devants en demandant à la CAF de ne pas programmer son match contre la Libye dans notre pays du fait que la Tunisie est partie prenante dans cette poule. Le Congo démocratique n'a pas non plus partie gagnée d'avance le 2 octobre prochain lorsqu'il viendra croiser le fer avec la Libye. En parallèle, les copains d'Ali Maâloul doivent se méfier de leur voyage à Conakry le 2 octobre, une date qui risque de se révéler décisive quant à l'octroi du ticket pour le Mondial au titre du groupe A. En tout cas, pour plusieurs raisons, dont la manne financière revenant au mondialiste n'est pas la moins importante, la Tunisie n'a pas droit de manquer au troisième Mondial de suite. Au risque de s'enfoncer dans l'impasse et de remettre sérieusement en danger ses acquis.