Toujours aussi pertinent, le dinosaure Mokhtar Tlili se veut tranchant dans le cas du sélectionneur national. Un sujet qu'il connaît à fond pour avoir veillé aux destinées des Aigles de Carthage en 1988-1989 «Je crois qu'Henry Kasperczak a commis une erreur impardonnable à l'endroit de l'équipe nationale. Certes, comme d'habitude, au mois de janvier dernier, on a quitté la coupe d'Afrique des nations au stade des quarts de finale. Toutefois, on avait une bonne petite équipe. Je croyais qu'il allait rectifier le tir et aller de l'avant avec cette équipe-là. Et patatrac ! Comme dans un laboratoire, Kasperczak a renoué avec ses expérimentations. Et cela a freiné l'élan de l'EN. Constituant désormais «une carte brûlée», son départ s'impose. Toujours faut-il trouver son successeur. Mais n'y a-t-il pas un jeune coach tunisien capable de relever le défi ? Il faut à présent composer avec le calendrier africain de nos représentants. Et penser que dans les mois qui suivent, nous allons avoir affaire à l'Egypte, puis la République Démocratique du Congo, et la Guinée à Conakry. Trois échéances très délicates sur le chemin de la CAN et de la Coupe du monde. Les gens se focalisent sur l'Egypte et la RDC, et oublient une sortie très importante qui va faire, elle aussi, la différence: le déplacement en terre guinéenne. Car le 13 novembre dernier, la RDC a ramené de Conakry un succès (2-1) très important, mettant la pression sur la Tunisie qui ne doit pas à son tour se louper dans la capitale guinéenne». «Le discours doit changer» «Je suis favorable à la désignation d'un entraîneur tunisien, capable d'entrer tout de suite dans le vif du sujet. Je ne retiendrai pas le nom de Sami Trabelsi qui s'est éloigné depuis assez longtemps de notre compétition. Il reste Faouzi Benzarti et Nabil Maâloul. Dans le cas du premier, le hic, c'est que l'Espérance de Tunis refuse de le libérer en faveur du team national, parce qu'il s'est engagé en faveur du club de Bab Souika suivant un projet sportif. Je ne veux pas verser dans la démagogie en invoquant des histoires de priorité nationale ou de servir le drapeau. On connaît ce que des gens font actuellement de l'intérêt national. Je me mets plutôt dans la peau du président de l'EST qui a engagé Benzarti pour jouer sur trois fronts: championnat et coupe de Tunisie, et Ligue africaine des champions. Et peut-être même quatre si l'on y ajoute la Ligue des champions arabes. Reste la candidature de Maâloul qui peut faire l'affaire: c'est le technicien le plus titré de ces dernières années. Le seul Tunisien à disposer de diplômes pro. Certes, quelques entraîneurs étrangers peuvent répondre au profil recherché, mais je préfère que ce soit un Tunisien. S'il faut vraiment que ce soit un étranger, je pense tout de suite au Portugais Paulo Duarte qui connaît parfaitement notre football pour avoir coaché le Club Sportif Sfaxien. Ce bonhomme a battu en 2007 la sélection de Roger Lemerre à Radès même, avant de récidiver en quarts de finale de la dernière CAN-2017, toujours à la tête du Burkina Faso. C'est aussi quelqu'un qui connaît parfaitement l'Afrique. Quoi qu'il en soit, nous devons tous soutenir le prochain sélectionneur parce que battre l'Egypte, puis le Congo ne sera pas une mince affaire. J'ai entendu certaines gens soutenir ces derniers jours qu'il faut garder Kasperczak. Comme on dit dans le jeu de cartes, le Polonais a perdu la main. Son maintien aurait signifié faire du surplace, voire reculer. Il a perdu toute autorité sur la sélection. On sanctionne Houcine Ragued, et il ne bouge pas le petit doigt. On écarte Ferjani Sassi, et il s'en accommode. Par conséquent, il n'a plus sa place à la tête du onze national. Je crois que tout le staff doit être changé à partir du moment où il faut maintenant un nouveau discours, changer radicalement notre regard à l'égard de l'équipe de Tunisie. Et ce nouveau staff doit avoir présent à l'esprit le fait qu'il se trouve là en tant que locataire, et qu'il ne dispose d'aucune «patente». Il peut donc s'en aller lui aussi à tout instant». «Une défense de remplaçants !» «Tous ceux qui ne jouent pas ne doivent pas être convoqués. Non aux non-compétitifs ! Un des paradoxes de l'ère Kasperczak ne consiste-t-il pas à voir Syam Ben Youssef, remplaçant à Caen et rentrant en sélection, alors que le défenseur titulaire qui joue à sa place à Caen est un autre Tunisien, Alaâeddine Yahia qui n'est jamais convoqué en sélection ? Sliti n'est plus que l'ombre du joueur que nous avons découvert à la CAN. Tout simplement parce qu'il ne joue plus avec son club. Cela s'appelle quoi au juste ? Cinq joueurs sont alignés en sélection alors qu'ils ne jouent pas dans leurs clubs. Ma petite expérience m'a appris que la condition sine qua non de la réussite s'appelle la compétitivité. Or, notre défense est composée presque exclusivement de joueurs remplaçants dans leurs clubs (Abdennour, Ben Youssef, Maâloul....). On convoque des joueurs venant de Vicenze, de Niort....Ces clubs sont-ils meilleurs que les nôtres ? On convoque Ghazi Ayadi et Ghaylène Chaâlali pour deux matches amicaux devant le Cameroun et le Maroc. En fin de compte, ces jeunes talents ne jouent pas une seule minute. Dix jours plus tard, il est tout à fait normal qu'ils reviennent dans leurs clubs démoralisés et physiquement à plat. Dans l'immédiat, nous possédons un bon petit groupe qui va récupérer les joueurs blessés. Il faut construire là-dessus et aller de l'avant sans vague à l'âme ».