La deuxième soirée de l'édition 2017 du Tabarka Jazz Festival s'est déroulée dans le calme et la sérénité, il semble que, côté organisation, on a bien retenu la leçon et on a tout fait pour que, les dérapages de la soirée d'ouverture ne se reproduisent pas. Purement maghrébine fut la seconde soirée du Tabarka Jazz Festival, avec des sonorités festives et vitaminées. La programmation a réussi une parfaite harmonie où se complétaient les rythmes d'une Diva sahraouie, et le peps de l'Orchestre national de Barbès. Le public a accédé à la basilique sans bousculade, l'amphithéâtre était prêt pour les accueillir, et on était prêt pour passer une soirée hautement colorée. C'est Oum qui a assuré la première partie de la soirée. Chanteuse exceptionnelle au regard étincelant, elle était au meilleur de sa forme, tunique bleu azur, turban dans les cheveux, elle semble sortir d'un conte des mille et une nuits version sahraouie. Sa musique est un chant mélodieux inspiré du jazz et de l'Orient, Oum nous a offert «Zarabi», son nouvel album qui réussit le tour de force d'être un formidable album de musique d'aujourd'hui qui nous permet de découvrir une personnalité émouvante, sincère, engagée et résolument moderne. Son nom est une seule syllabe, une évocation de la mythique Oum Kalthoum, mais aussi un diminutif de son prénom Oum El Ghaït Ben Sahraoui, qui porte tout un legs musical de ses racines sahraouies. Sur scène, Oum enchaîne les titres entre nouveaux et anciens, entre tubes et découvertes, elle s'ancre bien dans la terre de ses origines pour rejoindre d'autres cieux, ceux du jazz, de la soul. Par sa voix, elle transporte, s'élève, entraîne hors des sentiers battus et explore de nouveaux horizons. Elle s'enrichit de l'ailleurs pour donner une nouvelle forme à une richesse ancestrale. Le public la suit, l'accompagne et adhère à son projet, il se laisse guider par ses enchaînements. Oum séduit là où elle passe, elle est l'incarnation de la subtilité et de la finesse avec une vision de son art bien claire... Elle sait très bien d'où elle vient et maîtrise à la perfection son chemin. Après quelques minutes nécessaires pour l'installation, c'est l'ONB qui arrive sur scène, avec un bain de jouvence et de l'énergie à revendre. Une tendance musicale festive et rigolarde envahit la scène. La naissance effective de l'Orchestre national de Barbès remonte à 1996. Depuis, cette joyeuse bande, mélange de musiciens nord-africains, de Portugais et de Français d'en haut, d'en bas et d'à-côté, sillonne les scènes partout dans le monde. Leur travail est unique : détenteurs d'une connaissance particulière de la musique traditionnelle d'Afrique du Nord, aussi bien au niveau technique que spirituel, ils continuent pourtant leur recherche de sonorités nouvelles. La pop fait aussi partie intégrante de leur style et s'y glisse facilement grâce aux instruments électriques. On les voit tous rayonner de plaisir à jouer ensemble dans une complicité que l'on devine sincère. Le public de Tabarka ne se laissait pas prier pour partager cette énergie festive de l'Orchestre national de Barbès, le membre du collectif connaît bien la scène, les concerts live sont lieux de prédilection où fleurissent leur énergie. Ils enchaînent les titres entre gnaouis, sahraoui, bédoui... La darbouka bat son plein, les karkabous ajoutent ce grain épicé et cuivré, la guitare, la basse, la trompette et l'accordéon relèvent l'ensemble. Le public est euphorique, la scène maintient le rythme jusqu'au bout pour finir en beauté avec «Bab Hadid» le titre légendaire de l'ONB. Tabarka Jazz Festival se poursuit jusqu'à la fin de la semaine avec une programmation artistique qui attire un public qui fait le déplacement et une organisation qui s'améliore et tient compte des attentes des visiteurs.