En exclusivité à Hammamet rendez vous le 28 juillet 2010 avec l'Orchestre National de Barbès. Mythique quartier immigré de Paris, Barbès est en passe de devenir le nouveau quartier latin de la capitale française. En 1995, cependant, quand l'ONB voit le jour, Barbès est encore LE quartier multi-ethnique qui abrite le célèbre magasin TATI qui exportait alors aux quatre coins d'Afrique l'inoubliable vichy rose de ses sacs en plastique. Et voilà pourquoi "Barbès", pour un orchestre qui regroupe de 12 à 20 musiciens venus du Maghreb pour la plupart et de France, d'Afrique, du Portugal pour les autres. Et voilà pourquoi aussi "National", Barbès étant pour les immigrés une patrie ! Fondé par Youssef Boukella, ancien bassiste du groupe de rock algérois T34 et de Cheb Mami autour de quatre compositeurs venus du rock comme lui et/ou du raï ou des gnawas ou de la musique soufie, le groupe porte la marque d'un véritable melting pot musical. Formation plus à l'aise sur scène qu'en studio, le groupe commence par se produire en concert et mettra deux ans avant d'enregistrer son premier album, dans les conditions du Live et dans un ancien hangar désaffecté d'Arcueil qu'ils appellent l'Usine. Le studio traditionnel ne rend pas aussi bien, en effet, ce que Youssef Boukella appelle "l'âme mouvementée" de l'ONB. Une âme qui tient à la fois de la rythmique endiablée qui est leur marque et du plaisir extraordinaire et palpable que les musiciens ont à jouer ensemble. Après un démarrage en trombe qui le propulse dans tous les festivals de la World Music, le groupe marque le pas en 1999. Il revient en 2008 avec un album un peu moins rock et plus engagé. "Alik" est d'abord un hommage à trois compositeurs de raï, pionniers de la chanson immigrée dont ils revisitent les titres les plus fameux Cheikh Mamachi (Civilisi Oki), Slim Azem (Résidence), Mohamed Mazouni (Lila) mais c'est aussi une manière de réaffirmer leur attachement à leur propre histoire. Plus nettement marqué par les sonorités maghrébines, on y trouve aussi des airs de guinguette et, renvoi d'ascenseur, une reprise assez étonnante du légendaire "Sympathy for the devil" des Rolling Stones qui, de leur côté, jouent régulièrement en concert "Alaoua", un titre made by ONB ! La tournée 2010 qui les amène à Hammamet est liée à la sortie de leur dernier album "Rendez-vous Barbès", un tour du quartier qui prend des allures de tour du monde, celui des migrants, bien sûr ! Avec des morceaux chantés en arabe ou en français, on passe d'un groove alaoui tonique (Sidi Yahia-bnet Paris) à un ska cuivré interrogatif (Chkoun ?), un dub oriental (Chorfa), un reggae à la cool (Rod Balek) ou une tournerie gnawa (Laafou). Quant au titre qui donne son nom à l'album, il nous invite à une ultime et salutaire visite de Barbès avant que les bulldozers n'aient fini d'éventrer la "Casbah de Paris". Une soirée où personne ne restera vissé à son siège ! Comme le dit Youssef Boukella "Avec l'ONB, pas le temps de s'échauffer, on transpire fissa !".