Sur le terrain, il casse des reins. A l'entraînement, Lucien Favre, coach de Nice, le flanque d'un marquage, le corrige et le polit, notamment en ce qui concerne les phases défensives. Et soudain le pied s'ouvre : un petit pont au centre de l'arène, 31 342 spectateurs debout. «Il y avait du monde, du bruit, l'Ajax en face : il faut être fou pour ne pas aimer ça». Le sourire timide et la voix basse contrastent avec l'audace du geste, comme si le plus beau des discours se rédigeait avec les pieds. A 20 ans, Bassem Srarfi a goûté à son premier match européen comme on goûte une brise d'été : avec chaleur, fraîcheur et sérénité. Avant le match retour face à l'Ajax, le «petit» meneur de jeu s'est installé tranquillement dans un fauteuil pour parler de lui. De son arrivée, son acclimatation, ses premiers pas. En short et en claquettes, après l'entraînement du matin et avant de partir au combat. «Chaque Entraînement, Chaque Match : Tout Etait Différent» Cinq apparitions, 41 minutes de jeu, un penalty provoqué : en 5 mois, l'espoir du Club Africain a progressivement pris ses marques en L1. Débarqué en janvier au milieu d'un vestiaire en béton, leader de l'élite et lancé dans la course à la Ligue des Champions, il s'est appliqué à forger ses repères, malgré l'impression déstabilisante d'avoir changé d'univers. «Du jour au lendemain, je me suis retrouvé avec des joueurs plus vieux que moi, décrit-il, avec Dante, Balotelli, Belhanda. C'était la première fois que je quittais mes parents, et que je changeais de pays, de club, de championnat... Oui, c'était dur. Et par rapport à ce que j'avais connu, c'était au-dessus : chaque entraînement, chaque match, tout me semblait différent. Je me suis dit que ça allait être vraiment très difficile, et forcément quand c'est le cas, tu commences à douter». Conscient de la taille du changement, le Gym couve «l'Aiglon de Carthage», hyper suivi dans son pays d'origine, peu habitué à voir ses pépites du crû s'envoler aussi tôt. En marge du sportif, tout est mis en œuvre pour rendre familier son premier départ. Son ancrage sur la Côte se déroule sans accroc et, très vite, les nouvelles habitudes gomment les premières difficultés. Le soleil de «la Belle» le réchauffe, les paroles entendues le rassurent. «Les dirigeants et le coach m'ont toujours dit de ne pas me faire de souci, car mes six premiers mois devaient me servir à m'adapter. Ils m'ont fixé un cap pour être prêt : juillet. A partir de là, ce serait à moi de prouver que j'avais digéré mes premiers mois». Liberté d'expression Les vacances facilitent cette «digestion» et son retour marque le début d'un nouveau cycle. Dans le vestiaire, Bassem brise la glace, s'ouvre aux autres. Sur le terrain, il casse des reins. A l'entraînement, Lucien Favre le marque à l'individuelle, le corrige et le polit, «notamment en ce qui concerne les phases défensives». Offensivement, il tourne autour de Mario Balotelli lors des rencontres amicales, profite de la masse de l'Italien pour croquer les espaces, décroche pour orienter, joue, fait jouer. Il inscrit ses deux premiers buts niçois lors du large succès face à Nyon (4-0), puis offre un caviar à Arnaud Souquet à la Gantoise. «On m'a donné une chance, j'essaye d'en profiter à fond et de ne pas la lâcher», confie l'élégant gaucher. Cette «chance» et sa régularité le mènent à l'aller face à l'Ajax, son enjeu, son ambiance. Devant les Bataves, il est réveillé par ses deux premiers contacts «européens». Derrière, il brille par sa justesse, son envie et sa vitesse. Ça promet ! Source: ogcnice.com