Le Fifak, Festival international du film amateur de Kélibia, attire toujours autant de monde. C'est le rendez-vous incontournable des cinéphiles qui viennent, chaque année, se ressourcer dans l'amitié et l'imaginaire des autres, débattre de questions liées à l'art du documentaire et de la fiction, découvrir de nouveaux talents, apprendre ce qui se passe sous d'autres cieux en matière d'expression cinématographique et profiter de la mer si belle de cette ville côtière, on ne peut plus, peuplée de vacanciers. Avant-hier, samedi 12 août, pendant l'accueil, l'équipe organisatrice de la Ftca (Fédération tunisienne des cinéastes amateurs) était débordée. Kélibia manque toujours d'infrastructure hôtelière et la Ftca doit loger 400 participants. Tout le monde finit par s'installer, les uns dans un hôtel de la place et les autres entre la maison de jeunes et l'Ecole de pêche. Après les retrouvailles et les accolades, on se prépare pour la cérémonie d'ouverture. Le théâtre de plein air qui porte désormais le nom de Zine-Essafi, en hommage au chanteur engagé originaire de la ville, a ouvert ses portes à 21h00. C'était plein à craquer. Le public fidélisé à cette manifestation a vite occupé les gradins toujours aussi inconfortables. A l'arrivée des invités officiels (la ministre de la Jeunesse et des Sports, le premier délégué, le délégué des affaires de la jeunesse à Nabeul, le délégué régional de l'agriculture et la directrice du cinéma du ministère des Affaires culturelles), la cérémonie démarre avec les allocutions de bienvenue et les présentations des jurys (national et international). Le nouveau jungle du festival annonce la couleur de la 32e édition : des gouttes d'eau dans l'océan et des poissons qui nagent... «Il n'y a que les poissons morts qui suivent le courant», rétorque Aymen Jellili, le directeur du festival pour dire combien le Fifak tient à son identité et combien les cinéastes amateurs et leur fédération tiennent à leur indépendance. Le Fifak est né libre et le restera. L'écran se rallume pour le film d'ouverture : Tant qu'on vit, un long métrage de production suédoise, réalisé par le Burkinabé Dani Kouyaté qui signe le début d'une coopération entre la Ftca et les cinéastes d'Afrique subsaharienne. Il s'agit de l'histoire d'une infirmière appelée «Kandia». Celle-ci, veuve d'un suédois, a du mal à communiquer avec son fils unique mordu de musique. Suite à un accrochage, Kandia décide de retourner au pays, la Gambie. L'heure était venue pour elle de renouer avec ses racines pour savoir où elle en est. Alors qu'Ibrahim négocie son contrat avec un producteur, Kandia retrouve les siens et tente de convaincre son frère d'accepter le mariage de sa fille avec un musicien. Ce problème de famille ouvre les yeux de Kandia sur une évidence : son fils a raison d'aller jusqu'au bout de sa passion. Le doute cède la place à la certitude. L'infirmière qui était perdue, se retrouve et se réconcilie avec elle-même et sa belle-famille suédoise qui, auparavant, l'avait refusée. Ibrahim, quant à lui, refuse qu'on lui change les textes de ses chansons, annule le contrat et sombre dans la déprime. Mais l'artiste ne touche pas le fond et décide de partir retrouver sa mère. Là-bas, dans son pays d'origine, il y a peut-être moyen de dire ce qu'il a envie de dire. Et c'est avec le fiancé de sa cousine, qu'il chante une chanson dédiée à sa mère. Finalement, le fils reste en Gambie et la mère repart en Suède. On s'attendait à plus de complications pendant le trip existentiel de Kandia. Mais tout s'arrange dans ce film présenté en première africaine au Fifak. La vie s'écoule comme un fleuve tranquille, et les inflexions des drames restent dans une courbe sage. Bof !