Un doux et joyeux passage de cette grande dame qui marquera sans doute l'histoire du festival. Elle n'est pas très connue par le public tunisien, les plus avertis la connaissaient déjà, la Caribéenne Calypso Rose était parmi nous, jeudi dernier, dans le cadre de la 53e édition du Festival international de Hammamet. 77 ans et une jovialité sur scène qui n'a pas pris une seule ride, l'artiste n'a pas volé son sacre de Reine du calypso. Née en 1940, à Tobago, dans une famille très pauvre de treize enfants, élevée par sa tante qui aime danser et faire la fête, elle grandit bercée par un gramophone, au son du calypso, musique afro-caribéenne popularisée dans les années 50 par Harry Belafonte. Son père, pasteur, lui interdit cette «musique du diable», elle lui tient tête en rétorquant que : «C'est dieu qui [lui] a donné ce talent, pour amener la joie dans le cœur des gens et dénoncer les injustices». L'ambiance était détendue et très festive au théâtre de plein air. Un public nombreux s'est déplacé pour vivre le concert de la chanteuse mais aussi pour danser sur la fameuse musique de carnaval, issue des Antilles. Une musique qui a inspiré des artistes tels que Bob Marley et Miles Davis et dont elle a été l'ambassadrice des années durant. Les pierres du théâtre ont vibré, jeudi dernier, aux rythmes de ces sonorités créoles servies par d'excellents musiciens (batterie, basse, trompettes, clavier) et une choriste qui a su prendre la relève sur la chanteuse qui allait par moments se reposer. Calypso Rose, avec un bonheur contagieux et une énergie qui en dit long sur ses années de jeunesse, nous a prouvé que ce qui importe le plus, c'est la fraîcheur de l'âme et la jeunesse du cœur... La chanteuse nous a offert des titres de son album «Far From Home», le 20e album de sa riche discographie, produit par Manu Chao qui a signé, également, les arrangements additionnels (joignant, pour l'album, sa voix à celle de la reine du calypso sur trois chansons). Elle a chanté mais elle a aussi beaucoup parlé, entre autres, de l'émancipation de la femme, elle qui a été violée à l'âge de 18 ans et qui, depuis, n'a cessé de défendre les droits des femmes contre les violences conjugales. Le verbe joyeux mais qui peut être incisif et critique, une joie de vivre débordante, des rythmes endiablés qui portent les marques des esclaves et des musiciens qui ont su entraîner le public. Celle que l'on surnomme la reine du calypso s'est prêtée avec joie aux jeux des selfies. Un doux et joyeux passage de cette grande dame qui marquera sans doute l'histoire du festival.