Pour l'édition de 2017, l'équipe du «Festival Ephémère», active depuis 2014, a troqué le concept original contre deux rendez- vous toujours intitulés «Ephémère», mais classés «Hors–série». Le format a changé et, par conséquent, le festival, tel qu'on l'a connu, n'existe plus... Cette année, l'équipe fondatrice tend vers «l'innovation», «le renouveau», ou c'est du moins, ce qu'elle a clamé ! Le premier événement a cédé sa scène au très controversé Karkadan, en juillet. Le 2e s'est déroulé le vendredi, 15 septembre. Deux pointures montantes de la scène musicale nationale, à savoir «Gleam of Hope» et «Haze-M», ont répondu présent en dirigeant la première partie d'un set exceptionnel, celui du très attendu Solomun, star planétaire, qui a fait vibrer cette foule de jeunes, présents en masse, jusqu'au petit matin. Malgré une programmation soigneusement établie et forcément prisée pendant les deux rendez–vous, une fois sur place, l'insatisfaction et la nostalgie ont fini par prendre le dessus. C'est le cas des fidèles y compris à «ce hors–série» Ephémère, censé clôturer les festivités estivales sur les chapeaux de roues, mais qui, au final, n'avait plus rien à voir avec ce qu'était le festival «Ephémère», pendant les trois dernières années, ne gardant que le nom... En effet, cet événement s'est longtemps apparenté à l'art et à la musique. Cette année, il a radicalement failli à sa réputation : dixit variété musicale, arts et arts visuels, place au clubbing pur et dur. 21h30, les festivaliers fort nombreux faisaient la queue devant l'entrée d'un hôtel à Gammarth. La sécurité était à son comble et se faisait sentir pendant la longue attente. «Gleam of hope» était déjà sur scène... Ce duo de passionnés tunisiens s'est rapidement distingué par sa musique électronique. Depuis mai 2015, il a conquis le public grâce à de nombreuses performances à Tunis. «Haze-M» a pris magistralement la relève : ce jeune prodige tunisien de la scène électronique n'avait rien à envier à un Solomun en fureur : ses tracks ont d'ailleurs été repris par ce dernier, mais également par Maceo Plex, Ritchie Hawtin ou encore Luciano. Des références dans le secteur de la musique électronique mondiale. Cet artiste, également producteur, a fait le tour du monde et a été reçu à Amsterdam, aux USA, en Russie, mais également à Istanbul, à Ibiza ou en Allemagne. A 1h00, place au géant de la musique électronique... Solomun débarque devant une foule en délire ! Pour beaucoup, son passage à Tunis est un tournant marquant dans l'histoire en marche de la scène électronique tunisienne, sans cesse en effervescence depuis plus d'une dizaine d'années. Elu meilleur DJ de l'année au monde, notamment à Ibiza, — la Mecque de la musique électro et d'après des revues référence en la matière dans le monde — l'allemand n'a pas manqué à l'appel du «festival Ephémère» et de ce que ses jeunes protagonistes ont accompli. Rappelons que, deux ans plus tôt, leur travail remarquable a pris les allures d'une lutte acharnée pour le maintien d'une scène musicale, mais surtout artistique, meilleure, fraîche et dans l'air du temps, malgré le contexte sociopolitique extrêmement fragile du pays. Oui ! Une période qui semble tellement lointaine où «L'Ephémère» résistait tant bien que mal aux affres d'une année noire, celle de 2015 : le terrorisme sévissait, en broyant la sécurité de l'Etat et son tourisme, atteint de plein fouet. Pourtant, cette manifestation estivale, où seuls les arts visuels et la musique étaient les maîtres-mots, gardait brillamment la cadence. Deux ans plus tard, l'«éphémérisation» du lieu de l'événement a consisté juste à ajouter un zeste de magie décorative attrayante. «Heureusement que le set de Solomun a soufflé un vent de positivité !», a déclaré M. 25 ans. «Moi qui suis fidèle aux trois éditions, en débarquant, je me suis sentie complètement dépaysée, quelque chose manquait : Ephémère n'est plus ce qu'il était !». «Musicalement, j'ai été gâtée ! Ce dieu de la musique était incontournable. Je me devais d'être là ! Mais pour ce qui est de l'organisation et du reste, je cite que je n'ai été présente qu'à une seule édition auparavant, mais la comparaison ne s'impose même pas ! Avant, on pouvait se dire que c'était un festival, ce soir, on a juste assisté à une "Rave Party" qui n'avait rien de culturel ni d'artistique», nous affirme Aicha, 23 ans. «Je salue tout de même cette initiative : celle qui nous a permis d'assister à Solomun ici, en Tunisie, ce n'est quand même pas rien !», conclut-elle. Le constat était unanime ! La programmation de ces deux hors – séries était excellente, côté «choix des artistes». Mais ce nouveau format de l'Ephémère n'a pas convaincu et a été boudé par les festivaliers les plus assidus : ils ont raté un set géant certes, mais pas l'art inexistant, le décor paresseux et les tables VIP Bling-Bling. Cette soirée-là était au goût de toutes celles et tous ceux qui étaient venus exclusivement pour Solomun, les adeptes de «l'Ephémère», eux, sont restés sur leur faim. Crédit Photo : Hamza Bennour