Il était l'homme de la dernière passe. Qui des Clubistes ne se souvient pas de ce talentueux technicien qui jouait des deux pieds ? Certainement pas Moncef Khouini et Hassen Bayou qui profitaient de ses passes magiques pour marquer but sur but. Ecoutons-le. L'enfant de Ras Edarb n'a connu qu'un seul et unique club dans sa carrière. Né le 4 juin 1949 à Bab Jedid, il ne pouvait opter que pour le Club Africain. Il a signé sa première licence en 1962 pour évoluer avec les minimes. «Depuis, j'ai gravi les échelons pour débarquer chez les seniors en 1969. Dès mes débuts je fus promu capitaine d'équipe dans les catégories des jeunes. A l'époque, feu Salah Aouij était le président du club. Il était aussi mon père spirituel». Ces souvenirs sont ceux de Abderrahmen Nasri, «Na» pour les intimes, le longiligne milieu de terrain du Club Africain qui a débuté en 1969 avec l'équipe seniors. Qui ne se souvient pas de son élégance sur le terrain, de ses passes millimétrées et d'un tir foudroyant ? Abderrahmen Nasri revient sur son enfance et ses débuts : «Nous étions toute une bande de copains de Ras Edarb à avoir signé au profit du Club Africain. Je me rendais aux entraînements avec Hassen Bayou, Ali Rtima, Tahar Zidi, Youssef Lakhdhar et Corso. Nous étions du même quartier». Une fois en équipe seniors, Nasri ne passe pas inaperçu. Il est lancé dans le bain face à l'Avenir Sportif de La Marsa au stade Chedly-Zouiten. Ce fut son baptême du feu. Depuis, il effectuera un long parcours avec les «Rouge et Blanc». L'organisation était son point fort Il se distinguait des autres en jouant des deux pieds. Son point fort ? C'était la clairvoyance et l'organisation du jeu. «Je n'étais à proprement dit pas le grand buteur. Je marquais certes des buts, mais j'en faisais plutôt marquer. Hassen Bayou et Moncef Khouini en savent quelque chose», a rétorqué «Na». A noter que Nasri se faisait remarquer contre l'Etoile Sportive du Sahel et le Club Sportif Sfaxien. Il était un peu leur bête noire. Quant au derby, il ne cesse de répéter que le meilleur ne gagnait jamais. «C'est bizarre, je réussissais souvent à marquer contre l'ESS et le CSS. J'étais un peu leur bête noire», a-t-il repris. C'est sans doute la façon de jouer de l'Etoile et du CSS qui lui convenait et lui permettait de se mettre en évidence, jouissant d'une technique raffinée. Le football lui a aussi permis de se faire pas mal d'amis. Tarek Dhiab, Abdelmajid Ben Mrad, Zoubeïr Boughnia, Abdelmajid Gobantini, Abdelkrim Bouchoucha et Abdelkader Ben Saïel sont ses potes. D'ailleurs, il ne peut oublier l'ami «Gaddour», l'arrière espérantiste qui avait assisté aux noces de Nasri, se permettant même de prendre le micro et chanter. A l'Etoile du Sahel, Othman Jenayah, feu Ajroud et Mohsen Habacha étaient aussi ses copains. D'ailleurs, Abderrahmen Nasri se souvient d'avoir expédié le grand Habacha à terre suite à un tir violent lors d'un Club Africain-Etoile à El Menzah, soulevant l'hilarité du public. Ses deux idoles resteront tout de même Attouga et feu Tahar Chaïbi, bien qu'il aime répéter que les deux grands joueurs qu'il a côtoyés sont son coéquipier Abderrahmen Rahmouni et le Cotiste Mohieddine Habita. Abderrahmen Nasri, c'est aussi le joueur aux 12 titres avec notamment les trois coupes maghrébines consécutives remportées en Tunisie, en Algérie et au Maroc. Et ses meilleurs souvenirs ? «Je ne peux oublier la finale de la coupe de Tunisie de 1972-73 face à l'ASMarsa. Un dégagement de Attouga ponctué d'un centre à la perfection permet à Moncef Khouini de battre le portier Ferjani Derouiche de la tête et le tour était joué», se souvient-il. Mais aussi de cet autre but face à l'Etoile du Sahel quand il avait dribblé Habacha et Bicha pour battre Ajroud dans un angle fermé. Aujourd'hui, Abderrahmen Nasri se souvient de la fin de sa carrière en 1980 et de la relève prise par Hédi Bayari à son poste. Du grand art également ! Il ne pouvait pas terminer sans évoquer le nom de Youssef Msakni, un joueur qui lui plaît énormément et qu'il aurait aimé voir évoluer en Europe plutôt qu'au Qatar. Voilà pour ceux qui n'ont pas eu le plaisir de voir Abderrahmen Nasri à l'œuvre. C'était un régal.