Chaque année, le TN fait travailler plus de 80 artistes et une vingtaine de prestataires de services pour combler les emplois vacants dans la production, la distribution, la communication, l'accueil. Des chiffres qui indiquent qu'il est essentiel de procéder à sa réorganisation en sa qualité d'institution et en vue d'assurer la relève. Le Théâtre National annonce le lancement de la saison culturelle par un temps qui se rafraîchit. Jour après jour, espaces et institutions dévoilent leurs programmes. Mardi, c'était au tour du Théâtre National de lever le voile sur une programmation très attendue. En témoigne la présence massive de journalistes venus couvrir la conférence de presse tenue à l'espace Quatrième Art au Centre de Tunis à partir de 11h00. Le directeur général du TN, Fadhel Jaïbi, entouré de ses pairs et collaborateurs, notamment de son prédécesseur à la tête de l'institution, Anouar Chaafi, et du jeune Aymen Mejri, présente un bilan de la session écoulée et son projet pour 2017-2018. Jaïbi tient à préciser d'emblée qu'il s'est employé à la restructuration du TN qu'il a trouvé dans un piteux état sur les plans administratif, matériel et financier. C'est la raison pour laquelle il avait accepté cette mission après la révolution, et de poursuivre, «l'évaluation s'accompagne d'une refonte structurelle du TN ainsi que de l'optimisation des ressources humaines». Contrairement à ce qui a été colporté par un syndicaliste dans un journal, Fadhel Jaïbi dément avoir mis à la porte 60 employés. «Ce n'est pas vrai, s'insurge-t-il, je n'ai renvoyé que quatre pour avoir porté atteinte à l'institution et présenté de faux diplômes». Chaque année, le TN fait travailler plus de 80 artistes et une vingtaine de prestataires de services pour combler les emplois vacants dans la production, la distribution, la communication, l'accueil. Des chiffres qui indiquent qu'il est essentiel de procéder à sa réorganisation en sa qualité d'institution et en vue d'assurer la relève. Le candidat présente un projet devant une commission Un indicateur qui donne une idée sur la situation qui prévalait avant, avec le trafic de faux certificats médicaux et les longs congés injustifiés, a chuté de 80%. De même, et parce que le cumul des postes est désormais interdit, il y a ceux des employés qui ont choisi volontairement de partir et ceux qui sont restés ; des administratifs, des techniciens, des agents qui luttent pour la survie de l'établissement. «Ce sont ces gens-là qui ont fait que le TN et la salle du Quatrième Art deviennent des enseignes connues en Allemagne, au Japon, en France et en Tunisie», signale reconnaissant Jaïbi. En outre, un projet global a été présenté à l'autorité de tutelle, s'il est adopté par le Conseil des ministres, il sera présenté au public. Les objectifs se déployant sur cinq ans, 2016-2020, sont exposés dans un livret de 60 pages. Une structure d'organisation est chargée de mettre de l'ordre au niveau administratif, technique, organisationnel. «S'il n'y a pas de vision, il ne peut y avoir de théâtre», décrète-t-il. Le stade en ce moment est à l'élaboration de la loi fondamentale de l'institution et du règlement intérieur, ainsi que la mise en forme des conditions de nomination du directeur général du TN. En substance, il faut que le candidat présente un projet devant une commission, et non pas qu'il soit désigné par un ministre ou un président de parti politique. Le mandat est d'une durée de trois ans, reconductible une fois, et, deux fois au maximum, pour lui permettre de mettre en place son projet. Une proposition inspirée des pratiques usitées dans des pays pionniers dans le domaine. La saison culturelle écoulée La défense du métier, une expression qui est revenue souvent tout au long de la rencontre avec la presse qui a duré plus d'une heure. «Dans le cadre de ce projet, nous sommes en train de défendre le métier de l'acteur», précise encore le conférencier. Dans cette optique, trois œuvres ont été créées avec les élèves diplômés de l'atelier de l'acteur et les pensionnaires du jeune TN : «Dès que je t'ai vu», «Fausse couche» et «Ivresse des profondeurs» qui sera présentée en novembre. 51 spectacles ont été accueillis durant la précédente saison. Les représentations du TN sont au nombre de 39 dont 22 ont été présentées dans la salle du Quatrième Art, 9 dans les régions et 8 à l'étranger. «Le peu de représentations dans les régions nous interpelle et nous force de mettre le doigt sur un problème endémique qu'il faut traiter dans le cadre de la restructuration du secteur du théâtre», estime encore le directeur du TN qui appelle à renforcer le budget des représentations régionales. Jaïbi a évoqué de manière explicite les délégués culturels qui choisissent et excluent arbitrairement les représentations appelées à être présentées dans leurs régions d'affectation, «préférant un one man show à une pièce de théâtre élaborée». Par ailleurs, une information de taille a été livrée aux journalistes, entre octobre 2016 et mai 2017, 26 mille spectateurs ont payé leurs billets pour suivre un spectacle dans la salle du Quatrième Art. Un projet d'abonnement est prévu Les manifestations internationales comme «La semaine de la journée mondiale du théâtre», «Les Journées théâtrales de Carthage» seront maintenues, apprend-on. Parmi les programmes spéciaux qui ont rencontré un franc succès et fait connaître les jeunes artistes, la «Happy hour» qui sera perpétuée chaque jeudi durant la présente saison. Les lectures théâtrales de textes tunisiens et grands textes étrangers, supervisées par Jalila Baccar et un groupe de jeunes comédiens, seront reconduites également. La pratique du club de cinéma sera elle aussi maintenue avec un nouveau groupe. La séance de cinéma est programmée chaque samedi à 15h00. Divers projets de coopération avec le Centre culturel international de Hammamet et son directeur Moez Mrabet sont en train d'être mis en place. Egalement avec le Centre national de la marionnette pour un programme destiné aux enfants. Un projet d'abonnement est prévu. Des cartes d'adhésion seront mises à la disposition du public conférant quelques privilèges aux abonnés dont la priorité pour les réservations. S'ouvrir sur les Tunisiens et les arabes résidant à l'étranger D'autres projets de coopération internationale sont prévus, entre autres avec le «Piccolo teatro di Milano», un parmi les plus importants théâtres européens. C'est une relation vieille de plus de treize ans, insiste Fadhel Jaïbi. Fruit de cette collaboration, la pièce «Violences»». En outre, ces accords permettent au TN de se produire sur des scènes internationales. Un autre projet dans le domaine de la formation est mis en place avec l'Ecole nationale supérieure des arts et techniques du théâtre de Lyon, ainsi qu'avec la plus importante compagnie de formation : le Conservatoire national de Paris dont les lauréats sont intégrés par la comédie française, les troupes et centres d'art dramatique les plus importants de théâtre. Avec l'ensemble de ces établissements et d'autres, les échanges seront perpétués à travers une relation d'égal à égal. Cette année, le TN a produit 6 œuvres en tout. Un cycle de représentations ouvre la saison avec la pièce «Peurs», à laquelle succédera la pièce «Qouzah», d'Aymen Mejri, considéré parmi les meilleurs des jeunes dramaturges. «Fragments» rentre dans le cadre de coopération avec Anouar Chaafi. Et dans l'esprit d'ouverture sur les Tunisiens et les Arabes résidant à l'étranger, Maher Awachiri, qui vit en Allemagne, présentera au mois de février sa pièce de théâtre «RCD». Depuis l'année dernière, le TN, institution mère, a entrepris d'appuyer des spectacles chorégraphiques. «Les chorégraphes et les danseurs sont des SDF», se plaint Jaïbi. Ainsi, Hamdi Dridi vivant à Montpellier est nourri du patrimoine tunisien, présentera son spectacle ; «I listen you see» prévu au mois d'avril. Néjib Khalfallah proposera, lui, «Fausse couche». Parmi les représentations internationales qui se produiront en Tunisie, un spectacle de danse au mois de janvier de Daniele Ninarello est programmé, ainsi qu'une pièce de théâtre de Roberto Ciulli. Un programme riche et varié est proposé à partir de ce week-end à un public nombreux, espérons-le.