«Rien ne sert de courir, il faut partir à point» En haut de la pyramide, les choses semblent en adéquation avec nos ambitions et nos objectifs. Sauf qu'au niveau de la base, l'on spécule et peine à appliquer les programmes de promotion du football tunisien. Certes, l'on place deux clubs dans le dernier carré des compétitions africaines. La Tunisie est en passe de se qualifier au Mondial. Et, last but not least, notre championnat est le meilleur d'Afrique. Sauf qu'il ne faut pas se tromper de cible. Rien ne sert de courir, il faut partir à point. Professionnalisme de façade ! Les petits clubs souffrent le martyre. La hiérarchie n'a quasiment jamais changé. Et ce professionnalisme de façade a fait du tort à notre football plus qu'il ne l'a servi. Volet jeunes, c'est le désert ! On envisage même d'externaliser certains CDF, faute de moyens. Je me demande comment nous avons décrété le professionnalisme alors que notre infrastructure est désuète, obsolète et inadaptée. A ce propos, tout est la résultante d'une pression exercée par les grands clubs, qui ont, pour obtenir gain de cause, et arriver à leurs fins, mis en balance leur moyens colossaux. Depuis des années, il n'y a pas de vraie paix sociale au sein de notre football, et ce, après les nombreux conflits qui l'ont émaillé en raison des multiples cessations de paiement tout simplement. Des contrats non honorés, des primes non versées et des salaires gelés. C'est comme si les clubs n'avaient pas d'obligations mais seulement des droits. L'argent est le nerf de la guerre. Notre modèle de sport-roi doit raviver certaines flammes et non certains antagonismes. Motifs de discorde Cependant, avant d'aborder les motifs de discorde, rappelons les principes et les modalités du modèle français. Il n'y a eu qu'un nivellement par le haut ! Car en définissant une politique globale et en tentant de lui donner une nouvelle impulsion, nous n'avons pas unifié et rationalisé les plans de travail. Nous aurions dû plutôt brasser large pour accumuler un savoir-faire significatif. Bref, nous aurions dû favoriser une volonté centralisatrice et unificatrice. La fédération doit exercer, au travers de la DTN, une autorité globale qui va au-delà de ses missions purement techniques. Avec le ministère des Sports, elle doit déterminer les obligations (en termes d'infrastructures et d'enseignement notamment) que doivent remplir les centres pour être agréés et toucher les subventions des collectivités locales. Car c'est là une autre spécificité nationale, et non des moindres, puisque ces financements publics, un temps menacés de suppression, ont finalement été maintenus. Il faut dire qu'un certain «dirigisme» suscite des jalousies et des réprobations, en particulier de la part de dirigeants qui aspirent à plus de «liberté», ou de responsables de formation qui estiment que la DTN empiète parfois sur leurs prérogatives. Une pomme de discorde réside par exemple dans la volonté de la DTN de limiter géographiquement la zone de recrutement des centres de préformation, afin de préserver l'équilibre familial des jeunes. La Direction technique nationale s'attire ainsi régulièrement les foudres des professionnels, qui ne ratent pas une occasion pour la remettre en cause. On l'a vu à l'occasion d'éliminations prématurées des sélections de jeunes dont l'institution a également la charge. En clair, je dirais que les préformation et formation doivent être le fer de lance de la politique de la DTN. Pour y parvenir, il faut accorder les moyens nécessaires aux centres fédéraux de préformation. Bref, l'avenir du football tunisien dépend de la gestion du vivier dont le gros des troupes provient des clubs dits moins nantis en termes de finances. Suivez mon regard !