Mahjoub défend l'idée que le football tunisien a besoin d'une restructuration totale, pas seulement au niveau de la DTN «Les attentes vis-à-vis du prochain directeur technique national ont trait à la mise en œuvre d'un programme cohérent tout en gardant le cap quelles que soient les circonstances et les entraves. J'espère voir s'installer un comité de réflexion pour les équipes nationales et limiter la marge d'erreur en entourant le sélectionneur national d'un véritable staff capable d'apporter le plus en termes d'informations non seulement sur nos joueurs, mais également sur l'adversaire. Seuls les incompétents n'accepteraient pas cela. Parmi les priorités, figure la mise en œuvre d'un cahier des charges au niveau des catégories des jeunes et des centres de formation. Par ailleurs, on ne doit pas faire bénéficier un grand club de la prise en charge de 50% des dépenses nécessitées par un déplacement pour jouer un match de coupe d'Afrique. Ni du reste d'aucune forme de subvention. La priorité allant vers les petits clubs, ceux qui forment réellement le talent malgré des moyens dérisoires. Lorsque j'étais DTN, j'ai vécu un conflit avec les grands clubs sur le thème de la formation et de la préformation. J'ai innové en instituant une organisation d'une catégorie à part à chaque âge (les U 12, U 13, U 14...). Jusque-là, la catégorie ne changeait que tous les deux ans pour un jeune footballeur. A la DTN, mon cheval de bataille s'appelait formation. Cela sensibilisait du reste le maximum de pôles, de ligues, de commissariats régionaux au sport... La DTN actuelle a accepté passivement un état de fait. Or, il faut savoir se battre pour réaliser son projet. On a également besoin de l'adhésion et de l'appui du bureau fédéral. De mon temps, j'ai quitté la DTN parce que les membres du bureau de Khaled Sancho voulaient semer la zizanie entre les membres de la direction technique. Malheureusement, aujourd'hui, on doit faire attention à l'immobilisme qui commence à ronger tous les secteurs de la vie, et pas seulement le sport. Des batailles peuvent être gagnées par le truchement de décisions administratives. Par exemple, si on offre de bons terrains dotés d'un gazon acceptable et de l'éclairage, tout le monde risque d'être étonné par les progrès accomplis par les joueurs en peu de temps. Et surtout qu'on ne vienne pas nous ressasser que l'argent dédié au foot est de plus en plus insuffisant. Loin s'en faut ! Pour combattre la violence et l'extrémisme, le sport doit plus que jamais prendre une place de priorité absolue. Il n'y a pas mieux ! Pour ce qui est du profil du futur DTN, je crois qu'il doit être capable de convaincre et être animé d'idées claires, d'une méthodique cohérente. Il est préférable qu'il puisse compter sur un groupe de travail qui trace les lignes directrices. On doit en tout cas admettre que le football est devenu très important pour les douze millions de Tunisiens. «C'est le foot qui fait les clubs, par l'inverse» Par-delà le changement du directeur technique national, notre football a besoin d'une restructuration totale, d'une autre pensée au niveau des clubs et des sélections. La fameuse bande des quatre (EST, ESS, CA, CSS), composée de ce que j'appellerais des «clubs adultes», à la place de l'Etat, j'essaierai de ne pas les aider, je ne leur accorderai aucune subvention. Ce sont des clubs de titres mus par un seul objectif : jouer non pas pour jouer, mais plutôt pour gagner. C'est le football qui fait les clubs, et pas l'inverse. Et puis, gardons-nous d'établir une copie conforme de ce qui se fait à l'étranger. La priorité consiste à dresser une grille des transferts de sorte qu'ils seront plafonnés. Je ne veux pas aussi que l'on tue l'envie chez le joueur en l'envoyant évoluer une saison en prêt dans tel club contre sa volonté. Le ministère doit par ailleurs débloquer d'importants