Il est le soldat de l'ombre. Mongi Bouhlila a débarqué au Club Africain en pleine tempête. Cet ancien handballeur est un passionné et veut contribuer à la bonne marche de son club de cœur. Dans cet entretien, il évoque son arrivée au club, l'avenir du CA et ses perspectives. A découvrir. Pour ceux qui ne vous connaissent pas, qui est Mongi Bouhlila ? Je suis clubiste jusqu'à la mœlle, ainsi que ma famille. Ancien handballeur et actuellement ingénieur spécialiste en mécanique des sols et fondations des ouvrages, je ne suis pas étranger à la gestion des affaires du sport. J'ai ouvert les yeux sur la génération de gloire du Club Africain composée à l'époque de Attouga, Rtima, Chaïbi, Jalloul, Chaâoua et consorts. J'ai eu le privilège d'assister à la finale de la Coupe de Tunisie entre le CA et le SRS de 1968 (3-2 pour le CA). Je suis discret de nature et je ne suis pas venu au CA pour chercher une quelconque notoriété. Le Club Africain est le club du peuple et pas une patente. C'est une identité. Il appartient à ses supporters. Comment avez-vous débarqué au Club Africain ? Je tiens à rappeler que j'ai été approché à plusieurs reprises pour intégrer le bureau directeur du club et j'ai refusé pour obligations professionnelles. Puis Slim Riahi m'a contacté. J'ai répondu à l'appel du devoir et c'est un devoir de servir mon club. C'est aussi un signe de confiance. L'équipe dirigeante actuelle est sérieuse et le courant est vite passé, surtout que je connais la plupart de ces jeunes avec qui j'allais régulièrement au stade. J'ai donc vite été adopté. Il faut dire que j'ai le sens de l'écoute et je supporte la pression, je ne suis pas du genre à quitter le navire en cas de pépins. Quel est l'état de santé actuel du club si vous devez faire un diagnostic ? Le Club Africain est un club particulier. Son prestige génère une grosse pression. Il y a bien entendu celle des supporters, sans compter les problèmes financiers. Tout cela devra savoir se faire gérer. Les deux dernières décennies de la vie du club ont laissé des séquelles, des erreurs de choix technique et administratif. A notre arrivée, nous avons dressé un état des lieux. Après une période de transition, nous commencerons à bâtir. Cela n'a pas empêché le club de réussir une saison écoulée positive avec une Coupe de Tunisie, la qualification à la prochaine édition de la Coupe de la CAF et probablement une qualification à la finale de la même épreuve cette saison. Vu les problèmes et les embûches, l'équipe n'a pas touché le fond et est restée sur pied. Elle a réalisé une performance digne de son rang. L'apothéose sera la victoire en coupe de la CAF, je l'espère. Aujourd'hui, pas moins de 10 joueurs sont en fin de contrat. Avez-vous débuté les négociations avec eux ? Bien entendu. Ils ont tous été approchés et tout finira par rentrer dans l'ordre. Ces joueurs savent que c'est un honneur de porter les couleurs du Club Africain. La règle de la concurrence L'échec du recrutement de Ben Htira est resté en travers de la gorge des supporters. Que s'est-il passé au juste ? Le professionnalisme a ses critères. Un footballeur peut être en contact avec un ou deux, voire trois clubs. Ben Htira a été contacté en premier par le Club Africain. Ça n'a pas collé et c'est la règle du jeu. Voyez ce qui s'est passé avec Franck Kom qui devait retourner à l'ESS. C'est la règle de la concurrence. Il y a un problème de continuité au CA. Pourquoi Chiheb Ellili n'a pas fait long feu en dépit d'un bilan positif ? L'absence de continuité est une marque de fabrique du sport tunisien et le Club Africain n'y échappe pas. En Tunisie, nous n'avons pas la culture de la programmation, de la stabilité et de la continuité. Nous avons du mal à planifier à moyen et long termes. Au Club Africain, nous avons une obligation de résultats. Du coup, c'est la formation des jeunes qui s'en ressent. Nous avons quand même eu le mérite de mettre en place, une structure de formation moderne, basée sur une grande technicité et des méthodes mondialement reconnues. Je suis persuadé que nous récolterons rapidement les dividendes de ce travail. Nous avons besoin de patience, de solidarité et de sérénité pour réussir notre tâche. Les supporters doivent essayer de comprendre cela. Revenons à Chiheb Ellili. Il a eu quelques problèmes et a été beaucoup critiqué au cours de la saison écoulée. Pourtant, l'équipe a réussi de belles prestations avec lui. Toutefois, la direction du club a vu autrement. C'est un choix comme un autre. Marco Simone a débarqué. Quels sont les critères de son recrutement ? C'était un grand joueur et sa carrière a plaidé en sa faveur. Tout comme Stéphane Porato, l'entraîneur des gardiens qui a porté les couleurs de Marseille et Monaco. Si Simone réussit dans sa tâche, le CA en sera le grand vainqueur. En cas d'échec, il cédera sa place. Le coach est en bonne relation avec ses joueurs. Il sait communiquer et n'est pas têtu. La preuve est qu'il sait écouter les remarques et qu'il a changé d'option tactique en s'apercevant que son 3-5-2 ne fonctionnait pas. Les recrutements ont également été critiqués... Je ne suis pas d'accord sur ce point. Fabrice Ondama est une valeur sûre. Il a manqué de chance en se blessant. Le Ghanéen Opoko qui a à peine 20 ans est un titulaire indiscutable dans la sélection de son pays et l'homme fort de la défense du CA. Il joue avec une facilité déconcertante. Attendez-vous à découvrir Anane, un élégant milieu de terrain qui évolue actuellement avec l'élite. Avec le temps, la mayonnaise prendra au Club Africain. Une qualification en finale de la coupe de la CAF nous fera du bien. L'infrastructure s'améliore Une rumeur concerne l'éventuel départ de Chenihi en France lors du mercato hivernal. Qu'en est-il ? Le rendement de Chenihi est sans doute irrégulier, mais c'est un joueur important dans le dispositif de l'équipe. Franchement, je ne sais pas s'il quittera le club au moins de décembre. Attendons voir. Par contre, il y aura une ou deux nouvelles recrues à des postes précis. Comment est géré financièrement le club à l'heure actuelle? Il y a un acharnement judiciaire sur le président du club quand on voit la rapidité des verdicts des différentes affaires dont il est soupçonné. L'actuel bureau directeur fait son possible pour garantir un minimum de fonds pour le fonctionnement du club. Nous disposons d'une commission de marketing compétente qui ramène des finances au club. Nous sommes actuellement sur des dossiers de sponsorisation qui vont bientôt aboutir. Les supporters devraient aussi apporter leur contribution et soutenir le club. A ce propos, le huis clos qui nous a été infligé est injuste et nous porte préjudice. Un mot sur l'infrastructure, pour conclure... L'état du parc Mounir-Kebaïli laissait à désirer. Aujourd'hui, il y a une prise de conscience générale pour entamer une opération de réhabilitation du fief du club. Nous avions des priorités, mais nous allons renouer avec le Parc A qui reste l'identité du club. Des travaux ont été entamés et nous allons lancer une opération de soutien pour récolter des fonds supplémentaires. Les entraînements se dérouleront alors au fief du club devant les supporters qui sont la force du Club Africain. Je ne peux terminer sans remercier tous les membres du bureau directeur qui assurent un fonctionnement normal du club en ces temps difficiles.