Maher Kanzari et Montacer Louhichi ont joué au chat et à la souris. Résultat : un point de part et d'autre Comme pressenti fortement avant son coup d'envoi, le classico gabésien entre la «Stayda» et la «Zliza» s'est terminé sur un score de parité. Un cinquième partage des points en 5 derbys consécutifs dont quatre la saison écoulée en première et deuxième phases du championnat. Renvoyer les deux adversaires dos à dos aux vestiaires semble arranger tout le monde : responsables, techniciens et même arbitres qui pensent qu'une telle issue de la rencontre est la meilleure façon de sortir indemne de ce qu'ils considèrent comme un véritable guêpier, voire un piège dangereux dans leur parcours. Le charme d'un derby réside dans sa capacité d'être ouvert, flamboyant, plein de suspense, de retournement de situations, de jolis buts et de désigner un vainqueur. Ce qui n'a pas été le cas dans le duel d'avant-hier avec pratiquement une copie conforme des quatre empoignades de la saison passée. Encore une fois, la volonté de ne pas perdre l'a emporté sur l'envie de gagner. Car on ne gagne pas si on n'est pas audacieux dès le départ, si l'on ne prend pas suffisamment de risques, si l'on ne privilégie pas l'offensive à outrance à l'attentisme. Dimanche, il y a eu trop de calculs, de la part des deux techniciens qui pensaient plus à préserver leur poste, à ne pas être désignés du doigt en cas de faux pas plutôt qu'à laisser place au jeu ouvert, à l'imagination, à la création et gratifier le public présent d'un spectacle de qualité. Commençons par Maher Kanzari qui a gâché toute une mi-temps par un schéma de jeu avec trois récupérateurs évoluant sur la largeur du terrain plutôt que de chercher le jeu vertical et la profondeur : Ahmed Mida comme demi axial en essuie-glace, Malek Karda et Moses Orkoma en ratisseurs sur les deux côtés du milieu du terrain, sans talent et sans génie pour se reconvertir en ravitailleurs et en pourvoyeurs de ballons devant. Ce plan de jeu prudent dans sa conception, donc mal conçu, vu les circonstances du match, a failli lui coûter très cher. Son adversaire a eu deux très bonnes opportunités pour le cueillir à froid. Slim Mezlini qui hérite d'un excellent ballon le mettant dans un tête-à-tête idéal avec Naouara mais rate inexplicablement une occasion immanquable d'ouvrir le score (7e) et Abdelhalim Darragi qui ne réussit pas son lob après une bévue monumentale de relance de Naouara (31). Que se serait-il passé si l'ASG avait été le premier à ouvrir la marque en première période ? Toute la physionomie du match aurait changé et, au lieu de jouer sereinement l'attaque placée et de chercher et de provoquer lucidement la faille dans une défense compacte, les joueurs «vert et blanc», à force d'être obligés de courir derrière le score, seraient tombés dans la précipitation, le désordre et le jeu mal cousu. Maher Kanzari a mis 45 minutes pour corriger la défaillance criante dans son dispositif et remplacer Malek Karda par Khaled Melliti qui a donné plus de poids à l'entrejeu et a permis à Dramé Mikhaïlo et à Isaka Abudo d'être mieux alimentés en ballons exploitables. Pourquoi pas cette formule plus portée vers l'offensive dès le coup d'envoi ? Venons-en maintenant à Montacer Louhichi qui dispose d'un effectif des plus riches en talents, capables de mener le débat et de prendre le contrôle des opérations et le devant sur leurs adversaires. Qu'a-t-il fait ? Eh bien, il les a fait jouer pratiquement contre nature, avec un bloc très bas et des consignes de prudence excessive, notamment pour les deux arrières latéraux, Bilel Ben Brahim et Achraf Zouaghi, très forts dans les remontées avec le ballon, dans les débordements et les centrages bien ajustés. Les «Rouge et Noir» ont subi le jeu alors qu'ils avaient de grandes possibilités d'agir. Même quand ils ont réussi à faire le plus difficile en ouvrant la marque (51e), ils n'ont pas su profiter de ce moment fort de la partie pour accentuer leur pression et leur avance. Résultat : cinq minutes après, bien que recroquevillés derrière, ils encaissent le but égalisateur de Ahmed Mida sur un ballon en profondeur qui n'était pas dangereux et une erreur d'anticipation et de concentration du stoppeur droit Saddam Ben Aziza. Et quand dans la foulée, le milieu défensif axial Skander Agrebi prend un carton rouge, tout est fini pour eux et il ne leur restait qu'à tout faire pour limiter les dégâts durant plus de 30 minutes. Ils peuvent s'estimer heureux d'avoir pu, face à un SG revenu à la charge et appuyant à fond sur l'accélérateur, conserver le nul jusqu'au coup de sifflet final. A force d'avoir trop calculé, trop ligoté leurs joueurs par des consignes de prudence et tué en eux toute liberté de manœuvre et d'improvisation et tout esprit conquérant, les deux coaches n'ont récolté qu'un point, alors qu'ils auraient pu, avec plus d'audace et de prise de risques, empocher un succès des plus précieux, condamnant ainsi le public gabésien à rester sur sa faim pour la cinquième fois consécutive.