Par Samira DAMI A deux semaines de la 28e édition des JCC (Journées cinématographiques de Carthage) prévues du 4 au 11 novembre, les salles de cinéma du centre-ville de Tunis qui acceuilleront les films de cette manifestation promouvant les cinématographies arabe et africaine se refont une beauté. Le Colisée, par exemple, où se déroulera la cérémonie d'ouverture est en train de faire carrément peau neuve. Ainsi, dans «la reine des salles», un chantier est en cours pour la rénovation des tapis, moquettes, sièges et peintures. Cela outre l'amélioration de l'éclairage de la salle ainsi que le perfectionnement de la qualité de projection des films en numérique qui passera du système 2K à celui de 4K. Idem pour Le Palace qui a adopté ce système depuis quelques mois. On a également annoncé la réouverture de la salle Africa, qui abritera, notamment, les conférences de presse. De son côté, le Théâtre de la ville de Tunis, qui a déjà fait peau neuve, abritera la clôture des JCC. Toutefois, on ne comprend pas pourquoi la cérémonie de clôture des JCC n'aurait pas lieu également au cinéma Le Colisée. Pourquoi migrer de nouveau vers un espace théâtral? Cela d'autant que non seulement «La reine des salles» s'est requinquée, mais a une contenance supérieure (1.800 places) à celle de «La Bonbonnière» (1.000 places). Mystère ! Bref, saluons déjà l'effort des exploitants de salles qui ont, pour l'occasion, répondu à l'appel en entamant les travaux de rénovation à leurs frais dans l'attente d'une aide du ministère des Affaires culturelles, cela à la présentation des factures des travaux de réfection. Voilà pour les conditions de projection que nous espérons pour le moins convenables et agréables. Mais qu'en est-il de l'environnement et du milieu urbains des salles de cinéma qui accueilleront les films programmés par les JCC, surtout celles situées au cœur de la capitale? Prenons l'exemple des cinémas Le Mondial et l'ABC qui se trouvent à la rue Ibn Khaldoun : rien qu'à voir le spectacle qui s'offre aux yeux alentour, on ne peut qu'être horrifié et consterné par tant d'anarchie, de laideur et de saleté ambiantes : trottoirs crasseux et envahis par les chaises et tables des gargotes et des cafés, bennes et poubelles débordantes d'ordures, odeurs et émanations pestilentielles et nous en passons. Justement, il faut rappeler que cette rue était, jadis, le refuge des artistes et des amoureux de tous les arts qui, outre les 2 salles de cinéma, fréquentaient, également, la maison de la culture Ibn-Khaldoun ainsi que la galerie d'art Juliette Nahum transformée, hélas, depuis les années 80, en gargote. Or, aujourd'hui, cette rue est devenue le repaire des gargotes, cafés et échoppes de fruits secs envahis du matin jusqu'au soir par des consommateurs pour le moins irrespectuex de l'environnement et de la propreté. Il faut dire aussi que la rue Ibn-Khaldoun compte, aujourd'hui, le plus grand nombre de gargotes et de cafés au mètre-carré, dans le monde. Laideur ambiante Pis, face à l'ABC, un grand café n'a pas trouvé mieux, à quelques jours des JCC, que d'entamer un chantier. Du coup, sur le trottoir gisent des sacs de sable éventrés, des tas de briques rouges, et autres matériaux de construction. Pis encore, le café n'est pas totalement en chantier, il est à moitié fermé puisqu'il sert ses clients en pleine rue sur une terrasse autoaménagée sans l'autorisation de quiconque. Se peut-il ? Où est la municipaité de Tunis ? Et ce n'est guère mieux du côté de la rue de Marseille dont la partie piétonne croule sous la saleté et les immondices provenant des fast-foods, cafés-bars et marchands de fruits secs qui y ont poussés comme des champignons. Et dire que cette rue abrite l'une des portes d'entrée du Colisée menant à «La reine des salles» où se dérouleront l'ouverture et les séances de projection des films de la compétition officielle ! Pis, à peine cette porte franchie qu'on est consterné de voir que le carrelage-sol n'existe plus à certains endroits, laissant la place à des trous béants, certains recouverts de plastique. Des pièges en puissance pour les piétons. Terminons sur les affreux rideaux rouges cachant les vitres du café-bar La Rotonde qui se trouve juste en face du cinéma Le Colisée. Est-ce là l'image qu'on veut donner de notre pays et de notre capitale qui accueillera, à l'occasion, de nombreux invités, entre artistes et professionnels du cinéma du monde entier? Visiblement oui. Car jusqu'à présent, et à deux semaines de cet événement culturel et artistique, rien n'a été entrepris pour rendre plus pratique, plus propre, plus beau, plus fleuri, le centre-ville de Tunis. Et l'on ressent d'autant plus de colère et d'amertume qu'ailleurs, les capitales et villes, arabes, européennes ou autres qui accueillent de grandes manifestations culturelles redoublent d'efforts à l'occasion, en revêtant leurs plus beaux atours : beauté, propreté, éclat et ordre règnent ainsi en maîtres. Notre destin se limite-t-il à côtoyer la laideur, la saleté et la gabegie? Non, car les responsables au sein des gouvernorats et des municipalités ont le devoir de réagir, d'intervenir et d'appliquer la loi afin de mettre fin à l'anarchie ambiante. Et cela a fortiori quand la capitale ou d'autres grandes villes du pays accueillent de grands événements culturels. Car les JCC, JTC, JMC, ces manifestations cinématographique, théâtrale, musicale et autres, devraient refléter, outre des choix, des ambitions et des objectifs culturels, une belle image du pays qui se veut, de surcroît, touristique. Une image brillante et éclatante révélant un pays et des cités à l'ambiance plaisante et festive, où il fait bon vivre. A bon entendeur...