A l'orée de l'ouverture de la campagne oléicole le 5 novembre à Sfax, l'une des préoccupations majeures est de gérer l'abondance. L'excellente récolte annoncée n'est pas, en effet, sans générer certains ennuis relatifs, entre autres, au phénomène du pillage de la récolte, à la disponibilité de la main-d'œuvre, ainsi qu'à l'épandage des margines, sous-produits polluants. Une réunion tenue récemment au siège du gouvernorat de Sfax, avec la participation des délégués de la région, le commissaire régional à l'agriculture, le président de l'Union régionale de l'agriculture et de la pêche, le vice-président du Syndicat tunisien des agriculteurs, les directeurs des complexes agricoles, des représentants des directions régionales publiques relevant du secteur agricole ainsi que les chefs de district de la Garde nationale de la région, a été consacré à la prochaine campagne oléicole placée cette année sous le signe de l ‘abondance. En effet, la récolte dépasse les 300 000 tonnes d'olives dans le gouvernorat de Sfax soit une production d'huile estimée entre 65 000 et 70 000 tonnes, ce qui incite 305 huileries sur les 400 que compte la région à ouvrir et fonctionner à plein rendement. Entre 12.000 et 14.000 personnes seront mobilisées pour la cueillette Ces chiffres réjouissants ne sont pas cependant sans générer des problèmes assez sérieux, dans la mesure où la cueillette, prévue du 5 novembre prochain jusqu'à la fin du mois de mars 2018, nécessite la participation d'une main-d'œuvre de 12 000 à 14 000 personnes, un nombre difficile à trouver, sachant que, pour certains professionnels, le système de cueillette dans la région de Sfax favorise les grandes exploitations au détriment des petites comme ce fut le cas en 2005 où la récolte des petites oliveraies a été gâchée, faute de cueilleurs, et risque de faire monter les surenchères résultant de la forte demande en main-d'œuvre, surenchères, dont on craint une hausse préjudiciable des salaires, donc un manque à gagner pour les agriculteurs. Ce qui n'est pas l'avis de Ammar Ben Gaïed, secrétaire général de la Fédération régionale des lots techniciens, qui pense qu'une bonne récolte attire des ouvriers d'autres régions, surtout avec le retour massif de la main-d'œuvre émigrée précédemment en Libye, sans compter la mobilisation de tous les membres des familles des paysans. Le pillage donne du fil à retordre aux agriculteurs Sur un autre plan, le fléau du pillage donne du fil à retordre aux agriculteurs dont certains en ont été victimes, notamment à Jebéniana, El Amra, Sakiet -Eddaïer et Laâchach. Le plus grave, c'est que les actes de pillage ne portent pas uniquement sur le fruit, mais touchent les arbres eux-mêmes dont certains sont coupés à la base du tronc et transportés sur des pick-ups dans des endroits isolés où les olives une fois cueillies sont acheminées vers des huileries ouvertes clandestinement. Selon Abderrazak Krichène, président de de l'Union régionale des agriculteurs à Sfax, quatre huileries sont soupçonnées d'avoir accepté et transformé les quantités volées, en plus d'une cinquième ouverte en nocturne qui a été fermée par les autorités régionales jusqu'à l'ouverture de la campagne oléicole. Huileries clandestines Non moins grave, sont dénoncées les attaques nocturnes à main armée dont un champ d'oliviers et un lot techniciens ont été la cible. On apprend à ce propos que des bandes munies d'armes à feu y ont cueilli des fruits et y auraient même fait main basse sur des équipements et du matériel agricole. C'est la raison pour laquelle des voix se sont élevées pour demander aux autorités régionales d'assurer la protection de la récolte et de sévir à l'encontre des huileries qui se rendraient coupables d'ouverture clandestine et de recel d'olives volées. Il importe de relever, à ce propos, que la situation semble s'améliorer, mais la vigilance doit demeurer de rigueur, notamment avec le renforcement des patrouilles nocturnes, ce à quoi sera consacré le prochain conseil sécuritaire dont la réunion est prévue dans les jours à venir. Par ailleurs, les autorités doivent faire preuve de la même vigilance pour éviter l'épandage anarchique de margines, un sous-produit très nocif aux effets néfastes sur la nappe phréatique.