Des idées fraîches et une forme olympique: voilà ce que vont chercher les internationaux durant la veillée d'armes dans leur retraite de Tabarka avant le match menant au Mondial russe. C'est la semaine de vérité. On a l'impression de revenir aux plus belles heures de l'histoire du sport-roi en Tunisie. Par exemple, l'attente fébrile qui nous transportait d'espoirs fous avant un décisif Tunisie-Egypte le 11 décembre 1977 dont l'enjeu n'était pas moins que la qualification du onze national en Coupe du monde pour la première fois de son histoire. Ou encore les jours d'effervescence du mois de février 2004 à l'occasion du premier, et jusque-là unique, titre africain des nations au palmarès de l'équipe nationale. L'enthousiasme de la jeunesse est là. Les divisions intestines sont laissées de côté, du moins provisoirement. Au diable l'arbitrage malade qui trébuche chaque dimanche dans les stades de notre championnat ! Au diable les violences qui donnent lieu à un spectacle de nature à faire fuir le public! On découvre soudainement des plaisirs perdus, des saveurs qui s'expriment. On n'a pas assez de mots pour saluer la phase actuelle de ferveur suscitée par l'équipe de Nabil Maâloul. Certes, elle n'atteint pas encore la plénitude touchée par le onze de Chetali, ni la qualité de jeu spontané et hautement spectaculaire exprimé par les copains de Tarek et Agrebi. Mais c'est déjà cela: le foot tel qu'on l'aime, qui sait générer des passions. Le Club Tunisie revient de loin. Il n'a jamais été aussi proche du Mondial après deux éditions d'absence. Un signe avant-coureur ? Un nouveau pari pour de nouveaux horizons qui garantissent un pactole inespéré de 24 millions de dinars. C'est en effet le montant de la dotation promise à chacune des 32 nations qualifiées pour la coupe du monde «Russie-2018» dont le tirage au sort est prévu le 1er décembre prochain. Dès le mois de septembre dernier, la Fédération internationale (Fifa) a annoncé la couleur. Le classement Fifa du mois d'octobre 2017 fera foi pour les 32 qualifiés. Cela a pour conséquence que la Tunisie — en cas de qualification, bien entendu — figurera pour la première fois de son histoire mondialiste au chapeau 3. Cela préfigure-t-il une autre «première», l'accès au deuxième tour du Mondial ? C'est tout le mal que nous souhaitons aux Aigles de Carthage. Dans le cas de notre pays, l'enjeu majeur n'est pas en effet uniquement d'ordre sportif, mais aussi financier car l'impact sera décisif quant à la capacité de notre sport-roi de trouver des ressources décisives, ce qui va lui garantir une grosse part d'autonomie. Pour pérenniser ses activités sur le moyen terme, la FTF a cruellement besoin de cette manne financière providentielle. Avant le dernier match contre la Libye, le coach national a pris un risque maximum en décrétant l'arrêt du championnat (sauf pour deux ou trois affiches chaque dimanche engageant prioritairement des clubs de bas du tableau). Cela a fait naître un certain sentiment de gêne du fait de soumettre tant de clubs à un chômage forcé. Sentiment farfelu s'agissant de l'intérêt de l'intouchable équipe de Tunisie ? Cassure et manque de compétition En tout cas, certains se demandent si les internationaux locaux vont gagner au change, compte tenu de la cassure provoquée par un aussi grand manque de compétition. La nature a horreur du vide. Qu'est-ce qu'on fait de cette trêve qui choque ? Presque un mois sans le moindre match: bonjour les dégâts, se disent ces analystes. A l'étonnement de beaucoup, Maâloul joue les psychothérapeutes, les Docteur ou Professeur Slimène Labiadh en expliquant à chaque fois qu'il a besoin de prendre en charge, mentalement, les internationaux de tel club ou tel autre éliminé de la coupe d'Afrique. Grand bien lui fasse !, lancent les observateurs. Lesquels savent pourtant qu'en prescrivant une cure thérapeutique du côté de Tabarka, le coach national bénéficie en fait d'un maximum de jours de travail dont il serait naturellement privé si le championnat allait son bonhomme de chemin. Il y a quelque part, certes, risque d'exagérer la portée d'un match où les copains de Youssef Msakni peuvent se contenter du point du nul. Mais au moins, cela doit logiquement les prémunir contre le sentiment de facilité. Suspense pour Maâloul Après deux courts rassemblements réservés uniquement aux joueurs locaux, place depuis hier à un travail effectué par les 28 joueurs parmi lesquels le onze titulaire sera choisi pour le derby de samedi prochain à 18h30 à Radès contre la Libye. Les expatriés sont là, les derniers à rejoindre le groupe arrivant tous de France étant Wahbi Khazri, Bassem Srarfi et Oussama Haddadi. De petits soucis de santé pour deux titulaires en puissance: Mohamed Amine Ben Amor et surtout Ali Maâloul, absent samedi dernier lors de la finale retour de la Ligue des champions d'Afrique, avec Al Ahly contre le champion d'Afrique 2017, le Wydad Casa. Si le pivot étoilé doit tenir son poste normalement face aux Chevaliers de la Méditerranée, en revanche, l'ancien latéral gauche du Club Sfaxien doit attendre jusqu'au bout pour savoir s'il sera physiquement apte à jouer. Msakni à plein régime Une éventuelle absence du tombeur de l'ESS en demi-finale de la Champions League va immanquablement chagriner un peu car le bonhomme pète la santé. Heureusement que son remplaçant, dans un autre profil certes, Oussama Haddadi joue régulièrement en Ligue 1 française avec son club, Dijon FCO. Le cas dimanche à Nice (1-0 en faveur de l'équipe de Srarfi, de nouveau remplaçant avant-hier). De la même façon, on peut se réjouir du retour au premier plan de Wahbi Khazri. Alors que c'est la confirmation dans le cas du maître à jouer du team national, Youssef Msakni, qui fonctionne au super. Vendredi dernier, il a réussi un doublé et livré une passe décisive à l'occasion de l'affiche de la 7e journée du championnat qatari Al Duhail-Al Khour (4-2). Le stratège de l'ex-Lekhwya est d'ailleurs second meilleur buteur du championnat du Qatar. Avec l'incroyable été indien qui sévit, le travail à Tabarka, loin de la pression et des yeux indiscrets, va aider les Aigles à se présenter dans les meilleures dispositions en vue d'achever le travail. On les voit mal caler au plus mauvais moment, à une encablure de Moscou. Comme un service de Nadal qui va à 200 Km à l'heure, un échec ressemblerait à une surprise renversante et mettrait tout le monde groggy. Personne n'a réellement envie d'y penser.