La mobilisation a revêtu plusieurs formes : pétitions, séances de travail, banderoles, affiches, tee-shirts ainsi que l'organisation d'une manifestation festive pour la bonne cause En matière de contestation, on aura tout vu en Tunisie, depuis 2011 : grogne ici et là, sit-in, coups de gueule, bras de fer...pour des raisons fondées ou pas, au point que c'est devenu, à la longue, lassant. Mais qu'une protestation se mue en une manifestation de joie, émaillée de musique, de poésie, de messages lancés par des fanfares, majorettes et troupes folkloriques et égayées par des marionnettes géantes, est pour le moins inhabituel, sinon unique et constituant une première. Samedi dernier, l'après-midi à Mahdia, la protestation avait plutôt l'allure d'une fête bon enfant et la mobilisation était générale. Des membres de la société civile ont coordonné leur action, en associant hommes de lettres, de théâtre, des artistes-peintres pour parcourir l'artère principale de la ville, en scandant des slogans en faveur de la culture dans la région, avec une seule et unique revendication : la mise en place d'un théâtre en plein air. Ils ont vite fait de se rassembler, près du monument dénommé «Skifa el kahla», face au musée régional contigu, où une scène a été dressée, pour donner de la voix. Ils étaient plusieurs à se relayer devant le micro pour rappeler que Mahdia souffre affreusement de l'absence d'un lieu culturel digne de ce nom. De ce fait, il ne faut point espérer organiser de grands concerts, de belles manifestations culturelles ou des fêtes grandioses. Il s'ensuit que le théâtre est absent et une grisaille pèse sur la ville, faute de bonne culture. D'ailleurs, on a tenu à rappeler cet état de fait à coup d'affiches, de banderoles et sur des tee-shirts aux messages clairs. L'on a rappelé également qu'un projet dans ce sens visant l'édification d'un théâtre en plein air a été retenu en... 2001, mais, depuis, on a vite fait de l'enfouir dans un quelconque tiroir pour sommeiller, jusqu'à nos jours. Thouraya Bannour, grande instigatrice de cette manifestation de protestation, devait signifier sa colère : «En matière de culture, Mahdia est à la traîne et se complaît dans la torpeur, et c'est inacceptable, car les hommes et femmes de culture sont là, mais incapables d'agir, faute de lieu approprié. Le fort historique qui abrite nos petites manifestations culturelles ne suffit plus, tant il est en dessous de la capacité actuelle, et puis, il est doté d'une seule et unique porte, d'ou un souci sécuritaire à ne pas négliger. C'est pourquoi nous réclamons l'édification d'un théâtre en plein air pour le festival estival et autres activités», a-t-elle martelé avec force sous un tonnerre d'applaudissements. Les poètes, les chanteurs, les danseurs lui ont emboîté le pas en donnant la pleine mesure de leur art. Espérons qu'un tel appel ne tombera pas dans l'oreille d'un sourd? Il est permis d'espérer que non. Wait and see.