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« Les autorités tunisiennes et portugaises sont fortement alignées »
Entretien avec M. António Costa, Premier ministre du Portugal
Publié dans La Presse de Tunisie le 20 - 11 - 2017

A la tête d'une importante délégation officielle et d'opérateurs économiques, le Premier ministre du Portugal, António Costa, effectue à partir d'aujourd'hui et jusqu'à demain une visite officielle en Tunisie. Une visite qui coïncide avec la célébration du 60e anniversaire de l'établissement des relations diplomatiques entre la Tunisie et le Portugal. Le Premier ministre du Portugal coprésidera aujourd'hui avec son homologue tunisien, Youssef Chahed, la 4e réunion de haut niveau tuniso-portugaise. Dans cet entretien, il apporte un précieux éclairage sur les perspectives de la coopération tuniso-portugaise, d'autant qu'il existe beaucoup de similitudes entre le Portugal et la Tunisie.
Nous fêtons aujourd'hui le 60e anniversaire de l'établissement des relations diplomatiques entre la Tunisie et le Portugal. Est-ce que le niveau de la coopération entre les deux pays est à la hauteur des attentes? Quels sont les dossiers prioritaires qui vont être soulevés et traités à l'occasion de la tenue à Tunis de la 4e réunion de haut niveau tuniso-portuguaise ?
La célébration, cette année-ci, des soixante ans de l'établissement des relations diplomatiques entre le Portugal et la Tunisie est un encouragement pour renforcer nos relations d'amitié et de coopération qui, du reste, sont déjà excellentes. Il est important pour nous d'avoir des partenaires forts et stables dans le Maghreb et d'entretenir avec eux une collaboration et un dialogue étroits. La Tunisie est un partenaire fondamental pour le Portugal dans cette région et la réunion de haut niveau nous permettra de mettre en œuvre des projets communs dans des domaines tels que la mobilité des étudiants de l'enseignement supérieur, l'administration de l'intérieur, la gestion des frontières, la protection civile, les transports, la formation professionnelle et l'emploi.
Comment percevez-vous les opportunités que présentent l'économie tunisienne et le climat des affaires tunisien pour les entreprises portugaises ?
Il existe de nombreuses possibilités importantes. En 2016, la Tunisie était déjà notre 30e client. Elle a gravi 6 places dans le classement de nos principaux clients et 2017 est une année qui se présente également très bien sur le plan des exportations vers la Tunisie. Nous comptons ici de grandes sociétés portugaises qui participent à des projets de poids pour l'économie tunisienne. Il me semble que parmi les grands domaines d'avenir, les nouvelles technologies ainsi que les énergies renouvelables seront naturellement des secteurs importants qui étofferont nos relations économiques, sans oublier l'agroalimentaire, les infrastructures et l'environnement qui sont des secteurs prioritaires.
Comment se présentent, selon vous, les perspectives d'amélioration de la coopération économique entre les deux pays ?
Les perspectives sont excellentes. Les autorités tunisiennes et portugaises sont fortement alignées. Le nouveau code de l'investissement tunisien franchit un pas sur le bon chemin, en mettant le cap sur la modernisation administrative et l'allègement des bureaucraties. Il reste du travail à faire pour améliorer les douanes et le secteur logistique mais je sais que les autorités tunisiennes sont déterminées à créer des conditions à même d'améliorer la coopération économique. D'ailleurs, elles savent que, de notre côté, nous aussi nous nous y attelons.
La dynamique économique que connaît actuellement le Portugal fait de lui un modèle unique dans la zone euro et un exemple pour les pays en développement comme la Tunisie, surtout qu'il y a des similarités entre les deux pays (déficit budgétaire, chômage, problèmes sociaux, endettement), tout en adoptant une politique anti-austérité. Comment l'économie portugaise a pu retrouver sa santé après des difficultés assez contraignantes sur tous les plans ?
Tourner la page de l'austérité a été essentiel pour la reprise économique du pays. Les agents économiques ont besoin de confiance aussi bien pour consommer que pour investir. En restituant les revenus et droits, la consommation est remontée et l'investissement a suivi. Et puis nous avons cessé de miser sur la concurrence par le bas — moyennant de faibles salaires ou réglementations— et nous nous sommes concentrés sur la compétition fondée sur la qualification de nos travailleurs, l'innovation, la différenciation de nos produits. C'est pourquoi le Portugal présente le 7e plus grand taux de croissance des exportations de l'Europe. Le secret se résume en un mot : confiance. Mais sachez que c'est beaucoup plus qu'un simple mot. Il s'agit d'un agenda politique et économique exigeant.
Quelles sont, selon vous, les leçons à tirer de l'expérience portugaise et qui pourraient être des pistes d'amélioration pour que la Tunisie dépasse ses difficultés actuelles et réalise la croissance économique tant attendue ?
Nous sommes prêts à partager nos expériences et nous sommes attentifs aux expériences d'autrui, mais nous ne souhaitons pas donner des leçons. En adhérant à l'euro, nous avons obtenu une stabilité au niveau des changes et des prix qui est très attrayante pour ceux qui souhaitent investir dans notre pays. Ensuite, il faut continuer à investir sur la connectivité du pays. Comme je l'ai évoqué, les douanes et les infrastructures sont très importantes, mais les gens aussi. Ce sont les personnes qui nous relient aux idées et aux affaires et il ne fait aucun doute pour moi que, pour une bonne part, la croissance du Portugal est due à la qualification des Portugais ; elle a rehaussé leur talent et nous fait participer activement à la mondialisation.
La manière dont votre pays a appréhendé et traité le phénomène de l'économie informelle pourrait inspirer la Tunisie et l'aider dans sa guerre contre la contrebande et l'économie parallèle. Quels en ont été les grands axes ?
Au fil des ans, nous avons engagé une lutte systématique contre l'économie informelle. Plusieurs facteurs nous ont aidés à sortir l'économie informelle de l'ombre. En grande partie grâce à la mise en place de la facturation sur les points de vente. Une autre mesure concerne les avantages fiscaux dont les citoyens peuvent bénéficier en déclarant leurs factures de différents types de frais. En permettant ce genre de déduction fiscale, le citoyen s'aperçoit de mieux en mieux qu'il a intérêt à demander une facture lorsqu'il acquiert un bien ou un service. L'informatisation de l'administration fiscale y a contribué, que ce soit du côté du client ou du fournisseur. Et, bien sûr, la prise de conscience de tout un chacun à travers l'information publique. Il faut que ce soit une stratégie qui permette de se battre sur plusieurs fronts.
7. La politique méditerranéenne du Portugal est tournée vers l'Atlantique : quels sont les attentes et les horizons et dans quelle mesure il peut y avoir rencontre avec les attentes des pays méditerranéens, au double plan économique et culturel ?
Le Portugal est bien conscient de l'importance géostratégique de sa position de médiation traditionnelle entre différents espaces régionaux, et ce, dans un modèle de relations de nature non exclusives. Dans notre vision stratégique, qui accompagne la réalité géographique, l'Atlantique et la Méditerranée confluent l'un vers l'autre. Nous voyons la Méditerranée comme un pont pour renforcer les liens avec la région vaste et si importante que forment l'Afrique du Nord et le Moyen-Orient. L'engagement sur ce volet de notre politique extérieure se retrouve dans notre participation, aux côtés de la Tunisie, à divers forums où des pays européens et du Maghreb se rencontrent régulièrement. Je pense au Dialogue 5+5, à l'Union pour la Méditerranée ou encore au Centre Nord-Sud du Conseil de l'Europe. Nous défendons cette vision au sein de l'Union européenne, y compris dans le cadre des négociations de l'Aleca, qui est à notre sens un élément fondamental d'appui au processus démocratique en Tunisie. Je suis sûr que cet accord aidera la Tunisie à surmonter les difficultés économiques actuelles, qui se greffent aux défis sociaux et de sécurité.
Le Portugal a mis fin à une politique d'austérité dont les effets sur la population ont été jugés trop sévères par les socialistes désormais au pouvoir. Quelle est, dans ce nouveau contexte, la stratégie adoptée pour garder le bon cap en matière de croissance sans basculer dans des situations de déficit budgétaire qui peuvent être sanctionnées par Bruxelles ?
C'est une stratégie responsable. Non seulement nous sommes en train d'investir dans les services publics, la connectivité de l'économie, la cohésion sociale et territoriale, nous œuvrons également à la baisse des impôts. Mais nous faisons tout cela avec prudence pour ne pas faire de pas plus long que la jambe. Nous n'abdiquerons pas dans le maintien de la viabilité des comptes publics dans la durée. Beaucoup de conquêtes se sont faites au prix de gros sacrifices, je dirais même excessifs, demandés aux Portugais. Leur effort ne sera pas vain, nous veillerons à la santé des comptes publics tout en construisant un pays meilleur.


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