Après avoir constitué avec Saber Khlifa et Ali Ben Abdelkader un trio talentueux en attaque et au milieu de terrain, Anis Ben Chouikha contribue à la victoire de la Coupe de Tunisie en 2001 face à l'ESS. Avec sa finesse technique habituelle, ses dribbles déroutants et sa vista, le meilleur n°10 de sa génération a révélé ce qui a marqué sa carrière malgré ses déceptions comme joueur. «A l'âge de 8 ans, j'ai signé ma première licence avec Ezzahra Sport. J'étais assez doué dans les terrains vagues, j'ai accaparé l'attention des entraîneurs zahrois et je me suis vite adapté, surtout que je possédais une technique et un don qui m'ont aidé à monter les échelons. Et après quelques années avec EZS, je me suis décidé de tenter ma chance avec la CSHL. Et comme ce fut très dur d'être dans ce club hammamlifois. Il a fallu 11 tests pour que je sois intégré dans l'équipe seniors, et ce, grâce à Baccar Ben Miled. Ce dernier avec son flair et son savoir-faire a senti que je suis assez valable pour signer avec le CSHL. Il m'a encouragé à m'intégrer surtout que je venais d'une équipe de division 4. Je ne cessais de remercier Baccar Ben Miled ; sans lui, je ne serai jamais devenu Anis Ben Chouikha. Son mérite est grand. Ma première apparition officielle fut face à l'équipe de Zarzis à Hammam-Lif et on a fait 0-0. En dépit de ce nul, j'étais le meilleur joueur sur le terrain, j'ai gagné mon baptême du feu. La saison 1996-1997 fut une réussite puisque j'ai inscrit 4 buts et j'ai alimenté tous les buteurs de l'équipe en balles convertibles en buts. Mais la saison 2001 fut une année exceptionnelle puisque l'équipe possédait des joueurs de talent, à l'instar de Ali Ben Abdelkader, Fodil, Sebaï et Fekih, ce fut le projet de toute une génération grâce à la présence de deux grands présidents Hamadi Atrous et Mongi Bhar, qui étaient assez ambitieux, une bonne équipe complète dans ses trois lignes et un entraîneur compétent, à savoir Ammar Souayah, qui a fait carrière grâce au CSHL et aux joueurs hammamlifois. Nous avons créé un groupe en 2001 rassemblant ambition et expérience. Avec notre enthousiasme, nous avons remporté la coupe de Tunisie face à l'ESS, grande favorite. Mais notre détermination et notre maîtrise tactique ont prévalu pour clôturer notre saison par une victoire historique. J'ai le mérite de marquer le premier but au stade de Radès et le but de la victoire. Le sélectionneur national Henri Michel a été épaté par ma technique et ma vision du jeu et m'a convoqué pour la première fois en équipe de Tunisie. Ce fut mérité vu ma grande forme. Et j'ai joué trois fois avec le onze national. Ironie du sort, Henri Michel fut limogé et Ammar Souayah m'a écarté lorsqu'il fut désigné sélectionneur national. Il a été ingrat à mon égard. Ce fut une période très dure pour moi surtout que c'était à quelques mois de la Coupe du monde. Après avoir remporté la Coupe de Tunisie, le CSHL a changé de look après les arrivées de Saber Khélifa, Maâtoug, Melliti et Ghariani. Ce quatuor est venu pour refaire une carrière. Avec moi et le groupe hammamlifois nous avons réussi à bien jouer et à marquer beaucoup de buts. Je ne cessais de les faire marquer. Pendant ce temps, l'EST, le CA, l'ESS et le CSS ont déployé beaucoup d'efforts pour s'attacher mes services mais j'ai refusé en raison de mon amour du CSHL et aussi du respect envers Hamadi Atrous et Mongi Bhar. Après le départ de ce duo, des intrus sont venus prendre le club et depuis j'ai senti que j'ai fait une grande gaffe en refusant les offres des quatre grands clubs. Ce ne fut plus la joie. Plusieurs entraîneurs sont venus pour avoir seulement les résultats sans se soucier des jeunes. Seul Férid Ben Belgacem a voulu aider l'équipe comme il se doit mais l'environnement n'était plus propice. Il a été loyal envers moi. Je le respecte. Après quinze années de carrière avec le CSHL, j'ai été obligé de quitter le club de ma vie en raison de quelques dirigeants ingrats. Ils ont oublié ce que j'ai fait au football à Hammam-Lif, ce fut une autre déception pour moi, j'ai senti l'ingratitude et l'égoïsme de la part de mon équipe, de mes dirigeants, de quelques entraîneurs tels que Ammar Souayah et surtout des joueurs tels que Saber Khlifa, Maâtoug, Ghariani et Ali Ben Abdelkader qui ne m'ont jamais contacté pour avoir de mes nouvelles. Ils ont oublié ce que j'ai fait pour eux sur le terrain. En 2013, j'ai décidé de quitter le CSHL par la petite porte alors que j'étais une star, mais le monde du football est ingrat. J'ai joué après au FCHammamet, au SCBA et à Nadi El Wakra, avant de prendre ma retraite comme joueur». Je serai un jour l'entraîneur du CSHL «Aujourd'hui, après quelques années, on m'a proposé d'entraîner les jeunes du CSHL. Mais j'ambitionne de passer mon examen d'entraîneur. Je me demande pourquoi Youssef Zouaoui a refusé de me donner mon 1er degré, surtout que j'étais international. Je souhaite que Wadi Jerry et le DTN étudient mon cas pour avoir mon 1er degré. Mon tort a été de ne pas écouter les conseils de Habib Mejri qui n'a cessé de m'inciter à étudier. Mais, en vain. Maintenant, j'ai décidé de reprendre les études pour qu'un jour je prenne les rênes de l'équipe seniors de football. Il faut aussi dire que la relégation de l'équipe seniors en Ligue 2 m'a fait beaucoup de mal. La faute incombe aux dirigeants, aux joueurs qui ne méritent pas de jouer au CSHL et surtout à l'entraîneur qui a manqué de lucidité. Maintenant, il faut que l'équipe retrouve son efficacité et son jeu. A mon avis, la victoire est impérative pour tout le reste du calendrier. Depuis des années, le CSHL enfante des joueurs de qualité, en revanche il y a un manque d'assistance et de travail orienté pour améliorer leurs talents, certains dirigeants ignorent les conditions de travail des entraîneurs. Ils ont désorienté le travail technique et l'équipe est obligée de vendre ses joueurs pour financer ses engagements. Enfin, je peux affirmer que l'équipe de Tunisie méritait sa qualification à la Coupe du monde de 2018 en Russie. Certes, le onze national a cafouillé face à la Libye sans pression. Maintenant, Nabil Maâloul a assez de temps pour remédier aux lacunes. Il est aussi urgent de programmer des matches amicaux face aux grandes équipes pour évaluer les capacités tactiques de ses joueurs. Il est bon de souligner que j'ai marqué 48 buts avec le CSHL et j'ai aussi marqué à tous les gardiens de la Ligue 1 : Balbouli, Chokri El Ouaer, Boumnijel et Moez Ben Chrifia. Ce dernier, je l'ai surpris d'un tir au-delà du centre du terrain. Mais le plus beau reste incontestablement face à l'ESS en finale de la Coupe de Tunisie».