Seulement voilà, malgré la légère hausse, les fonds alloués restent très en deçà des aspirations des promoteurs culturels, des artistes et même des députés. Lors de la plénière consacrée à l'étude du budget du ministère concerné, les élus, tous blocs confondus, ont manifesté leur incompréhension quant au montant dédié au secteur de la culture. L'Assemblée des représentants du peuple planche ces dernières semaines sur l'examen du projet de loi de finances 2018. Département par département, les budgets attribués font l'objet d'âpres discussions à l'intérieur de l'hémicycle. Pourtant, la tendance est à la hausse avec une augmentation générale de 4,3% du budget global de l'Etat. Ainsi, le ministère de la Culture a vu son budget augmenter légèrement. Le montant alloué pour le titre 2018 est de 264,505 MD contre 257,650 MD l'année dernière, soit 0,73% du total du budget de l'Etat. Lors de son plaidoyer prononcé devant les députés, le ministre de la Culture, Mohamed Zine El Abidine Ben Ali, a indiqué que les grands projets nationaux et la décentralisation sont les deux grands axes de son programme. Ainsi seront finalisés au cours de l'année prochaine, un train de réformes et de grands projets à l'instar de celui de la Cité de la culture dont l'ouverture est prévue le 20 mars. Les nouvelles options s'orientent vers la numérisation des centres culturels, l'aménagement des espaces couverts et en plein air, avec une priorité d'aménager des bibliothèques publiques, des instituts de musique, des centres d'art en vue d'une optimisation des lieux dédiés à la culture ouverte à tous. La sauvegarde du patrimoine, l'encouragement à la création, l'élaboration d'un cadre juridique portant sur le statut de l'artiste seront les autres volets sur lesquels s'appuie le programme de 2018. Seulement voilà, malgré cette légère hausse, les fonds alloués restent très en deçà des aspirations des promoteurs culturels, des artistes et même des députés. Lors de la plénière consacrée à l'étude du budget du ministère concerné, les élus, toutes appartenances politiques confondues, ont manifesté leur incompréhension quant au montant dédié au secteur de la culture. Le budget du ministère n'ayant même pas atteint le 1% du budget global de l'Etat. Projets culturels à fort taux d'employabilité Parmi ces députés, l'élue de Nida-Tounes, Lamia Gharbi, que nous avons jointe. Etant membre de la commission parlementaire de la Jeunesse et des Affaires culturelles, elle a suivi de près les débats en commission et lors de la séance publique. Concernant la répartition du budget, la députée précise que les dépenses de gestion qui comprennent les salaires et le fonctionnement sont de l'ordre de 190 MD et ont augmenté de 5,3% par rapport à 2017. En revanche, les dépenses de développement, fixées à hauteur de 70 MD, ont chuté de 3,8% relativement à l'année dernière. Or, c'est cette rubrique qui est destinée à promouvoir les projets et couvrir le financement et les dépenses des programmes prévus pour l'année 2018. Ce qui représente dès le départ un sérieux obstacle à leur mise en œuvre. A l'instar de ses collègues, l'élue considère que le taux de 0,73% ne peut prétendre assurer la bonne mise en place des politiques culturelles envisagées. Dans le cadre des débats qui ont eu lieu, le ministre a, pour sa part, défendu son programme, dans lequel se définissent prioritairement la culture de proximité ainsi que la politique de décentralisation culturelle. Il s'agit d'ouvrir la voie aux régions en vue d'encourager une création propre qui corresponde aux spécificités de chacune des régions. A ce titre, le membre de l'exécutif a insisté sur l'impérieuse nécessité de lancer des projets culturels de développement à fort taux d'employabilité en se basant sur le critère de la discrimination positive. Ainsi les régions intérieures et les quartiers populaires viennent en tête de liste des priorités. Le cadre juridique de l'artiste Par ailleurs, les fonds alloués seront en partie destinés à encourager la création, d'une part, et la promotion des investissements, d'autre part. Elaborer une loi sur le statut de l'artiste qui comprend le système de couverture sociale représente un volet important qui a été longuement discuté qui sera mis en œuvre au titre de l'année 2018. Parmi les autres grands projets spécialement défendus par le ministre, apprend-on encore, celui de la «Tunisie, cités des arts» et «Tunisie, cités des civilisations». Lamia Gharbi a interpellé le membre du gouvernement sur l'absence de critères d'évaluation scientifique et rigoureuse quant au rendement des différentes structures culturelles qu'elles soient au sein du ministère ou autonomes. «Chaque année, lors des discussions des budgets, des programmes sont présentés, s'insurge-t-elle, mais on ne sait même pas quels sont ceux de l'année dernière qui ont été menés à terme et ceux qui ont tourné court». Comment va-t-on évaluer le niveau des engagements pris entre honorés ou pas, s'interroge-t-elle encore. «L'évaluation du travail et de l'efficacité des différentes politiques et programmes est une démarche que les représentants du gouvernement tentent d'éviter» fait remarquer l'élue de Nida-Tounes. Il est vrai que chaque année et à l'occasion de l'examen du projet de loi de finances, la place est faite aux joutes verbales, après quoi le rendez-vous est pris l'année prochaine, même lieu et même période. Force est de constater que cette année encore le ministère de la Culture demeure le parent pauvre de l'Etat.