Un derby est toujours synonyme de passion décuplée et d'ambiance incandescente. Au Club Africain d'être à la hauteur de l'événement. Jour de derby pour le Club Africain. Un match particulier que le microcosme sportif attend avec impatience. Pour les Clubistes, la réception d'un leader est toujours une échéance particulière, préparée en conséquence. Et c'est pour cela que Kamel Kolsi a minutieusement préparé ce rendez-vous où il devra affronter l'Espérance dans des conditions optimales. Ce CA-là est-il en mesure d'y parvenir et rebondir par là même ? Troquera-t-il l'habituel 3-5-2 de Marco Simone contre un 4-4-2 plus classique ? Le moins que l'on puisse dire, c'est qu'avec ce plan de jeu, les Clubistes ont affiché un visage plutôt séduisant à Métlaoui. Clairement, ils n'ont jamais ménagé leurs efforts, même s'ils ont souffert pour tenir un résultat. Maintenant, si la saison est encore longue, la magie du derby est telle qu'elle permet à terme de se remettre en selle ou de sombrer. Rebondir ou s'enliser, c'est souvent radical pour les uns et les autres. Pour le CA, nul doute que ce choc intervient dans un contexte particulier. Autant pour se rassurer que pour s'oxygéner au classement, le CA devra s'imposer. Mission difficile mais le CA devra se surpasser. A Métlaoui, les Clubistes ont réalisé une performance sérieuse mais mal récompensée. La pilule a été difficile à avaler, parité oblige, mais le CA n'a pas démérité dans l'ensemble. Cependant, qu'est-ce qui n'a pas marché pour glaner les trois points ? Pas grand-chose. Ou un petit peu par-ci, par-là, faites votre choix ! L'impression de ne pas être dominateur et conquérant. Des changements mieux négociés (même si l'entrée de Khefifi a été payante), une meilleur occupation du terrain et des joueurs impliqués davantage. Le CA devra prendre le taureau par les cornes et garder la main 90' durant. Lors d'un derby, l'entame du match est souvent payante. Le CA ne doit surtout pas trembler, rester concentré et appliqué. La négociation des duels, les appels et contre-appels. Le marquage de zone, la lecture du jeu. Aucune défaillance ne doit transpirer face au leader de la compétition. Il serait certainement présomptueux, voire complètement mensonger d'affirmer que la rencontre s'annonce équilibrée. Le CA le sait et l'EST le sait davantage. Sauf qu'un derby n'est jamais joué d'avance. Plus d'une fois, l'outsider s'est imposé alors que le favori a mordu la poussière. Des opportunités, il y en aura forcément pour le CA. Aux Khelifa, Darragi and co de ne pas laisser passer l'aubaine au moment opportun. Oui, lors d'un choc entre deux pachydermes, il faut exploiter ses moments forts et ne pas se limiter à aligner des occasions rondement menées. Quant aux frayeurs, il y en aura forcément. Aux Clubistes de ne pas douter à la première alerte «sang et or». Enfin, lors d'un derby, il faut aussi s'armer d'humilité, de sérénité et de confiance. Sans convictions, inutile d'engager les débats! Les offrandes et les actions anodines, il y en aura de part et d'autre. Au CA de minimiser le «facteur risque» et de compter sur ce «facteur x», le joueur en forme du moment. Vivacité et vélocité ! Plus d'une fois face à ce même adversaire, le CA a tout fait pour se compliquer la tâche. Un jeu trop direct à la «kick & rush» britannique devant des défenseurs adverses longilignes. Une défense plate et un jeu figé quelque peu anticipé par les «Sang et Or». Tout cela, il va falloir ne plus s'en accommoder et proposer autre chose. Surprendre l'EST, saper sa manœuvre, guetter ses sorties de balle, museler ses joueurs de base et maîtriser son entrejeu. Le CA n'a pas droit à l'erreur car la moindre distraction sera payée cash. Volet orientation du jeu maintenant, le CA ne doit plus manquer de liant et se limiter à jouer dans l'axe. Les latéraux doivent s'atteler à prendre leur couloir afin de favoriser les incursions des attaquants. Quant à Oussama Darragi, le régisseur du CA, il a singulièrement manqué de rythme lors des grands chocs de la saison. Parfois emprunté, il gagnerait à muscler son jeu et à allier vivacité et vélocité. Dans une approche tactique en 4-4-2, peut-être que Darragi trouvera enfin le bon tempo, la bonne ouverture, la bonne association. Oui, en football, parfois, le système doit s'adapter à la qualité des joueurs mis à disposition. Oussama Darragi a les qualités pour créer des décalages et forcer les verrous quand il est inspiré et bien en jambes. A l'heure où le club de Bab Jedid a du mal à marquer, avec un Khelifa inspiré et un Darragi à la hauteur de son talent, le CA pourrait rapidement retrouver sa verve et son brio.