Quand on apprend de ses revers, on finit par gagner. Aucune autre affiche que ce derby «nucléaire» en finale de la Coupe de Tunisie n'aurait pu prétendre à un plus grand retentissement avec, en point d'orgue derrière, le défi collectif et la confrontation suprême dans le contexte le plus exposé de la rivalité historique entre les deux clubs. Ce choc qui n'a pas d'équivalent en termes d'intensité dans nos contrées a souri à l'EST durant les cinq dernières confrontations entre les «frères ennemis». Lors des joutes de 1980, 1986, 1989, 1999 et 2006, l'Espérance a fini par s'imposer en finale, forçant son destin même grâce à la loterie des tirs au but. C'est dire l'importance de ce rendez-vous pour le CA. Histoire de mettre fin à la suprématie «Sang et Or». Samedi prochain, les Clubistes entendent stopper cette spirale négative face à l'EST en Coupe de Tunisie. Ils s'y sont attelés juste après avoir composté leur ticket pour la finale via une mobilisation suivie d'une mise au vert jusqu'au jour de l'apothéose. Pour revenir à la démarche clubiste face à l'ASM, il y a eu des hauts et des bas. Des inquiétudes quant aux mouvements collectifs d'ensemble, imputables à certains choix de joueurs. Des satisfactions d'ordre physique avec un CA qui a fait prévaloir sa fraîcheur au bout d'une heure de jeu face à un adversaire lessivé et épuisé à partir de là. Tout le contraire de son entame de match sur les chapeaux de roues. Question de dosage des efforts et d'endurance de groupe. Côté CA, le travail d'Anis Châalali, préparateur physique, commence déjà à porter ses fruits. D'ailleurs, n'eût été un certain ratage lors du temps additionnel, un CA monopolisateur du ballon aurait pu doubler la mise par Jacques Bessan, Bassam Srarfi et Kader Oueslati. Une finale est une affaire de mental Quant au volet technique et stratégique, il y a eu du bon et du moins bon. L'on note à titre d'exemple, que malgré les apparences, ce CA-là est décidément dépendant de la créativité de ses attaquants. Quand Khelifa, Seif Jaziri et Meniaoui ne sont pas inspirés, en berne, ça grince devant. A la manœuvre et au quadrillage, en dépit de la présence de Chenihi, Ben Yahia et tantôt Srarfi, le CA n'a plus de maîtrise au milieu. Seul Khlil à l'entrejeu semble égal à lui-même depuis quelque temps. Que ce soit à la récupération ou à la transmission, aux changements de rythme ou aux accélérations, il apporte sa générosité à la construction et la régulation du jeu. Bref, considéré comme un bon joueur, une valeur sûre, il fait un peu de tout. Très impliqué au cœur du jeu, il colmate les brèches et porte le danger devant. Que demander de plus? Globalement, face à l'EST, le CA va devoir s'adapter aussi bien à cette nouvelle donne qu'à sa pénurie de buteurs et de créateurs. Kais Yâakoubi a certainement tiré les enseignements qu'il fallait. Mais de toute évidence, il doit aussi changer son fusil d'épaule dans bien des secteurs. Tout d'abord, au milieu où la seule entrée de Oueslati a donné du tonus aux amorces clubistes. Ce profil de joueur est indispensable à la bonne cohésion et cohérence du jeu. Le staff technique doit forcément l'admettre et ne pas trop se montrer conservateur. Le CA, dont l'entrejeu a construit tant de succès par le passé, doit s'adapter et laisser dorénavant les clés à Oueslati et autre Srarfi. Une évolution qui va dans le sens du football, toujours plus vite, plus haut et plus fort. Cela n'a rien de choquant. Mais certains joueurs sont amenés à disparaître (un temps) selon les nouveaux critères qui s'imposent. Cependant, l'on note que le staff technique a été réactif (la fin justifiant les moyens). En incorporant coup sur coup Srarfi, puis Oueslati et enfin Meniaoui, il est allé dans le sens voulu, celui de la maîtrise du ballon et de la vivacité offensive. Le jeu direct n'ayant pas été payant, il est revenu à un style qui favorise une meilleure transition et une occupation du terrain qui a acculé l'ASM à se confiner dans ses bases. Bref, bien avant l'égalisation de Ifa et tout le long du temps additionnel, nous avons été témoins d'une évolution qui va dans ce sens. Favoriser et aligner des joueurs qui montrent les crocs dans les matches à enjeu (n'est-ce pas Chenihi ?). Rester sobre et appliqué en défense (le cas du studieux Fakhreddine Jaziri). Prendre l'initiative au milieu à l'image de l'actif Kader Oueslati, et cultiver son capital confiance au fil des échéances. Une finale est une affaire de mental. C'est là où le CA doit maintenant placer le curseur en attendant la vérité du terrain.