Aujourd'hui, c'est le 17 décembre 2017. Ce n'est point une journée ordinaire pour la Tunisie et les Tunisiens, tout comme pour la région de Sidi Bouzid et ses habitants. Cette date coïncide, faut-il le rappeler, avec le 7e anniversaire du soulèvement populaire ou encore du « printemps » tunisien, dont la première étincelle était partie de ce gouvernorat du centre du pays. Pourtant, le silence est tel qu'il interpelle et intrigue Il y a sept ans, jour pour jour, médias nationaux et internationaux, politiciens et activistes associatifs, blogueurs et ordinateurs furent tam-tam d'un réveil tunisien prometteur de lendemains radieux. Quelques années après, l'euphorie d'autrefois n'était pas au rendez-vous. Elle semble avoir cédé à l'indifférence. D'ailleurs, à l'exception d'une séance de travail tenue vendredi au siège du gouvernorat de Sidi Bouzid entre une délégation ministérielle et les représentants de la société civile et des organisations nationales sur les difficultés entravant le développement, le 17 décembre n'a pas eu droit aux festivités annonciatrices d'une date-clé dans l'histoire contemporaine de la Tunisie nouvelle. De quoi ce silence est-il donc le nom ? L'exercice politique, la manière dont on gère, depuis, les affaires de la cité et le mythe du développement ne semblent plus inspirer confiance pour grand nombre de Tunisiens. Voilà ce qui explique pourquoi tout le monde ou presque se rétracte, aujourd'hui, dans sa coquille. Ce qui semble avoir mis en ébranle la charrette de la révolution tunisienne, ce n'est ni la pauvreté, ni la famine, mais plutôt l'incapacité des matelots de la barque à envoyer des signaux rassurants quant au devenir d'une nation. Près de sept années depuis l'immolation par le feu de Mohamed Bouazizi et du soulèvement populaire qui a mis fin à un régime dictatorial, le miracle tant attendu ne s'est pas produit. Aux années de braise et du changement en trompe-l'œil, s'en est ensuivie la période de vaches maigres. En témoignent des taux de pauvreté de 15%, de chômage d'un peu plus de 15% et d'inflation de près de 6%), selon l'Institut national de la statistique (INS). De Sidi Bouzid à Tunis, en passant par le reste des régions, les Tunisiens, englués dans les difficultés kafkaïennes de la vie quotidienne, endurent souffrance et inquiétude. Et le tableau serait davantage entaché si l'on y rajoute ce qui se passe sur la scène politique. Bien des Tunisiens auraient, au demeurant, compris que l'on ne pourrait plus tirer gloriole de réalisations incomplètes, si réalisations il y a.