Combatifs, concernés et plus conquérants, les hommes de Bertrand Marchand semblent avoir réuni les ingrédients nécessaires à leur redressement. Ça y est ! Après des débuts laborieux, le CA a enfin trouvé son rythme de croisière. Deux victoires face aux ténors de la compétition, l'Etoile et le CSS, ont remis le CA en selle. Certes, face au vice-champion de Tunisie en titre, tout n'aura pas été parfait chez les hommes de Bertrand Marchand, notamment dans une défense qui cherche encore ses repères. Cela étant, l'apport offensif des avants a été un peu plus perceptible. Ce classico en soi a été haché et très intense. Pourtant, il a été plaisant à voir. On retiendra que le CA n'a pas faibli face à l'armada étoilée. Un combat de tous les instants au milieu, de l'endurance et une fraîcheur qui en dit long sur le regain de vitalité clubiste. Ce faisant, c'est en sortant quelques joueurs du placard que le technicien français a posé de nouvelles bases. En football, il faut parfois tomber très bas pour trouver une identité. Ces derniers mois ont vu le CA glisser dans les profondeurs de la Ligue 1 et il n'y avait rien à garder, ou pas grand-chose. Au soir d'une humiliation face au CAB, le CA avait touché le fond. Et c'est donc avec beaucoup de pédagogie et de métier que Marchand a dû par la suite casser son puzzle, complètement, et partir sur autre chose. Reconstruire. Assembler d'autres pièces ! Il est encore trop tôt pour l'affirmer, mais le probable cru clubiste actuel serait né dans ce contexte. On attendait Darragi et Chenihi, mais ces derniers ont vu leurs cotes s'effriter après de premiers mois prometteurs. Pour Darragi, sa vista et sa qualité de passe en avaient fait un maillon important. Mais son activité dans la récupération du ballon a été déficiente. Quant à Chenihi, cela faisait un bon moment qu'il était en berne, bien avant sa blessure. maintenant, on attend Khefifi et Chamakhi, deux trublions qui peuvent faire une entrée fracassante dans le paysage. Bref, le CA est en quête d'un second souffle. Et, les prémices sont de toute évidence encourageantes. Avec aussi Zemzmi et Aounallah, deux attaquants loués pour leur justesse et leur vivacité, le CA peut envisager l'étape à venir avec confiance et sérénité. Cela dit, c'est aussi en s'appuyant sur d'autres vertus que le CA a commencé à se reconstruire. Telle la devise du grand club phocéen (Droit au But) qui a forcément quelque chose d'un idéal. C'est autant un appel au spectacle qu'au don de soi, deux traits qui ne peuvent pas toujours se marier si l'on n'a pas les atouts qu'il faut. Et si Bertrand Marchand a écrit quelques belles pages en misant sur un football pétillant en 2005, à son arrivée au Parc A, là, il n'a pas encore les mêmes outils pour reproduire le même schéma. Ne pas aller plus vite que la musique ! Sur ce, on n'ira pas jusqu'à dire qu'il devra renier ses idées. Mais il s'y attellera sans brûler les étapes. Ne pas aller plus vite que la musique mais garder son ambition. Progresser sans s'enflammer. L'entraîneur sait que dans l'environnement clubiste, seule la victoire rassemble. En 2006, lors de son intronisation, il avait annoncé la couleur d'entrée: «j'aime le football qui gagne», avait-il lancé. Et avec le temps, l'on note que cette affirmation n'était pas inopinée. Sauf que l'histoire n'est pas toujours un éternel recommencement. Là, avec ce groupe de joueurs, il devra soigner l'explosivité des uns et gommer la maladresse des autres. Il devra aussi faire émerger de nouveaux lieutenants car les Khelifa, Ben Yahia, Dhaouadi et autre Bilel Ifa sont quelque peu à bout de souffle. Rectifier un milieu trop exposé dans le cœur du jeu quand les sentinelles n'ont pas le ballon. Apprendre à souffrir aussi. Le classico face à l'ESS nous en a déjà donné un aperçu, mettant en lumière cette nouvelle façon de faire. Dans le rôle de la tête d'affiche, le capitaine Saber Khelifa doit en montrer un peu plus que les autres. Au coach de soigner son approche (psychologique) et personnifier sa méthode en ce sens. Avec ce nouveau puzzle en construction, le CA avance et peut penser à la suite. L'esthétique viendra plus tard. Sur ce, le dernier succès face aux Etoilés va souder le groupe. Il va aussi permettre aux joueurs de prendre conscience en leurs moyens. Le CA avait besoin de valider par des victoires son projet de jeu en construction. Une esquisse, une ébauche faite de possession de balle et de phases de jeu rapides. Un style qui commence à se faire remarquer. C'est peut-être là que se situe la différence avec l'approche du Lombard Marco Simone. Maintenant, les Clubistes essaient de prendre les choses en main et ne plus se limiter à subir. Cependant, si les résultats commencent à leur sourire, les Clubistes doivent continuer dans cette voie-là pour progresser encore, tout en impliquant un maximum de joueurs. C'est important que tout le monde apporte sa pierre à l'édifice. Mieux organisés, plus conquérants et tous concernés par l'avenir du club, les joueurs semblent enfin avoir donné au CA sa marque de fabrique comme noté depuis un bon moment. Et en attendant la trêve hivernale et de nécessaires arrivées pour renforcer l'effectif, Marchand peut s'appuyer sur des fondations de plus en plus solides. Identité de jeu On a toujours parlé d'identité au CA, notamment avec l'engagement des supporters, mais aussi sur le terrain où l'on demande aux joueurs un tempérament de guerriers. En revanche, l'identité de jeu à proprement parler n'a jamais vraiment été une particularité clubiste, dans le sens où chaque entraîneur a su, ou non, imprimer la sienne sans se soucier de savoir si elle répondait à un cahier des charges local ! De Sanchez à Yaâcoubi en passant par Ellili, Krol, Simone et Kolsi, les uns prônaient un jeu offensif mais pas toujours flamboyant, les autres privilégiaient une stratégie de marquage, de temps à autre un respect strict de la zone, de la rigueur défensive et de l'agressivité. Mais le plus important, sans s'attarder sur certains intermèdes, est de trouver un style adapté, mais pas après de longs mois de tâtonnements ! Maintenant, si l'on revient vers Marchand, force est de constater qu'il fait partie de ce cercle de techniciens à qui l'on attribue une véritable patte. Certes, son schéma n'est pas immuable (question de profil des joueurs et de l'adversaire). Mais ça pourrait être suffisant pour parler enfin d'une véritable identité de jeu. C'est une question de temps. Et en attendant d'apprécier une vraie solidité, une efficacité offensive certaine et entrevoir enfin les qualités des joueurs dans des rôles qu'ils maîtrisent. Le CA joue son renouveau au mental. Ce qui n'est déjà pas trop mal pour un groupe qui revient de loin...