Il a joué dans plusieurs clubs: du SN, son club de toujours, à l'ESRadès, son club actuel, en passant par l'ESS, le CA et des clubs égyptiens tel Al Ahly,sans oublier sa longue expérience en sélection de 2003 à 2015. Amine Rezig, qui a encore envie de jouer au basket de haut niveau, revient sur la déception de son équipe, l'ESRadès, dans le dernier championnat d'Afrique organisé mais gagné par l'Assalé. Il explique les raisons de cette déception et de cette inattendue défaite en finale alors que le match était acquis. Pour lui, c'est une étrange baisse de régime et d'intensité en seconde mi-temps, et un rêve qui s'est vite évaporé. Comme il le dit, plus le temps de verser dans l'émoi et la consternation, mais à défendre le doublé championnat et coupe, et repartir de belle manière. Le potentiel et la qualité de l'effectif font qu'il mérite mieux et plus. Il rebondit également sur son rêve de devenir un jour un brillant entraîneur. Entretien. Cette défaite en finale et avec la manière et le scénario qu'on a vus ont suscité beaucoup de déception et de consternation auprès de votre public... Je vous dis sincèrement que je n'en reviens pas encore. C'était très dur à vivre cette défaite in extremis en finale d'autant que nous étions meilleurs pendant les trois quarts du match, avant de s'effondrer vers la fin. C'est le basket, c'est la loi du sport, il faut accepter. On était confiant au départ vu la supériorité de notre effectif et au fur et à mesure que l'on avançait dans le tournoi, je sentais que le titre était accessible. Même si on a gagné assez difficilement devant GSP et puis l'USM en demi-finale, nous étions confiants en la victoire finale. Malheureusement, ce n'était pas acquis. Après avoir mené avec 15 points d'écart à 3' du troisième quart-temps, l'ASSalé fait un hold-up sur le match. Mais qu'est-ce qui s'est passé ? Oui, c'était très dur à vivre et à gérer surtout vers la fin. Et contrairement aux demi et quarts de finale, nous avions cette fois-ci fait un excellent départ et acculé les Marocains. Tout a bien fonctionné : défense, engagement et adresse en attaque. Le match, vous le savez, se joue généralement au 3e quart-temps, et là et malgré un avantage important, je sentais que l'équipe a mal entamé la seconde mi-temps. Cet écart de 15 points ne veut rien dire quand vous baissez d'intensité et d'engagement, quand vous tombez dans la facilité. Nous étions moins agressifs, moins engagés, moins lucides en défense, quelque chose a changé dans notre comportement. L'ASSalé a pris beaucoup de confiance, ils étaient plus fermes sur les duels. Et dommage aussi que nous n'ayons pas joué collectif, que nous ayons essayé de débloquer la situation par des tentatives individuelles avec une énorme pression. Le résultat était une perte de rythme et des fondamentaux de notre basket. Les stats de cette finale montrent que votre adresse sur les tirs à trois points, votre atout majeur, était moyenne. C'était la pression, la méforme ou autre chose ? A l'ESRadès, nous avons l'atout de disposer de 6 tireurs à trois points qui permutent, qui bougent beaucoup, qui optent pour les mouvements pour libérer un axe de tir. C'est un des atouts qui nous ont aidés à nous qualifier en finale. Mais bon, quand nous avons baissé de régime, quand nous avons joué lentement, et fait circuler également la balle très lentement, l'adversaire a réussi à contrer les positions de tirs à trois points et à pousser nos pointeurs à tirer en position forcée. Ça n'a pas marché comme il faut, et cet atout ne nous a pas été salvateur. Nous étions statiques vers la fin. Y a-t-il trop de pression sur vous pour gagner étant donné les moyens mis, ou est-ce que vous avez pris les choses à la légère quand l'écart était en votre faveur ? Je dirais non pour les deux. Si la pression avait été fatale, on n'aurait pas bien commencé la finale et mieux joué que l'adversaire. Le problème commençait en deuxième mi temps. C'est vrai que l'on nous dit toujours que nous avons une «dream team», que nous devons gagner et convaincre en même temps, et c'est assez délicat à vivre. Pour la seconde hypothèse, je ne pense pas que des joueurs de cette envergure qui ont joué beaucoup de finales vont tomber dans la distraction. Nous n'avons pas sous-estimé l'ASSalé, mais il y a eu un fléchissement, un manque de consistance dans le jeu et un blocage qui a trop duré. Y a-t-il des regrets à votre niveau ? Le regret de ne pas réussir à protéger notre avance et à tuer le match au quatrième quart-temps. On a fait le difficile, et on a raté le plus facile celui de conserver cet écart et empêcher le retour de l'adversaire. En somme, l'ESR, compte tenu de son potentiel, méritait mieux. C'est notre plus grand regret. On a beaucoup critiqué l'arbitrage dans ce tournoi. Vous étiez lésés ? J'ai joué beaucoup de matches de haut niveau, j'en ai gagnés, j'en ai perdus, et je n'ai pas l'habitude d'imputer la défaite à l'arbitrage. Je ne pense pas que nous avons raté le titre à cause de l'arbitrage, mais en même temps et d'après les matches que j'ai joués ou que j'ai pu suivre dans ce championnat d'Afrique, je peux dire que les arbitres étaient au meilleur des cas moyens pour ne pas dire autre chose. Je ne sais pas si c'est prémédité ou non, mais sur quelques matches, des fautes grossières et nettes ont été ignorées. Mais bon, j'espère que le niveau des arbitres sera meilleur à l'avenir. Le fait de jouer à la vaste salle olympique de Radès qui peut contenir plus de 120.000 spectateurs ne vous a-t-il pas privé de l'avantage du public par rapport à votre ancienne salle ? En quelque sorte, oui. La salle de Bir Tarraz est plus petite mais l'effet du public et la chaleur se sentent plus que dans la salle olympique. Vous savez que si 6.000 spectateurs viennent, un chiffre important, ça ne fait pas l'effet d'une salle archicomble. Toutefois, jouer dans une salle aussi luxueuse et confortable que la salle olympique est aussi quelque chose de motivant dans un autre sens pour n'importe quel joueur. Votre jugement sur le tournoi ? Cela était un bon tournoi au niveau technique. Les quatre qualifiés en demi-finales se valaient plus ou moins avec des styles de jeu qui se distinguaient. Il y a eu beaucoup de bons pointeurs, de l'adresse, des approches défensives de qualité. Le paysage du basket africain a changé : les Angolais sont en régression alors que les Marocains et les Tunisiens confirment leur ascendant. Comment voyez-vous l'avenir immédiat de l'ESR en championnat après cet échec continental ? Je crois que l'équipe est assez solide pour se remettre sur pied et confirmer son potentiel. On n'a pas le temps de verser dans le sensationnel et vivre la déprime. On s'est parlé entre joueurs, on s'est dit que c'est le basket et que l'on doit jouer à fond pour préserver notre doublé acquis la saison dernière. On aura deux adversaires de taille : l'USM qui a joué un grand championnat d'Afrique, et l'ESS qui compte sur des joueurs expérimentés. Votre avis sur la marche de la sélection. Je crois que nous sommes sur la bonne voie. Après avoir gagné le titre continental, nous avons gagné la première journée des éliminatoires et l'équipe est devant un cycle prometteur. Elle est entre de bonnes mains. Et vous personnellement quel est votre rêve après la retraite ? Devenir entraîneur. C'est un métier que j'aime beaucoup. Je me suis entraîné avec plusieurs coaches de qualité, j'ai participé à plusieurs stages de recyclage, j'ai obtenu le troisième degré, et j'espère avoir de la chance dans ce métier à l'avenir. Pour le moment, j'aime encore jouer au basket, et je veux encore gagner des titres.